C’est l’objet de la mission en cours dans la province du Woleu-Ntem (nord), depuis le 20 octobre dernier, de plusieurs agences onusiennes engagées dans la lutte contre le VIH-Sida.
Le système des Nations unies au Gabon ne baisse pas les bras dans sa détermination à lutter contre le VIH-Sida, particulièrement dans le Woleu-Ntem, une province dont le taux de prévalence est de 7,4%, le plus élevé du pays.
Placée sous la conduite du ministre gabonais de la Décentralisation, de la Cohésion et du Développement des territoires, Mathias Otounga Ossibadjouo, ladite mission sitôt arrivée est allée faire ses civilités et aussi décliner la raison de leur mission au gouverneur de la province, Jules Djeki, qui a dit attendre beaucoup de cette mission, dans l’intérêt des populations.
La mission menée par le Dr Francoise Ndayishimiye, directrice pays ONU-Sida Gabon et qui comprend notamment une représentante du Fonds des Nations unies pour la population, Mme Octavie Avome Engone, s’est ensuite élancée à destination de Minvoul à la rencontre des populations autochtones et porter ainsi le combat au cœur même de la société.
«Nous sommes ici pour vous présenter deux projets initiés par les Nations-Unies. Le premier projet qui dispose de financement est menée conjointement par plusieurs agences onusiennes concerne la citoyenneté et la protection sociale, dont sans doute certains d’entre vous ont entendu parler à ce jour. L’autre projet qui n’est hélas pas financé propose la création d’initiatives locales dans le cadre de la lutte contre le VIH-Sida afin d’intégrer, dans les actes de tous les jours afin qu’elle ne soit pas quelque chose d’isolée, et qu’elle fasse partie du quotidien des populations», a expliqué la directrice Gabon de l’ONU-Sida, en présence de la mairesse, Marie Thérèse Mbang Mfolo, et du préfet du Haut-Ntem, François Lemono, à l’hôtel de ville de Minvoul.
Selon le Dr. Ndayishimiye le projet de création d’initiatives locales consiste à faire susciter, par les populations autochtones, des initiatives qui aillent dans le sens d’une meilleure sensibilisation sur le VIH-Sida. Car, estime-t-elle, le VIH-Sida est un sujet transversale qui ne doit pas être l’affaire du seul ministère de la Santé, mais de tous.
«Nous souhaitons une appropriation par tous, les leaders communautaires, les leaders religieux, la société civile, etc., des questions de lutte contre le Sida (…). Nous ne voulons plus que les gens viennent de Libreville faire de la sensibilisation sur le Sida, c’est à vous de faire des propositions, de nous dire comment vous concevez la lutte contre le VIH-Sida, comment vous concevez la santé sexuelle et reproductive au sein de nos communautés, nos habitudes, nos cultures. Nous sommes là pour vous dire que nous attendons de vous des propositions concrètes», a expliqué la directrice Gabon ONU-Sida, soulignant que le renforcement des capacités des peuples autochtones dans la stratégie de la lutte contre le Sida consiste à leur donner les outils, les aptitudes qui leur permettent d’aller eux-mêmes faire de la sensibilisation.
S’agissant du projet citoyenneté et protection sociale, l’oratrice a indiqué que celui-ci comporte plusieurs volets dont dans lequel sont engagées plusieurs agences. Outre la lutte contre le VIH-Sida et la santé sexuelle et reproductive, celui-ci renvoie également aux enfants qui sont dépourvu d’un acte de naissance et qui du coup ne peuvent prétendre aux services sociaux de base, tel la santé, l’éducation, l’assurance maladie.
«Pour la présente mission, nous allons nous focaliser uniquement sur le volet lié à la prévention et la prise en charge du VIH-Sida et la santé sexuelle et reproductive au niveau des populations autochtones. C’est l’Unicef (Fonds des Nations unis pour l’enfance, Ndlr) qui s’occupe du volet concernant les actes de naissance, ses agents passeront ici très prochainement», a conclu Mme Ndayishimiye.
Intervenant peu après, la représentante du fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA), Octavie Avome Engone, a disserté dans le même sens.
«Dans le cadre du projet citoyenneté et protection sociale qui bénéficie de l’appui de six agences de l’ONU, le fonds mondial pour la population que je représente ici s’occupe des questions de santé sexuelle et reproductive, des droits des femmes et des questions de jeunesses. Nous veillons à l’accès aux services sociaux de base, particulièrement à la santé sexuelle et reproductive de la femme rurale et des populations autochtones entre autres», a indiqué Mme Avome Engone, notant que son organisation accompagne le gouvernement gabonais dans l’élaboration, la révision de plusieurs politiques ou stratégies afin d’intégrer ces populations pour que leurs besoins soient identifiés et permettre ainsi au gouvernement d’améliorer la qualité de ses interventions en leur faveur.
«Cependant, afin que cela se fasse, il est primordial que l’information vienne des populations concernées, donc de vous. Vous devez contribuer à nourrir, par vos propositions, les documents qui seront élaborés et mis en œuvres. Ils doivent se faire avec vous, avec votre travail, avec votre participation», a insisté Octavie Avome Engone
En retour, la mairesse de Minvoul et le préfet du Haut-Ntem ont promis ne ménager aucun effort afin de concrétiser les recommandations faites dans le cadre de cette mission, d’autant qu’ils ont une personne ressource en la personne du gouverneur de la province du Woleu-Ntem qui pourrait, sur exhortation de la mission, les accompagner dans la mise en œuvre desdites recommandations en raison de son expérience en la matière avec les populations de la province de l’Ogooué-Ivindo où il était alors en fonction lors de missions analogues de ONU-Sida dans cette province. La mission à Minvoul a pris fin au village Esseng, chez les pygmées Bakas.
Notons que le projet actuel est transfrontalier et couvre la zone des trois frontières comprenant le Gabon,le Cameroun et la Guinée-Equatoriale, en raison de la dynamique des échanges multiformes qui ont cours entre ces trois pays. Après le Gabon,la mission se rendra à Ambam,au Cameroun.
Ernest Mvie Mendame
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