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Minvoul : la rétention des documents d’accouchement se poursuit au centre médical

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Une vue du Centre médical de Minvoul.

Minvoul, le 04 Janvier 2023 (AGP) – Les jeunes filles mères, qui accouchent au centre médical de Minvoul, le chef-lieu du département du Haut-Ntem (Nord), voient leurs documents d’accouchement retenus par la direction de cet établissement hospitalier public, a appris le bureau local de l’AGP de nombreuses sources concordantes.

«Cela n’est un secret pour personne ici à Minvoul et tout le monde est au courant de cela. Chaque fois qu’une jeune fille accouche à l’hôpital, elle doit payer et si elle n’a pas d’argent les papiers de l’accouchement sont retenus, afin d’exercer un moyen de pression sur elle et ses parents», témoigne, François N., un habitant du quartier Missone qui affirme été témoin de la confiscation des documents d’accouchement de l’une de ses nièces.

Cette situation est à l’origine des graves conséquences sur la vie des nouveaux-nés, qui se retrouvent, faute pour leurs parents d’avoir les moyens de payer les frais d’accouchement, dépouillés de leur nationalité.

D’autant que les parents des nouveaux nées, vivant en milieu rural et exerçant, pour essentiel les activités de chasseurs et de pêcheurs, éprouvent, la plupart du temps, des difficultés à réunir le montant demandé par ledit centre médical, et abandonnent, jusqu’à l’idée, faute d’argent, d’aller récupérer lesdits documents.

Et quand certains, dans un sursaut d’efforts y parviennent, les délais légaux de déclaration de naissance sont déjà largement dépassés, les contraignant par conséquent à entamer la procédure auprès du tribunal, un processus là aussi que les parents rechignent à entreprendre, faute de moyens.

«Deux mois après mon accouchement en 2021, une convocation a été déposée au domicile de mes parents. Je devais me présenter à la brigade de gendarmerie de Minvoul. Arrivée sur les lieux, il m’a été signifié que je devais impérativement aller m’acquitter des frais d’accouchement à l’hôpital. Mes parents ont été contraints de s’endetter à cet effet», raconte une jeune fille habitant un quartier d’Ebomane et qui a requis l’anonymat.

Par ailleurs, les parents des jeunes filles, qui les accompagnent à l’hôpital lorsqu’elles sont en ‘’travail’’, fustigent les conditions de leur accueil et prise en charge médicale à l’hôpital. Car non seulement elles doivent, elles-mêmes, acheter tout ce qui est nécessaire à leur accouchement, mais en plus ce sont leurs parents qui doivent aller chercher de l’eau, puis laver et nettoyer la salle d’accouchement une fois la naissance terminée.

Approché par l’AGP le médecin chef du centre médical de Minvoul, le DR. Yannick Molekela, se défend et nous renvoie au respect des conditionnalités exigées, selon lui, des pouvoirs publics, des jeunes filles enceintes, afin de bénéficier de la mesure de gratuité d’accouchement dans les hôpitaux publics, décidée et annoncée par le président de la République, il y a plusieurs années.

«A l’hôpital, nous appliquons la mesure de gratuité décidée par le président de la République uniquement aux jeunes femmes enceintes dont le suivi de la grossesse a été assuré par nos soins, conformément aux instructions reçues de notre tutelle», explique-t-il .

Mais comment exiger d’une jeune fille paysanne en grossesse, vivant dans la précarité à son village situé de surcroît parfois à plusieurs dizaines de kilomètres d’un centre urbain, à s’y rendre régulièrement pour les multiples examens prénataux auxquels une femme enceinte doit se soumettre.

En définitive, la problématique des enfants dépourvus d’acte de naissance n’est près de trouver son épilogue au Gabon.

EMM/ANM/FSS

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