La rencontre prévue se tenir ce mardi en fin d’après-midi entre les deux figures de proue de la politique ivoirienne serait une première depuis leur duel à l’élection présidentielle de 2010. Laquelle avait débouché sur une violente crise qui fit plus de 3.000 morts. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la poursuite du processus de réconciliation en cours en Côte d’ivoire.
Après un premier contact téléphonique au début du mois de juillet, ce face-à-face prévu au palais présidentiel à Abidjan devrait constituer un geste de plus vers l’apaisement de la vie politique ivoirienne. Dix ans après la terrible crise post-électorale responsable de plus de 3 000 morts selon les Nations unies, Alassane Ouattara doit s’entretenir avec Laurent Gbagbo au palais présidentiel sur des sujets non révélés, mais qui contribueront probablement à décrisper le climat politique.
La dernière fois que les deux hommes se sont vus, c’était le 25 novembre 2010, à l’occasion d’un inédit débat télévisé d’entre-deux tours, au ton courtois, ne laissant pas présager de la violente crise électorale qui allait suivre. La suite est connue : Laurent Gbagbo est arrêté en avril 2011, transféré à la Cour pénal internationale (CPI) qui l’acquittera. Durant ces dix années, aucun contact direct n’a eu lieu entre les deux hommes, rapporte RFI.
La rencontre entre les présidents Ouattara-Gbagbo fait suite à des déclarations peu amicales issues de leurs camps respectifs ces derniers jours. Lors de la fête de Tabaski, il y a une semaine, le chef de l’État appelait à poursuivre la marche vers la réconciliation. Le lendemain, le gouvernement annonçait une entrevue prochaine avec son prédécesseur. Depuis, les deux camps sont restés discrets sur ce rendez-vous.
Même si aucune information n’a filtré sur le contenu des échanges entre les deux personnalités, il faut tout de même relever que de nombreux sujets seront certainement débattus. Il s’agirait par exemple de l’autorisation d’Alassane Outtara envers Gbagbo de saluer tous les prisonniers d’opinion, alors que cette autorisation lui a été refusée par le ministre de la Justice pour des raisons de sécurité.
A ce sujet s’ajoute celui lié à la situation judiciaire de Laurent Gbagbo, condamné par la justice ivoirienne durant son séjour à la CPI à vingt ans de prison dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO ». Le président Alassane Ouattara avait déjà laissé entendre qu’une amnistie serait possible. Et enfin, l’avenir politique des deux présidents. De nombreux observateurs ivoiriens susurrent que le Chef de l’État aurait l’intention d’imposer un âge limite de 75 ans aux candidats à la fonction suprême, qui aurait pour effet d’éliminer de fait les deux hommes.
Les deux camps estiment que cette première rencontre permet de décrisper le climat politique en Côte d’Ivoire.
Pour rappel, depuis son retour en Côte d’Ivoire le 17 juin dernier, le fondateur du FPI a entrepris de nombreuses rencontres tant en Côte d’Ivoire que hors de son pays. Laurent Gbagbo s’est rendu tour à tour dans son village natal de Mama, s’est envolé pour Kinshasa à l’invitation de l’opposant Jean-Pierre Bemba (son voisin de cellule à la CPI), a dîné avec le président congolais Félix Tshisekedi, avant de rendre visite à l’ancien chef d’État ivoirien Henri Konan Bédié, devenu son allié depuis les législatives de mars dernier. C’est dire que Laurent Gbagbo dispose certainement d’un agenda caché.
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