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Coup d’état au Soudan : l’Afrique de nouveau en proie aux démons de l’instabilité

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Des militaires défilent dans les rues de Bamako la capitale du mali le 18 août 2020 après avoir capturé le président Ibrahim Boubacar Kéita (Image d'archives AFP).

Le coup d’état perpétré le 25 octobre dernier au Soudan démontre si besoin en était le retour des vieilles méthodes de prise de pouvoir qui ont caractérisé l’Afrique et qui compromettent véritablement sa marche vers la démocratie.

La situation qui prévaut actuellement au Soudan, suite au coup d’état perpétré le 25 octobre 2021 est révélatrice de la nouvelle donne qui s’est installée après une période d’accalmie sur le continent, et rappelle l’instabilité qu’elle avait connue après les indépendances. En effet, le Soudan a connu cette année deux événements similaires, l’un en septembre et le dernier récemment, au cours duquel le Général Abdel Fattah Burhan a dissous la branche civile du gouvernement de transition composé de civils et de militaires.

Les derniers cités ont pris le pouvoir et le confisquent en dépit de la contestation de la rue et de la Communauté internationale qui réclament le retour à l’ordre constitutionnel.

L’on se souviendra qu’en Guinée, le président Alpha Condé a été chassé par l’Armée en septembre dernier et, au Mali voisin, l’Armée est intervenue à deux reprises en moins d’une année, la dernière fois au mois de mai. Au Niger, un coup d’État a été déjoué en mars, quelques jours seulement avant l’investiture du président nouvellement élu, Mohamed Bazoum. En avril de cette même année, après le décès du dirigeant tchadien, Idriss Deby, l’état-major de l’Armée a installé son fils, Mahamat Déby Itno à la tête d’un Conseil Militaire de Transition. Les opposants qualifièrent cette prise de pouvoir de « coup dynastique ». Les putschistes réfutèrent cette assertion dans le but de paraître légitimes.

Dès lors, qu’est-ce qui peut justifier ces démarches militaires ? Dans la plupart des cas, les putschistes dénoncent la pauvreté, la mauvaise gouvernance qui entraînent de facto de mauvaises performances économiques, auxquelles s’ajoutent des soulèvements populaires, rendant ainsi les interventions militaires inévitables.

Une étude menée par deux chercheurs américains, Jonathan Powell et Clayton Thyne, citée par BBC Afrique, identifie plus de 200 tentatives de coups d’Etat en Afrique depuis la fin des années 1950. La moitié d’entre elles ont abouti, c’est-à-dire qu’elles ont duré plus de sept jours. Le Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest connait le plus grand nombre de tentatives réussies, avec 7 et 1 seul échec, même si c’est le Soudan qui détient la palme du nombre de coups d’État et de tentatives de prise de pouvoir avec 17 tentatives dont 5 abouti. Cela n’inclut pas l’actuel, qui vient de se produire, indique la même étude.

Le Nigeria a eu la réputation d’être le théâtre de coups d’État militaires dans les années qui ont suivi son indépendance, avec 8 coups d’État intervenus entre janvier 1966 et la prise du pouvoir par le Général Sani Abacha en 1993. Cependant, depuis 1999, les transferts de pouvoir dans le pays le plus peuplé d’Afrique se font désormais par le biais d’élections démocratiques.

L’Afrique est donc le continent qui a connu le plus de coups d’État. Sur les 11 enregistrés dans le monde depuis 2017, 10 ont eu lieu sur son sol.

En septembre, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s’est inquiété du «retour des coups d’État militaires» et a mis en cause le manque d’unité de la Communauté internationale face aux interventions militaires. «Les divisions géopolitiques sapent la coopération internationale et […] un sentiment d’impunité s’installe», avait-t-il déclaré sur BBC Afrique.

Valerie EZEME MBO

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