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Interview : «L’ouverture des consulats de trois pays africains à Dakhla au Maroc est la matérialisation de l’excellence des relations diplomatiques qui les unissent au Maroc» (Dr Jean DeLors Biyogue)

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C’est ce qui ressort de l’interview du Dr Jean DeLors Biyogue, Politologue, Enseignant-Chercheur à l'Université Omar Bongo, accordée à l’Agence gabonaise de presse (AGP), après les ouvertures successives vendredi dernier des consulats de trois pays africains à Dakhla au Maroc.

Agence Gabonaise de Presse : Le Burkina Faso, la Guinée-Equatoriale et la Guinée Bissau ont inauguré, il y a quelques jours, leurs consulats généraux à Dakhla au Sahara marocain. Que vous inspire cette actualité comme réaction en votre qualité de spécialiste des questions géostratégiques et de résolution des conflits?

Dr Jean DeLors Biyogue : «Ce qui s’est passé au Sahara marocain, avec cette nouvelle vague d’ouvertures de consulats généraux dans la région est très significatif, en ce sens qu’elle met en lumière la solidarité des Etats africains à l’égard du Royaume du Maroc, face à une situation qu’ils ont longtemps qualifié d’injuste vis-à-vis d’un pays frère. Ceci est donc la matérialisation de l’excellence des relations diplomatiques qui les unissent au Maroc. Cependant, le choix opéré par ces Etats d’ouvrir des postes consulaires dans la région du Sahara marocain est loin d’être émotionnel; il se fonde sur un certain nombre d’évidences dont notamment, la vérité historique de la marocanité du territoire, l’attachement du Royaume du Maroc à la solution politique préconisée par l’ONU et qui s’est matérialisée par la proposition, par le Royaume Chérifien, d’une Initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara. Un document dont la pertinence  a été très largement saluée et qualifiée de sérieuse et de crédible.

C’est également un message fort à l’endroit de l’Union Africaine et de la communauté internationale, car la présence de 13 Représentations consulaires dans les provinces  Sud-marocaines (Lâayoune et Dakhla) témoigne et confirme incontestablement de la marocanité du Sahara. Il semble désormais, plus que jamais nécessaire, pour l’Union africaine surtout, de reconsidérer sa position sur la question pour être en phase, elle-même, avec son principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation et avec la légalité internationale plus largement». 

Qu’est-ce qui, selon vous, crédibilise aujourd’hui la position marocaine dans ce conflit ?

«Hormis les arguments historiques,  juridiques, culturels et géographiques évoqués par de nombreux spécialistes justifiant la marocanité du Sahara, il y a au quotidien des faits qui sont observés. Pour moi, les revendications du Maroc sont celles d’un pays qui réclame ni plus ni moins ses droits, voilà pourquoi il a toujours coopéré avec sincérité avec l’ONU et cherche des solutions politiques durables, ainsi qu’en témoigne l’Initiative précédemment évoquée. Les prétentions du Front  séparatiste du Polisario semblent être fondées sur une logique d’extension de la puissance d’un pays voisin : l’Algérie, dont le soutien au Polisario semble avoir dépassé les limites de la subversion en territoire marocain. Ces actes subversifs seraient aggravés par l’exploitation de la misère humaine par l’Algérie dans le camp de Lahmada, mise en lumière par de nombreux rapports d’ONGs indépendantes et crédibles. La guerre des communiqués contradictoires entre l’Algérie et son protégé, le Polisario sur l’ampleur de la Covid-19 dans les camps de Tindouf, n’a pas manqué d’émouvoir l’opinion publique et les défenseurs des droits humains. Dans le même ordre d’idées, l’Algérie a été accusée par le HCR, dans son rapport intitulé «Personne ne se soucie de ta vie ou de ta mort en route» de se livrer à d’extrêmes violations à l’encontre des migrants et des réfugiés. Pour revenir au Front Polisario qui, sans le soutien de l’Algérie, ne serait pas aussi actif qu’il l’est aujourd’hui, il est de notoriété publique qu’il viole en permanence les droits humains dans les camps de réfugiés de Tindouf, tout comme il est accusé par l’ONU d’y violer les droits humains ainsi que certains principes des Accords militaires.  Il en est de même des détournements de l’aide humanitaire massive de l’Union européenne (près de 10.000.000 d’euros annuel), du développement d’une politique démographique axée sur l’augmentation des cadences de procréation pour solliciter plus d’aides. Tous ces faits ont remis en cause la sincérité de ce mouvement crée de toutes pièces dans un contexte historique particulier, pour servir les ambitions hégémoniques de l’Algérie en Afrique du Nord»

A votre avis, plus de pays, africains particulièrement, devraient-ils emboiter le pas? 

«Je pense que c’est la voie de la logique, non seulement pour sortir du blocage du dossier depuis plus de 40 ans, mais aussi et surtout pour faire bouger les choses au niveau de l’Union africaine, dont la position est appelée à évoluer pour se conformer à la légalité internationale. Rappelons que la pseudo république sahraouie, au regard du droit international, ne possède aucun attribut de souveraineté et que son admission au sein de l’OUA, ancêtre de l’UA était une aberration et une entorse aux principes élémentaires du droit international. A mon avis, l’évolution de la position de l’UA peut constituer un début pour le règlement de la question du Sahara marocain.  Concernant votre question, je suis certain qu’au regard des excellentes relations diplomatiques que le Maroc entretient avec plusieurs pays et de la qualité de sa diplomatie, à mon avis,  plusieurs pays vont emboiter le pas des treize premiers. D’ailleurs, les Emirats Arabes Unies ont annoncé l’ouverture d’une représentation consulaire à Laayoune qui sera inauguré le 4 novembre prochain, à la veille de la célébration, par le peuple marocain, du 45ème anniversaire de la Marche Verte, qui a permis au Royaume du Maroc de récupérer ses provinces du Sud qui étaient sous l’occupation espagnole.

Permettez-moi enfin de compléter mon propos pour affirmer que la dernière résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU (numéro 2548 du 30 octobre dernier) conforte la position marocaine qui s’appuie sur la légalité internationale, la volonté de la population, la réalité sur le terrain, la poursuite de la dynamique de développement et les reconnaissances de plus en plus accrues de la communauté internationale, comme en témoigne la multiplication des ouvertures des consulats. Nous sommes  donc devant un développement positif et irréversible pour un règlement de ce différend territorial artificiel sur la base du pragmatisme et du réalisme et en conformité totale avec la légalité internationale».

Propos recueillis par FE

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