La coalition syndicale regroupant le Syndicat des médecins fonctionnaires gabonais (SYMEFOGA) et le Syndicat national de la santé (SYNAS) a décidé ce mardi de maintenir la suspension de l’utilisation des feuilles de soins et des bons d’examens CNAMGS dans les hôpitaux publics, tout en appelant le ministre de la Santé au dialogue tant prôné par le chef de l’Etat.
Le Symefoga et le Synas entendent maintenir la suspension de la CNAMGS au sein des hôpitaux publics. Dans leur dernière sortie médiatique, les deux regroupements justifient leur position par le mutisme du ministre de la Santé qui, selon eux, a pris l’engagement de mettre en place une commission technique et un chronogramme de travail. A cela, s’ajoute l’absence du compte-rendu de la rencontre qu’il a eue avec le Premier ministre sur la problématique de la CNAMGS.
« Le ministre de la Santé a reçu la coalition des syndicats le 09 mai 2022 et a reconnu la réalité de la situation difficile du personnel de santé (face aux dettes de la CNAMGS à l’endroit des hôpitaux publics NDLR). Dans la foulée, le ministre a convié la coalition à une rencontre avec les responsables des établissements sanitaires et ceux de la CNAMGS. Au sortir de ces séances de travail, le membre du gouvernement allait à la rencontre des responsables du ministère du Budget le jour même (09/05/2022) et devait être reçu par le Premier ministre le lendemain. À ce jour nous sommes encore en attente des conclusions de ces rencontres et d’une proposition de la tutelle d’un chronogramme de travail, afin de sortir de cette situation« , a déclaré le président du SYMEFOGA, Dr Christiane Mengue m’Asseko.
Par ailleurs, ces syndicalistes ont dit regretter l’attitude du ministre de tutelle qui a effectué lundi dernier une descente au Centre hospitalier de Libreville sans associer les associer. En plus de ne pas avoir été associés à cette initiative, les deux regroupements déplorent « les menaces de radiation de la Fonction publique proférées par le ministre à l’endroit du personnel médical qui continuerait à observer la mesure de suspension des feuilles de soins et d’examens CNAMGS dans les hôpitaux publics« . Toute chose qui n’est pas de nature à ramener la sérénité dans ce front social, ont-ils laisse entendre.
La coalition syndicale s’est aussi étonnée de ce que le ministre de la Santé ait recensé les manquements du Centre hospitalier universitaire de Libreville (Chul) au cours de cette descente de terrain, sachant qu’un cahier de revendications lui avait déjà été remis au mois d’avril dernier par les soignants.
Aussi, tout en réaffirmant que le mot d’ordre de suspension des feuilles de soins et d’examens CNAMGS est toujours maintenu, la coalition syndicale dit-elle rester « en attente de l’appel du ministre de tutelle afin de matérialiser le dialogue social tant prôné par le président de la République« .
Rappelons que les deux syndicats avaient pris la décision il y a une semaine de suspendre l’utilisation des feuilles de soins et d’examens CNAMGS dans les hôpitaux publics à cause des dysfonctionnements dans les structures sanitaires publiques consécutifs à la lourde dette de la Caisse envers ces structures. Une dette qui s’élèverait à plusieurs milliards de francs CFA.
« Cette décision faisait suite à l’absence de réaction de de la tutelle depuis le mois de mars 2022, malgré nos multiples sollicitations. En effet, les établissements sanitaires glissent insidieusement mais inexorablement depuis plusieurs années vers une situation d’arrêt de fonctionnement de par le plateau technique défectueux, quand il n’est pas absent, des bâtiments vétustes sans eau ni électricité pour certains, les médicaments, les réactifs et autres consommables (tubes, gants, doigtiers cathlons…) qui sont des denrées rares au sein des établissements sanitaires. Ces problèmes sont essentiellement liés au fait que les caisses des établissements sanitaires sont vides, vides car la CNAMGS ne paie pas ou alors à dose homéopathique les prestations dues aux structures, vides du fait du budget de l’état qui arrive difficilement« , a expliqué la présidente du SYMEFOGA, laquelle évoquait également la semaine dernière, cinq mois d’arriérés de primes de garde et 18 mois de quote-part dus au personnel de santé.
Stéphane NGUEMA
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