Le Procureur général de la Cour Pénale Internationale (CPI), Fatou BenSouda, cédera son poste ce mercredi 16 juin au britannique Karim Khan. Après avoir été neuf ans à la tête de l’institution de justice internationale, son bilan reste mitigé aux regards de quelques initiatives louables et des échecs enregistrés lors des procédures visant certains dossiers à l’instar de l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé et son impossibilité à arrêter l’ancien président soudanais Omar El Béchir, entre autres.
Durant son mandat, Fatou Bensouda a beaucoup enquêté en Afrique notamment en Centrafrique, au Mali, en Guinée, au Soudan, en Libye entre autres. D’où la critique selon laquelle la CPI ne vise que les dirigeants africains. A ces griefs, Fatou Bensouda avait déclaré dans une interview à RFI le 25 mai 2021 alors qu’elle était de passage à Dakar au Sénégal que cette critique était ‘’injuste et infondée ‘’ car la CPI a certes beaucoup travaillé avec l’Afrique mais après que les Etats africains l’aient saisie. Ce fut le cas notamment avec l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la République Centrafricaine à deux reprises, le Mali, les Comores entre autres.
A quelques heures de son départ de la cour pénale internationale, il convient de dresser un bilan des neufs ans de gestion des enquêtes internationales liées aux crimes contre l’humanité qu’aura dirigés Fatou Bensouda. En effet, son bilan est marqué par les débats sur l’impartialité de la Cour, les affaires visant l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, du congolais Jean Pierre Bemba, de l’affaire de l’ex-chef de l’Etat soudanais Omar El- Béchir.
Sur l’impartialité de la CPI, Fatou Bensouda s’est toujours défendue en déclarant que la cour ne vise pas exclusivement les affaires de crimes sur le continent africain. L’enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité présumés commis par les Etats-Unis en Afghanistan et Israël en Cisjordanie ainsi que divers examens préliminaires et enquêtes menés en Colombie, aux Philippines, au Venezuela, en Ukraine, en Géorgie, en Palestine, et en Afghanistan illustrent fort bien l’ouverture de l’institution et son impartialité à répondre à toutes les sollicitations de ses Etats-membres.
Sous sa direction, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a été innocenté de crimes contre l’humanité, tandis que l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba, a été acquitté en appel. Le Kényan Uhuru Kenyatta a également vu les accusations de crimes contre l’humanité abandonnées par Fatou Bensouda. Mais Bensouda a récemment obtenu des condamnations très médiatisées à l’encontre de Dominic Ongwen, un enfant soldat ougandais devenu commandant de ‘’l’Armée de résistance du Seigneur’’, et du chef de guerre congolais Bosco Ntaganda.
Si pour certains observateurs, l’acquittement de Gbagbo et de Charles Blé Goudé , du congolais Jean Pierre Bemba et son incapacité à faire arrêter l’ex-chef de l’Etat soudanais El-Béchir constituent des échecs du procureur sortant, il n’en demeure pas moins que son initiative d’ouvrir des enquêtes aux Etats autres que ceux d’Afrique démontre son impartialité sachant que pour l’enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité présumés commis par les Etats-Unis en Afghanistan et d’Israël en Cisjordanie, Fatou Bensouda avait essuyé des sanctions allant de son interdiction de voyager en mars 2019 au gel de ses avoirs basés aux Etats-Unis 18 mois plus tard. Sanctions intervenues sous le régime Trump et que l’administration Biden a vite fait de lever en Avril dernier.
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