En prenant bien soin de ne pas désavouer leurs collègues de la commission de discipline, le jury d’appel de la Confédération africaine de football (CAF) a «rejeté les prétentions de la Fégafoot», a-t-on appris. Invitant ainsi la partie gabonaise à se retourner vers le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour espérer avoir gain de cause dans ce litige qui l’oppose à la fédération gambienne.
Son verdict était tant attendu au niveau des différents états majeurs. Beaucoup plus dans le camp du Gabon qui espérait un jugement équitable et pourquoi pas des réparations pouvant aboutir à un gain du match sur tapis vert ou un retrait de points à l’équipe gambienne, suite au préjudice subi par la délégation gabonaise à son arrivée à l’aéroport international de Banjul. Il n’en fut rien au final. C’est du moins ce que laisse transpirer le verdict du jury d’appel de la Confédération africaine de football (CAF) rendu publique le 17 février dernier. Une décision qui n’étonne guère bon nombre d’observateurs et puristes du football africain bien renseignés sur les «mystères» et «intrigues», entourant le mode de gestion et de fonctionnement de l’institution nommée CAF. On vous fera d’ailleurs l’économie de tous les scandales dont elle cumule.
Comme nous vous l’annoncions lors de notre précédente sortie, il n’y avait pas, côté gabonais, grand-chose à espérer de ce verdict. Du moins de ce suspense, qui en réalité ne l’était pas. Etant entendu que les décisions du jury d’appel de la CAF sont très souvent à 99.99% proches de celles rendues au préalables par la commission de discipline. C’est une sorte de «bon procédé», car au niveau de l’institution basée au Caire, en Egypte, «on évite soigneusement de froisser, déjuger», voire même désavouer publiquement des collègues.
Ce verdict répond donc logiquement à cette loi non écrite. Et, pour se donner bonne conscience le jury d’appel de la CAF emploie une méthode qui a déjà fait ses preuves sur le continent africain lors des processus électoraux. Celle consistant à être du côté des plaignants sans vraiment l’être. Puisque ledit jury d’appel estime «recevable l’appel de la Fégafoot dans la forme», et «rejette les prétentions de la Fégafoot sur le fond». Une parade toute trouvée par le président de ce jury, Abdulhakeem Mustapha et ses collègues. Lesquels sont ainsi venus à la conclusion selon laquelle, la mésaventure subie par la délégation gabonaise à l’aéroport international de Banjul n’avait aucune cause directe ni incidence sur la défaite de l’équipe sur la pelouse. Ce qui n’est du tout faux. La logique aurait cependant voulu que les sanctions financières soient levées concernant la partie gabonaise, histoire de calmer le jeu.
Au lieu de cela, ce jury, dont on ne doute en aucun cas de la compétence des membres qui le composent, sait aussi pertinemment que le football pratiqué à un certain haut niveau obéit à des règles et à une certaine exigence. Et que performance rime tout aussi bien avec préparation. Et sans réelle préparation d’avant match, la probabilité d’une défaite opposée à une victoire est assez élevée. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé. Même si la bourde du portier Anthony Mfa Mezui en est aussi pour beaucoup au sujet du revers du Gabon face à la Gambie.
Toujours est-il que l’équité dont on fait la promotion dans les instances du football africain et même mondial n’a pas été respectée. Et, ce qu’il faut craindre c’est le fait que ce genre de verdict ouvre la voie à d’autres actes anti sportifs. D’autant qu’il suffirait désormais de faire souffrir le martyr à l’équipe adverse à son arrivée et payer une amende en retour après avoir accompli le «sale boulot».
C’est du moins ce subtil message qu’a lancé ce jury d’appel à l’endroit de toutes les fédérations qui s’apprêtent d’ailleurs à jouer dans à peu près un mois, leurs places qualificatives pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations. Un véritable bazar à venir si l’on y ajoute le contexte sanitaire actuel.
Ce qu’il faut surtout dire ici c’est que cette requête, introduite par le président de la Fégafoot, Pierre Alain Mounguengui, avait peu de chances de prospérer au niveau de la CAF, bien que lui-même étant un homme du sérail, pour deux bonnes raisons. La première c’est tout simplement parce que le Gabon n’est pas, jusqu’à ce jour, une grande nation de football sur le continent. Le pays n’a donc pas ce «aura», cette capacité d’influence qu’ont le Cameroun, le Nigeria, ou l’Egypte, par exemple. Autre difficulté et pas des moindres du Gabon à se faire entendre, c’est celle relative à l’absence des personnalités gabonaises dans ces instances décisionnelles, toutes disciplines confondues. D’autant que ce sont dans ces commissions et autres comités, que tout se décide par le biais d’une diplomatie souterraine et autres actions de lobbying. C’est d’ailleurs ce qui justifie le très grand nombre de maghrébins dans ces instances sur le continent. Allez savoir pourquoi…
Fusher Edzang
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