Libreville, 25 Novembre 2023 (AGP) – Au mépris de toutes les règles et de toutes les dispositions statutaires en vigueur, l’actuel président de la Commission de la CEEAC estime que la CEEAC doit transférer son siège à Malabo, apprend-on au siège de l’institution.
Pour lui, la situation que vit le Gabon depuis l’Acte de Libération du 30 août 2023, justifierait cette décision. Il aurait tout d’abord écrit au personnel de s’apprêter à déménager de Libreville pour la capitale équatoguinéenne, le 3 janvier prochain au plus tard, affirment des sources proches du dossier. Il a ensuite inscrit ce projet de décision à l’ordre du jour du dernier CCEP.
Il s’agit en réalité d’une décision illégale au regard du régime des sanctions prévues dans le Traité révisé, ainsi que dans la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance.
Pour être plus précis, il appert, en effet, qu’aucune sanction liée à la délocalisation du siège, même de manière provisoire, n’est inscrit dans le régime des sanctions prévues. L’article 99 du Traité révisé, qui traite des sanctions, ne prévoit nullement la délocalisation du siège d’un organisme.
»Une décision prise unilatéralement par le président de la Commission qui ne plaît pas au personnel ; le Gabon, principal contributeur de l’organisation, ayant récemment doté la CEEAC d’un siège fonctionnel », indique un agent qui a requis l’anonymat. »Au regard du cadre normatif, tout est illégal », ajoute-t-il.
De plus, »délocaliser le siège de la CEEAC à Malabo en Guinée-Equatoriale reviendrait à confier à ce pays un vaste privilège. Comment donner ce privilège à un État membre qui n’est pas à jour de ses contributions, depuis trois années budgétaires consécutives, alors que tout État, dans une telle situation, ne peut prendre la parole à aucune réunion? », s’indigne un ancien secrétaire général de la CEEAC joint au téléphone.
Gilberto da Piedade Verissimo, lui, n’en a cure. Il ne porterait pas spécialement le Gabon dans son coeur. Soit dit en passant, l’Angola, pays d’origine de ce diplomate, est pratiquement le seul de la CEEAC à ne pas encore avoir reçu le chef de l’Etat gabonais !
En tout cas, la décision que voudrait faire prendre l’actuel président de la Commission de la CEEAC à toute la communauté sous-régionale n’a pas suscité un grand enthousiasme. En effet, à la lecture du Communiqué final du CCEP qui s’est tenu à Malabo, on note que celui-ci n’a fait l’objet d’aucune signature par les chefs d’Etat et de Gouvernement présents à ces assises. Cette situation pourrait faire penser à une absence de consensus dans les décisions prises d’appliquer des sanctions contre le Gabon.
De plus, »l’éloignement de la Commission de ses principaux partenaires techniques et financiers ayant leurs bureaux régionaux à Libreville, en l’occurrence l’UNOCA, la BAD, l’Union Européenne (UE), partenaires auprès desquels la Commission s’est engagée dans la réalisation de plusieurs programmes, ne manquera pas de provoquer des dysfonctionnements », estime une source au sein de l’institution.
Le corollaire de cette situation étant inévitablement l’apparition des difficultés de travail au quotidien.
Le Gabon est le siège de l’organisation sous-régionale depuis sa création au milieu des années 80, à l’initiative des présidents Omar Bongo et Mobutu Sese Seko.
DM/FSS
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