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Concert des casseroles : Flou et interrogations autour de l’arrestation de certaines figures

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Près de deux semaines après l’interpellation de Gaël Koumba Ayouné, plus connu sous le nom de général des Mapanes, ses proches continuent de s’interroger sur les raisons réelles de cette arrestation au lendemain des violences survenues dans le cadre du « concert des casseroles ».

L’alerte avait été donnée le 21 février par ses proches sur les réseaux sociaux. Gaël Koumba Ayouné venait d’être interpellé. Mais par qui s’interrogeaient-ils ? La méthode digne des films des services secrets et d’espions avait inquiété parents et amis qui ont fini par retrouver sa trace à la Direction générale des Contre-ingérences et de la sécurité militaire, le très célèbre B2.

Les agents de ce service militaire qui ont les prérogatives d’officiers de police judiciaire ont ouvert une enquête pour essayer d’établir le lien  entre la révolte des casseroles et ce jeune autoproclamé général des mapanes (les quartiers sous-intégrés). D’ailleurs, en début de semaine, le général des mapanes a été présenté devant le procureur de la République avec le nommé Hofman, de son vrai nom Hoffer Edou Mvé, Rappeur et promoteur de la marque Mapane Lifestyle, lui aussi interpellé pour nécessité d’enquête dans cette affaire qui a visiblement mis en mal le gouvernement. Le Procureur de la République, André Patrick Roponat a renvoyé les deux figures des mapanes au B2 car le dossier était incomplet, indique une source proche du dossier.

Selon plusieurs sources concordantes, les agents du B2 voudraient inculper Gaël Koumba Ayouné pour trouble à l’ordre public et incitation à la violence en lien  avec le concert des casseroles dont les débordements dans les PK ont fait deux morts tués par balles. Toutefois, 12 jours après cette interpellation rien de flagrant et de probant ne semble avoir été établi entre « le général » et ces débordements.

Pour un de ses proches, Méthod Ntoutoume Obame animateur à la radio Mapane FM, la radio dont Gaël Koumba Ayouné est le promoteur, « il n’a jamais cessé d’interpeller le gouvernement sur les risques de débordements face aux mesures anti-covid 19 jugées trop drastiques par les populations. »  

 « Vous savez, les populations n’ont pas cessé, depuis bientôt un an, de lancer des cris d’alerte pour dire au gouvernement que les mesures devraient être arrimées aux réalités que vivent ces populations. Malheureusement, ce gouvernement n’en fait qu’à sa tête», avait déclaré le 19 février Gaël Koumba Ayouné sur sa radio. Pour lui, avec la mort par balles de deux jeunes gabonais les forces de l’ordre ont fait une bavure de plus. 

A la suite de Gaël Koumba Ayouné, d’autres jeunes, plus ou moins proches des sphères du pouvoir avaient été interpellés. C’est le cas  d’Hervé Linga, un jeune médecin indépendant exerçant en France libéré depuis mercredi. Il avait été interpellé à Moanda puis placé en résidence surveillé à Franceville avant d’être entendu au B2 dans la capitale du Haut-Ogooué.   

A Libreville, une autre figure des réseaux sociaux subit le même sort. Philippe Arsène Owono dit PAO Puissance a été interpellé samedi par la direction générale des rechercherches (DGR) de la gendarmerie nationale. Selon un de ses proches, il y est pour nécessité d’enquête.

Dans tous les cas, le « concert des casseroles » prévu pour durer jusqu’au 24 février s’était prolongé encore quelques jours avant de prendre fin. Il avait été lancé par un mouvement dit « Les citoyens libres » pour protester contre les mesures gouvernementales de riposte contre le coronavirus. Jonas Moulenda, ancien journaliste au journal l’Union, exilé aujourd’hui en France, avait revendiqué vidéo à l’appui la paternité de ce mouvement.  D’où l’accusation du parti au pouvoir qui avait fait de cette révolte des casseroles un mouvement suscité par l’opposition. 

Révélé via les réseaux sociaux à cause de ses actions en faveur des personnes défavorisées dans les quartiers sous-intégrés et aussi par ses appels incessants au gouvernement et au président de la République pour améliorer le quotidien de ses congénères, le général des mapanes n’a cessé de se présenter depuis la fin de la présidentielle de 2016 comme un soutien indéfectible d’Ali Bongo Ondimba. D'où les interrogations de sa famille sur l'acharnement qu'il endure. 

Louis-Philippe MBADINGA

 

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