Alors qu’elle est frappée de plein fouet par la crise du Covid-19 avec les hôpitaux en manque d’oxygène, la Tunisie s’enfonce un peu plus dans la crise. Le président de la République, Kaïs Saïed, a décidé dimanche 25 juillet de geler les activités du Parlement, et de limoger le Premier ministre, Hichem Mechichi. Sa décision satisfait de nombreux Tunisiens, mais le parti majoritaire au parlement l’assimile à un « coup d’Etat » et demande les élections anticipées.
Hormis la crise sanitaire, la Tunisie est à nouveau plongée dans une crise politique depuis le récent limogeage de son Premier ministre, et du gel des travaux du parlement le 25 juillet dernier. En effet, à la surprise générale, le président de la République de Tunisie, Kaïs Saïed, a annoncé dimanche la suspension des travaux du parlement pour une durée de 30 jours. Dans la foulée, il a également démis de ses fonctions le Premier ministre, Hichem Mechichi. Kaïs Saïed prend ainsi la tête du pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il a limogé plusieurs ministres dont celui de la Défense.
Le calme dans les rues de Tunis dans la nuit de lundi à mardi contrastait avec les bouleversements politiques intervenus la veille dans le pays. Kaïs Saïed a rencontré dans la foulée des membres de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). L’influente centrale syndicale a estimé que les décisions prises par le président tunisien étaient « conformes » à la Constitution.
Pour lui, ces décisions ont été prises pour « sauver la Tunisie, l’Etat et le peuple tunisien » a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion d’urgence au palais de Carthage avec des responsables des forces de sécurité. Il utilise l’article 80 de la constitution tunisienne, qui prévoit cette possibilité en cas de « péril imminent » pour « la nation ou la sécurité ou l’indépendance du pays« .
En convoquant l’article 80 de la Constitution, Kaïs Saïed veut mettre fin à l’instabilité dans le pays et au blocage politique permanent dus à de nombreux désaccords observés entre le président de la République et le président du Parlement. Cette situation paralysait la gestion du pays et les pouvoirs publics. Le Premier ministre, Hichem Mechichi, n’a été nommé qu’en septembre 2020. Il s’agissait alors du troisième chef du gouvernement en moins d’un an.
Pour comprendre comment le pays s’est retrouvé dans une telle crise politique, il faut se replonger deux ans en arrière. Si l’élection présidentielle de 2019 voit s’imposer Kaïs Saïed, un candidat indépendant et progressiste, élu avec plus de 72% des voix, les élections législatives ne lui ont pas permis de constituer une majorité absolue.
Les décisions de dimanche surviennent après des manifestations de grande ampleur qui ont émaillées le pays le même jour pendant la fête de la République. Des milliers de Tunisiens sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement à l’égard du gouvernement en place. Des locaux et symboles du parti Ennahdha ont été pris pour cible par les manifestants.
Cette grogne était aussi liée au manque d’anticipation et de coordination de l’exécutif face à crise sanitaire laissant la Tunisie à court d’oxygène. Avec près de 18 000 morts pour 12 millions d’habitants, le pays a l’un des pires taux de mortalité officiels au monde dans cette pandémie de Covid-19. La Tunisie a notamment connu trois différents ministres de la Santé depuis le début de la crise sanitaire.
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