L’ouverture du procès des 14 personnes accusées d’avoir participé à l’assassinat en 1987 du président du Burkina Faso, Thomas Sankara, a également été marquée par le rejet de l’enregistrement ou de diffusion de ce procès.
Outre le report du procès au 25 Octobre prochain, l’ouverture du procès Sankara et ses compagnons de ce lundi 11 octobre aura également été marquée par une polémique autour de l’enregistrement ou non du jugement des 14 auteurs présumés de l’assassinat du révolutionnaire burkinabè et de ses compagnons. Une requête formulée par la partie civile qui voulait enregistrer, puis diffuser le procès et conserver les données historiques pour la postérité. La défense s’est farouchement opposée. Au final, le tribunal a rejeté ladite requête.
Maître Prosper Farama, avocat de la famille Sankara, cité par RFI, ne cache pas sa déception. «C’est dans l’histoire une des rares fois où, pour un procès de cette dimension, un tribunal refuse l’enregistrement. Nous avions vraiment espéré pour l’histoire, la postérité, que cet enregistrement soit fait. Cela nous paraissait de plein droit, tout à fait naturel».
Pour Maître Moumouny Kopiho, avocat de la défense cité par RFI, il est important de remettre les choses à leur place. Le tribunal doit rendre la justice et non écrire l’histoire. « Le tribunal militaire juge tout le monde dans les mêmes conditions. La vocation du tribunal n’est pas de construire des archives historiques. Aux historiens de trouver les moyens de constituer leurs archives. Si on doit extrapoler le rôle des institutions, on ne va jamais parvenir à la justice ».
Cette prise de position, quoique fondée sur le plan juridique, est toutefois déplorable, selon les organisations de la société civile «Sankara, ce n’est pas n’importe qui. C’est l’un des rares présidents sur qui il y a eu beaucoup de films documentaires, beaucoup d’œuvres littéraires et que le Burkina ne peut pas enregistrer le procès Thomas Sankara, c’est vraiment dommage», s’est indigné Sam’s K Le Jah, militant de la société civile cités par Voice Of America (VOA).
Cette première journée d’un procès attendu depuis 34 ans, a essentiellement été consacrée à des questions de procédure, notamment la constitution même du tribunal. A cet effet, six juges assesseurs militaires, dont trois titulaires et trois suppléants ont prêté serment. Sur les 14 accusés, 12 étaient présents dont le général Gilbert Diendere. L’ancien Président Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando manquaient à l’appel.
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