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RDC : Le mystère demeure sur la mort de l’ambassadeur d’Italie

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Les autorités congolaises ont attribué l'attaque qui a coûté la vie à l'ambassadeur d'Italie à Kinshasa et à deux autres personnes dans l'est de la RDC lundi aux rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), qui la démentent. Ce qui favorise pour l’heure un mystère sur la mort du diplomate italien et sa suite.

La violence ordinaire de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a coûté la vie à l’ambassadeur d’Italie, Luca Attanasio, le lundi 22 février au matin, à l’issue d’une embuscade tendue par un groupe armé à 25 kilomètres au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. 

Le diplomate de 43 ans, en poste depuis 2019, se rendait avec une délégation du Programme alimentaire mondial (PAM) à Rutshuru, une localité située plus au nord, au cœur du parc national des Virunga. Il devait y visiter une cantine scolaire, récente lauréate du prix Nobel de la paix et installée par l’agence onusienne.

Son attaché de sécurité, Vittorio Lacovacci, et un chauffeur du PAM, Mustapha Milambo, ont également péri dans l’attaque. A ce stade, rien ne permet d’affirmer que les assaillants avaient prémédité leur action contre la mission onusienne, ou qu’il s’agisse d’un funeste hasard.

Le ministère congolais de l’Intérieur a désigné comme coupables les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe de rebelles hutu rwandais très actif dans la région. Selon des témoins, les assaillants s’exprimaient en kinyarwanda, la langue parlée au Rwanda. 

Pierre Boisselet, coordinateur du baromètre sécuritaire du Kivu, fait preuve de davantage de prudence : «Les FDLR ne sont pas les seuls à parler kinyarwanda, d’autres groupes présents dans la région le parlent, comme les Nyatura ou les ex-M23». Les chercheurs, qui ont publié lundi une cartographie des groupes armés dans l’est du Congo, identifient 45 groupes dans le Nord-Kivu, dont l’emprise varie fortement. 

Les FDLR eux-mêmes ont formellement démenti cette accusation, affirmant que leurs troupes sont trop éloignées de la zone, contrôlée par l’armée congolaise. «Nos troupes sont très loin du drame. Cet acte ignoble a eu lieu entre Goma et Kibumba où sont installés des éléments des FARDC, au-delà de la route qui mène de Goma à Rutshuru, a réagi le colonel Placide Niyiturinda, porte-parole de leurs Forces armées combattantes. Donc les FDLR n’ont rien à voir avec cette attaque. Il faut qu’une enquête internationale soit diligentée pour que la vérité soit établie» a-t-il indiqué à un reporter de la Radio France Internationale (RFI).

Les services de sécurité congolais sont embarrassés par cette situation. Le ministère de l’Intérieur a tenu à souligner, dans un communiqué, que le déplacement de l'ambassadeur n'avait pas été notifié aux autorités. «Les services de sécurité et les autorités provinciales n'ont pu ni assurer des mesures de sécurisation particulière du convoi, ni leur venir en aide faute d'informations sur leur présence dans cette partie du pays pourtant réputée instable».

La route empruntée par le convoi de l’ambassadeur était classée en jaune par le PAM. C’est-à-dire qu’il fallait se déplacer en convoi ou au minimum deux voitures, l’escorte n’était pas obligatoire. Même si la sécurité s’était améliorée, ces deux dernières années, il y a quelques cas historiques d’attaques dans cette zone. En 2018, deux touristes britanniques et leur chauffeur congolais y avaient été kidnappés.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé à la RDC d’«enquêter avec diligence» sur l’attaque de Kibumba. Une attaque condamnée par les 15 membres du Conseil de sécurité. Mardi, le département de la sécurité de l’ONU doit se réunir pour examiner la situation.

Valérie Ezeme Mbo (Source : RFI)

 

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