Société & Culture

Accouchement par césarienne au Gabon: Un gros business ?

0

Le phénomène d’accouchement par césarienne est grandissant dans les structures hospitalières du pays. Quelques cas identifiés montrent que la césarienne, à cause de son coût élevé, est devenue un grand business dans les hôpitaux publics et privés. 

La grossesse est un moment unique pour toute femme. Après un long périple de neuf (9) mois d’examens, de privatisations, de nausées et autres changements d’humeur, les femmes ont, pour la plupart, hâte de voir arriver l’heure de la délivrance. Dans certains cas, ce sont les futures mamans qui réclament elles-mêmes l’accouchement par césarienne au terme de la grossesse, par peur de douleur lors de l’accouchement par voie basse. On parle là, de césarienne de convenance. 

La césarienne est une intervention chirurgicale visant à extraire un enfant de l'utérus maternel par incision de la paroi abdominale et utérine. Lorsqu’elle est pratiquée en raison d’un problème médical chez la mère ou l’enfant, la césarienne permet sans aucun doute d’éviter des conséquences parfois très graves. Mais lorsque l’intervention est réalisée pour des raisons non-médicales (ce qui est de plus en plus souvent le cas), les bénéfices contrebalancent-ils encore les risques ? 

«Loin d’être une fatalité, l’accouchement par césarienne intervient en cas d’urgence, ou lorsqu’il faut sauver la vie de la mère ou du bébé», c’est ce que nous a confié Zichina Obame, sage-femme à l’hôpital d’instructions des armées du pk9. Pour elle, un tour au bloc opératoire peut s’imposer lorsque la situation est critique, ou encore lorsque la femme a un petit bassin. Aussi, lorsque l’enfant est en position siège ou encore lorsqu'il a le cordon enroulé autour du cou. «Dans l’ensemble, l’accouchement par voie basse est le plus fréquent», a-t-elle affirmé.

Aujourd’hui, l’usage systématique de la césarienne dans nos structures de santé pousse l’opinion à penser que c’est devenu un business qu’autre chose. Quand bien même, la future maman peut accoucher par voie basse, des situations se créent pour qu’elle soit admise au bloc opératoire. 

Derrière cette décision, c’est simplement une affaire de grosse somme d’argent. Geneviève Maroundou, la trentaine révolue, a été une victime du phénomène. «J’étais à un doigt lorsque je suis arrivée à l’hôpital ce jour, j’ai fait en moyenne 5h de temps pour passer du premier au deuxième doigt et plus encore pour passer du deuxième au troisième. Le gynécologue a ainsi décidé que je devais passer au bloc, chose que j’ai refusé, mais on me l’a imposée; sois disant que l’enfant devait boire de l’eau si on n’effectuait pas la césarienne d’aussitôt», a-t-elle expliqué. 

Si la césarienne programmée laisse le temps aux femmes de s'y préparer, qu'en est-il de la césarienne pratiquée dans l'urgence? Pendant l'accouchement, de nombreux phénomènes physiques et psychiques apparaissent et provoquent un bouleversement émotionnel. Une césarienne non prévue, surtout lorsque la femme ne l'avait jamais envisagée, est susceptible de perturber encore plus cet état chargé d'émotions. 

Il est arrivé également que certaines femmes, pour fuir l’accouchement par césarienne qui leur est imposée, vont accoucher par voie basse dans d’autres hôpitaux sans complication. Le cas de Sandrine Mouendou. «J’avais commencé mes visites à l’hôpital général. Là-bas, dès mon septième mois, le médecin disait que je devais accoucher par césarienne à cause de la présence d’un myome situé sur le col et devait gêner le passage du bébé. Alors deux semaines avant mon terme je décide de changer d’hôpital. Et le grand jour, j’ai fini par accoucher par voie basse». 

Ce phénomène prend une ampleur inquiétante. Beaucoup plus dans les structures privées où la césarienne coûte extrêmement chère. Pour les familles démunies, ce sont des factures difficiles à digérer.

Les médecins interrogés affirment qu’il s’agit d’un faux procès. Néanmoins, sur le terrain la réalité en dit long. Il est temps que les médecins et responsables de structures sanitaires se penchent sincèrement sur la question dans le but de trouver des voies et moyens pour sortir au plus vite de cette psychose financière.

Laïka Naëlle Magoura 

«Il y a une dynamique positive sur la voie d’une solution à la crise libyenne» (Bourita)

Article précédent

Sénat : Des projets de lois au menu de deux réunions 

Article suivant

Commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *