Bénin : La victoire de Patrice Talon toujours attendue 

Alors que les grandes figures de l’opposition sont en retrait, en exil ou en prison, le chef de l’Etat sortant, Patrice Talon, est quasiment assuré d’être reconduit dès le premier tour deux jours après la tenue de la présidentielle au Bénin. Sa victoire est donc attendue sans suspens.

Près de 5,5 millions d’électeurs ont voté dimanche au Bénin pour élire leur nouveau président. Trois candidats étaient en lice dont le président sortant Patrice Talon, qui, lors de sa campagne électorale a promis un «coup K.O» dès le premier tour de ce scrutin. Ce qui signifie qu’il est sûr de remporter cette élection dès le premier tour. Une élection présidentielle qui intervient après une campagne électorale marquée par des violences dans le centre et le nord du pays.  

Le président sortant Patrice Talon se présente à un deuxième mandat, contre une opposition quasi inexistante. Ses deux adversaires, les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué sont peu connus du grand public. La plupart des opposants sont en exil, condamnés par la justice ou empêchés de se présenter par une réforme du code électoral.

Longtemps salué pour sa vitalité démocratique, le Bénin a vécu une campagne sans éclat ni ferveur dans le Sud. A contrario dans le Nord, de graves violences ont éclaté. « La particularité de cette élection est qu'elle se déroule dans une atmosphère de tension et de violence« , a indiqué à ‘’Africanews’’ la plateforme électorale des organisations de la société civile béninoise.

La semaine dernière, les habitants de plusieurs villes du centre et du nord du pays, fiefs de l'opposition, ont bloqué des centaines de voitures et transporteurs en érigeant des barrages. Jeudi l'armée a démantelé les barrages. Obligeant l’armée à les démanteler et à libérer la voie, en faisant de tirs à balles réelles. A la suite de cette intervention, deux civils sont morts et cinq autres ont été blessés. 

« Des militaires qui tirent sur nos enfants, on dirait que nous sommes dans un film. Si le président a des problèmes avec ses opposants qu'il épargne le pauvre peuple« , déplore Philomène M'Betti Tepa, une habitante de Boukoumbe, une ville du Nord-Ouest à ‘’Africanews’’. Vendredi de la semaine écoulée, les représentants au Bénin de l'Union européenne, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis ont appelé, dans un communiqué commun, « à l'arrêt des violences » souhaitant une « élection libre, apaisée et transparente« .

Lors de ce scrutin, les Béninois ont également voté pour élire pour la première fois un vice-président. Patrice Talon est le seul à avoir choisi pour candidat à ce poste une femme, Mariam Talata, une professeure de philosophie âgée de 57 ans aussi charismatique que féministe. Outre l'absence d'une opposition forte, le président peut compter sur un bilan économique positif. En effet, la production de coton, une des principales ressources du pays, a fortement augmenté. La corruption qui alimentait ce secteur a considérablement été freinée, et de nombreuses routes construites et le pays a réussi à maintenir une croissance économique en 2020 en dépit du coronavirus.

Malgré cette embellie, 38% de la population vit encore sous le seuil de la pauvreté. Le chômage des jeunes atteint des proportions inquiétantes. Pour son prochain quinquennat, le président Talon promet, « le développement ça y est« , comme il l'a martelé tout au long de sa campagne, et lors de son dernier meeting dans le Sud. 

Le dépouillement des 15 531 bureaux de vote repartis sur l’ensemble du pays a commencé dès leur fermeture.

VEM (Source : Africanews)