Violences au Lycée technique: «J’ai passé la journée la plus sombre de ma vie» (Marie Claire Assoumou)

Les évènements marquants la fermeture du lycée technique et du CES d’Owendo ont été d’une violence, que certains en sont sortis traumatisés. C’est le cas de l’inspecteur pédagogique, Marie Claire Assoumou, qui en sort «attristée, fatiguée, traumatisée».

«J’ai passé la journée la plus sombre de ma vie», c’est en ces termes que madame Marie Claire Assoumou, inspecteur pédagogique s’est exprimée dans un message publié sur les réseaux sociaux. C’est le cœur meurtri que cette mère de famille raconte les faits. Selon elle, cette journée ressemblait à une scène de guerre. «J’ai été témoin oculaire de l’affrontement entre les élèves à Owendo. En mission au CES d’Owendo j’ai vécu la scène d’une rare violence. Les élèves du technique ont surgi dans l’enceinte du CES. Il a été encerclé et les élèves ont commencé à nous agresser en lançant des projectiles. Armés de machettes, je n’ai jamais vu ça, ils sont venus au front comme à la guerre», raconte-t-elle. 

Les plus jeunes ne savaient plus à quel saint se vouer. Ils pleuraient, se demandaient ce qui leur arrivait. Une journée qui restera à jamais marquée par cette violence jamais vécue auparavant. 

«Les élèves du CES, plus jeunes étaient sans défense. Nous avons vu les élèves tomber de partout, notamment les filles essoufflées qui voulaient fuir, certaines en détresse respiratoire. Il y avait des blessés, c‘était horrible à voir, nous n’avions pas de sécurité car les quelques-uns des agents ont fui et on ne savait plus à quel saint se vouer. Le principal et moi, avions appelé pour avoir de l’aide des forces de l’ordre, personne n’est arrivé. Pendant plus d’une heure, nous étions abandonnés à nous-mêmes. La Police Judiciaire est arrivée, elle a dispersé le lycée technique, peu de temps après ils sont revenus. C’était plus fort, ils ont arraché le portail du CES, ma voiture était garée près du portail, je ne sais pas qu’elle force j’ai eu pour sortir ma voiture et aller la garer plus loin de l’établissement. Ces enfants étaient comme possédés, ils étaient furieux et dotés d’une force. Je n’ai jamais vu ça. Après avoir poussé le portail, c’était sauve qui peut. Les élèves pleuraient, ces enfants me serraient, me demandaient maman est-ce qu’on va mourir aujourd’hui?» 

Seules contre cette jeunesse déchainée, les femmes se sont mises au front pour défendre ces enfants quasi abandonnés à eux-mêmes. «Nous étions seules, les enseignants ont fui. Les femmes, les mamans ont toujours été aux premières loges. Ce sont les enseignantes femmes et censeurs femmes qui sont venus en aide aux enfants. En tant que mamans nous nous sommes mises à genoux en suppliant les élèves du lycée technique. Ce sont ces mêmes femmes qui ont ramassé les enfants blessés et leurs apporter les premiers secours», explique toujours madame Marie Claire Assoumou. 

Convaincue du danger dans lequel elles se trouvent, elles n’avaient que leur courage pour sauver ces enfants en détresse. Blessés, ces derniers ne pouvaient pas être pris en charge faute d’infirmerie dans le CES. «Il n’y a pas d’infirmerie dans cet établissement. Le sang coulait, on ne pouvait rien faire. Les femmes étaient là, elles sont toujours là, elles ont une force énorme. C’est au bout de 2h que les éléments des unités spéciales d’Owendo sont arrivés dans l’enceinte de l’établissement que j’ai pu sortir en amenant rapidement les élèves en détresse à l’hôpital. Ça m’a fait peur, j’ai été choquée, traumatisée car c’était horrible. Ils ont dénudé les élèves, arraché leurs effets personnels. C’était le chao total. C’était une scène de guerre et j’en suis sortie traumatisée. Nous avons besoin de nous concentrer sur les problèmes profonds. J’exhorte la nation à persévérer dans la prière», a-t-elle conclu. 

Marielle Ilambouandzi