Le ministère marocain des affaires étrangères a dans une déclaration faite ce lundi à Rabat, pris note de la comparution mardi 1er juin de Brahim Ghali devant la Haute Cour nationale espagnole. Tout en reconnaissant que cela constitue une évolution, le Royaume chérifien le fond de la crise est une question d’arrière-pensées espagnoles hostiles au sujet du Sahara, cause sacrée de l’ensemble du peuple marocain.
Relevant tout d’abord le fait que cette comparution est une évolution, le Maroc estime que cette décision cadre avec sa logique.
« D’abord, la comparution du dénommé Ghali confirme ce que le Maroc avait dit dès le début : l’Espagne a bien fait rentrer, sciemment, sur son territoire, de manière frauduleuse et occulte, une personne poursuivie par la justice espagnole pour des plaintes déposées par des victimes de nationalité espagnole et pour des actes commis en partie sur le sol espagnol. Ensuite, cette comparution vient montrer le vrai visage du « polisario » incarné par un dirigeant qui a commis des crimes abjects, qui viole, torture, bafoue les droits de l’Homme et commandite des actes terroristes », indique la déclaration.
« De même, elle souligne la responsabilité de l’Espagne envers elle-même, puisque les victimes du dénommé Ghali sont avant tout espagnoles. Cette comparution constitue, donc, le début d’une première reconnaissance des droits des victimes et de la responsabilité criminelle et pénale de cet individu. C’est aussi la première fois que la justice espagnole convoque ce responsable et lui oppose des plaintes pour des crimes graves », poursuit-elle.
« Et encore, il ne s’agit que des plaintes révélées au grand jour. Qu’en est-il de tous les enfants, les femmes et les hommes qui subissent les affres du « polisario » ? Des traitements inhumains sont infligés quotidiennement aux populations de Tindouf – ces sans voix du « polisario » – sans que justice ne leur soit rendue », ajout-elle.
Dans son affirmation indiquant que la comparution de Brahim Ghali n’est pas le fond du problème, le Maroc estime qu’en réalité, le fond du problème est une question de confiance brisée entre partenaires. Le fond de la crise est une question d’arrière-pensées espagnoles hostiles au sujet du Sahara, cause sacrée de l’ensemble du peuple marocain.
« La crise n’est pas liée au cas d’un homme. Elle ne commence pas avec son arrivée pas plus qu’elle ne s’achève avec son départ. C’est d’abord une histoire de confiance et de respect mutuel rompus entre le Maroc et l’Espagne. C’est un test pour la fiabilité du partenariat entre le Maroc et l’Espagne. Si la crise entre le Maroc et l’Espagne ne peut s’arrêter sans la comparution du dénommé Ghali, elle ne peut pas non plus se résoudre avec sa seule audition. Les attentes légitimes du Maroc se situent au-delà. Elles commencent par une clarification, sans ambiguïté, par l’Espagne de ses choix, de ses décisions et de ses positions. »
« Pour le Maroc, le dénommé Ghali n’est qu’à l’image du « polisario ». La manière avec laquelle il est rentré en Espagne – avec un faux passeport, sous une fausse identité algérienne et dans un avion présidentiel algérien – trahit l’essence même de cette milice séparatiste. Au-delà du cas du dénommé Ghali, cette affaire a dévoilé les attitudes hostiles et les stratégies nuisibles de l’Espagne à l’égard de la question du Sahara Marocain. Elle a révélé les connivences de notre voisin du Nord avec les adversaires du Royaume pour porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc. »
Pour le Maroc, cette crise pose, par ailleurs, une question de cohérence. Vu que l’on ne peut pas combattre le séparatisme chez soi et l’encourager chez son voisin. Et, le ministère Marocain des affaires étrangères a rappelé que Maroc a toujours été cohérent avec l’Espagne pour n’avoir pas encouragé le séparatisme.
« La politique du Maroc envers l’Espagne a toujours été limpide. Lors de la crise catalane, le Maroc n’a pas choisi la neutralité ; il a été parmi les tout premiers à se ranger sans ambages, et de manière claire et forte, du côté de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de son voisin du Nord (…)En 2012 par exemple, lorsqu’il y a eu la visite au Maroc d’une délégation économique catalane, le programme avait été amendé, à la demande du gouvernement espagnol, pour que cette délégation ne soit pas reçue à haut niveau et pour qu’il y ait, lors de tous les entretiens, une présence du représentant de l’Ambassade d’Espagne à Rabat. En 2017, la même cohérence a été de mise lorsque le Maroc a refusé la demande de visite et de rencontre d’un grand leader du séparatisme catalan. Le Maroc est en droit de n’attendre pas moins de l’Espagne. C’est le principe même d’un partenariat authentique »
Rappelant que le Maroc a toujours fait preuve de solidarité envers l’Espagne, le ministère Marocain des affaires étrangères dit le Royaume chérifien restera attaché à ses liens d’amitié naturelle et authentique envers le peuple espagnol.
Stéphane NGUEMA
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