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Libre-propos : «Zone de turbulences : le G5 Sahel sans le Mali, des lendemains incertains ?»

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Tall Madina, Analyste politique et géostratège, chercheuse sur les questions de terrorisme au Sahel et dans le Golfe de Guinée.

Paralysé politiquement, désorganisé militairement et brisé territorialement, le G5 Sahel est en état de mort cérébrale, étant aujourd’hui amputé d’un de ses membres fondateurs.  Nombreux sont ceux qui ont cru en la coopération inter – gouvernementale entre les 5 pays du Sahel et son 6e, la France, pierre angulaire de son internationalisation. Cependant, l’implosion du G5 Sahel n’était – elle pas prévisible au regard des nouveaux objectifs souverainistes du Mali, de la rupture du couple franco-malien et de la «Guerre froide» entre la Russie et la France autour des intérêts dans le Sahel ?

En effet, le nouveau dessein politique et souverainiste du Mali aura précipité le renouvellement des alliances politiques et internationales au sein même du G5 Sahel.  Alors même que la Russie est sous le charme de la coopération politico-militaire qui se consolide un peu plus avec le Mali, le positionnement géopolitique de ce dernier ne répond plus aux ambitions et ne protège plus les intérêts inavoués des états occidentaux.

De ce fait, les suspicions «d’instrumentalisation du G5 Sahel» par des états tiers se confirment d’une part, par l’iniquité juridico-politique de certains états occidentaux et africains pendant les transitions militaires au Tchad et au Mali.  Et d’autre part, par l’opposition marquée de certains pays du G5 Sahel de voir le Mali présider l’organisation pour des motifs similaires vécus pourtant par le Tchad et le Mali.   Aussi, nous plaît-il de rappeler qu’aucun article dans la convention portant création du G5 Sahel ne prévoit le retrait d’un état membre encore moins des motifs anti-démocratiques justifiant la privation de la présidence tournante du G5 Sahel à un état membre.  Cela atteste de l’imprécision et de la faiblesse juridique du texte de création du G5 Sahel.

Par conséquent, le retrait du Mali, s’il paraît pour certains, prétentieux et irresponsable par rapport aux défis sécuritaires du pays et du Sahel, il converge avec son plan de pleine souveraineté politique et sécuritaire, d’autonomie stratégique ainsi que de développement multilatéral gagnant – gagnant depuis le double coup d’État militaire.

Qu’en est-il des conséquences militaires pour le Mali et le Sahel ?

La montée en puissance des FAMA avec des résultats probants sur le terrain, l’approvisionnement logistique de l’armée malienne en armement moderne et la reconfiguration de la stratégie de lutte contre le terrorisme sous commandement malien s’inscrivent dans une volonté d’autonomie dans la défense du territoire malien et des populations. Ainsi, le bilan des réussites opérationnelles et militaires maliennes contrairement à celui de la force conjointe du G5 Sahel, dont l’insuffisante opérationnalité témoigne de ses maigres succès pousse à croire que les pays du futur « G4 » seront dans la tourmente d’un vide opérationnel et militaire et sous le fouet d’une stratégie peut – être disparate sans le Mali.  Toutefois, le Mali se présentant dorénavant comme un acteur unique dans la sécurité et la défense de son territoire, indépendamment des accords bilatéraux avec les autres pays du G5 Sahel, doit trouver l’équilibre nécessaire dans la coopération régionale avec les pays qui partagent des menaces communes avec lui.

Par : Tall Madina, Analyste politique et géostratège, chercheuse sur les questions de terrorisme au Sahel et dans le Golfe de Guinée. Éditorialiste politique et Présidente du Mouvement « Nouvel Afrique – Nouvelle Génération  » 

Valerie EZEME MBO

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