Paul Rusesabagina est visé par treize chefs d’accusation, dont ceux de terrorisme, meurtre et financement de rébellion. L’opposant et son avocat ont plaidé l’incompétence de la Haute Cour rwandaise pour les crimes internationaux dans cette affaire.
Le procès de Paul Rusesabagina s’est ouvert le mercredi 17 février écoulé à Kigali lors d’une séance où l’ancien hôtelier, accusé entre autres de terrorisme, a contesté le droit du tribunal à le juger. M. Rusesabagina a été rendu célèbre par le film hollywoodien Hôtel Rwanda, sorti en 2004, qui raconte comment l’ancien directeur de l’Hôtel des Mille Collines à Kigali, un Hutu modéré, a sauvé plus de 1 000 personnes au cours du génocide qui a tué 800 000 Rwandais, principalement des Tutsis.
Il est aujourd’hui visé par treize chefs d’accusation, dont ceux de terrorisme, meurtre et financement de rébellion, pour son soutien présumé au Front de libération nationale (FLN), un groupe rebelle accusé d’avoir mené ces dernières années des attaques meurtrières au Rwanda. Il comparaissait avec vingt autres accusés.
Féroce critique du régime du président Paul Kagame, M. Rusesabagina vivait en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, un pays dont il a obtenu la nationalité. Il a été arrêté fin août au Rwanda dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait être à destination du Burundi. Ses avocats ont accusé le régime rwandais de l’avoir fait enlever.
Dès l’ouverture du procès, M. Rusesabagina et ses avocats ont dénoncé les conditions de cette arrestation et contesté le droit du tribunal à le juger, en raison de sa nationalité belge. Il a notamment fait valoir que, lors de visites au Rwanda en 2003 et 2004, il avait dû demander un visa.
Le procureur Bonaventure Ruberwa a quant à lui relevé la nationalité rwandaise des parents de M. Rusesabagina et le fait que ce dernier n’a jamais renoncé à sa citoyenneté. L’un de ses co-accusés, le commandant du FLN Callixte Nsabimana, est venu appuyer l’argumentation du procureur.
Ce procès a suscité de nombreuses réactions internationales : les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, ont demandé un procès équitable et le Parlement européen a réclamé sa libération.
Valérie Ezeme Mbo (Source : RFI)
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