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«Mami Wata, le mystère d’Iveza» : Le cinéma gabonais renaît de ses cendres

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La Réalisatrice Samantha Biffot posant avec les officiels (premier plan) et son équipe de tournage (arrière plan).

Saluée unanimement par l’assistance lors de l’avant-première le vendredi 12 novembre écoulé à Libreville, la série «Mami Wata, le Mystère d’Iveza », de la jeune réalisatrice Gabonaise, Samantha Biffot, tournée entièrement au Gabon, avec les acteurs-comédiens gabonais, signe le retour du 7ème art gabonais au-devant de la scène internationale.

Grâce au concours financier de Canal+, le talent de Samantha Biffot a créé et réalisé cette série événement, de 8 épisodes de 52 minutes, récompensée 2ème prix sur 17 films dans la catégorie «meilleures séries» à la 27ème édition du Fespaco récemment au Burkina Faso.

Sur fond de polar fantastique, cette série entraîne les téléspectateurs dans les profondeurs de la légende «Mami Wata», grâce au casting qui a réuni les acteurs Gabonais de toutes générations, qui ont excellé dans leur art, devant l’exigence et la rigueur professionnelle de Samantha Biffot, pendant les 5 mois de tournage en pleine saison des pluies au Gabon.

La diffusion à l’international, dès ce lundi 15 novembre 2021 par Canal+, présage d’un franc succès, comme lors des précédentes grandes productions de référence du cinéma gabonais, il y a 10, 20, voire 30 ans en arrière. A l’image de « L’Auberge du Salut », « Les Couilles de éléphante », « Les Années Ecoles » « Le Collier du Makoko », entre autres.

Jean-Claude Mpaka, doyen des Comédiens Gabonais en activité.

Absent à la cérémonie solennelle d’avant-première, nous avons rencontré à Ntoum, Jean-Claude Mpaka, acteur culturel, aîné des comédiens encore en activité, présent dans la série « Mami Wata, Le Mystère d’Iveza » dans le rôle de ‘’Télesphore’ qui n’a pas dissimulé «tout le plaisir d’avoir été dirigé par une jeune et prometteuse réalisatrice». Et pour cause « la réalisation m’a fait comprendre de façon indélébile ce qu’on appelle en sport, ‘’mouiller le maillot’’. Ma profonde gratitude à Samantha Biffot jeune réalisatrice émérite, qui m’a poussé dans mes retranchements les plus insoupçonnés, d’où j’ai puisé la ressource qui a transformé, je crois une pierre ‘’Brute’’ en pierre ‘’Taillée’’. Comme quoi, ‘’l’Adversité est un puissant détonateur d’énergie créatrice’’».

Avant de porter, sans concession ni complaisance, son regard sur le cinéma gabonais, après le triomphe au Fespaco 2021. «Que vaut un scénario sublime, si le casting (comédiens, techniciens et tout corps de métiers) incarne l’approximation ? On croirait alors que le sésame qui ouvre sur la dextérité est garanti après ça. Or la réalisation ne peut jamais être éludée dans l’assemblage des ingrédients qui assurent à un film, une tenue alt.», fait-il savoir. Avant de poursuivre : «Samantha Biffot, à prime à bord tu es une fuyante. Mais quelle ténacité ! Pour nous sortir de nos tripes le meilleur que nous avons perdu. Tu sais faire de la dictature positive».

Ainsi, Ouagadougou n’aura pas été pour la délégation gabonaise une expédition touristique, mais plutôt un triomphe épatant, tout juste derrière le Sénégal [pays invité d’honneur avec la plus forte délégation, 19 productions pour 14 distinctions remportées NR] presque 30 ans après «L’Auberge du Salut».

Vue partielle du public lors de la projection en avant-première

En 1995, l’Afrique a célébré les 100 ans de son cinéma avec un amer constat dans ce domaine où on constate qu’il y a des pays qui avancent et d’autres qui font du sur place. Oubliant que «toute réussite fait référence à une rançon», relève ce comédien de renom. Pour illustrer ses propos, il cite : «Le Cameroun avait investi 1 milliard 900 million de F CFA pour la couverture médiatique lors de la visite du Pape Benoît XVI en 2012 dans ce pays. Le Sénégal a affecté, s’il vous plait, 2 milliards de F CFA pour la promotion du cinéma au pays de la Teranga».

Pas de surprise donc qu’une Dakaroise décroche le 1er prix de la «Meilleure série télé». Pendant ce temps, silence de cathédrale au Gabon qui a de haute lutte pourtant arraché le 2ème prix dans cette catégorie. «Combien de temps allons-nous nous accommoder de fossoyer notre cinéma», s’interroge l’ancien Directeur pendant plusieurs années au ministère de la Culture. Alors qu’il (le cinéma gabonais) regorge de talents ayant fait leur leurs preuves «Samantha Biffot, merci d’être revenu dans ton pays. Chapeau bas. En ce moment historique, je pense fortement à ta ‘’Pierre angulaire’’ qui est ton ‘’Ombre’’ et ton ‘’Miroir’’. Grand merci pour le pays », a conclu Jean-Claude Mpaka, qui a dit également : «Du point de vue de la corporation, je traverse une étape majeure et accède à un pallier». D’où son vœu de «Faire corps avec la grande masse des téléspectateurs- «Les Citoyens Souverains» – de sa localité de résidence Ntoum, qui n’ont que leur poste téléviseur pour savourer dès ce lundi 15 Novembre 2021, ce moment majestueux qui ramène le cinéma gabonais sous les feux de la rampe à l’internationale». Tout le monde est dans l’expectative, et personne ne souhaite rater ce rendez-vous historique de notre pays, avec la diffusion sur les chaines Canal+, des deux premiers épisodes de la série «Mami Wata, le Mystère d’Iveza», en phase avec l’esprit de la culture gabonaise, Jean-Claude Mpaka a tenu à rappeler que dans nos us et coutumes : «Les morts ne sont pas morts et que leur esprit s’installe toujours dans notre environnement. Peut-être que pour me faire un clin d’œil, Philippe Mory [l’Ancêtre du cinéma gabonais NR] et Charles Mensah [Parmi les premiers Directeurs Généraux du CENACI-IGIS, aujourd’hui NR], seront en esprit dans mon salon, pour se délecter dans une mystique qui échappe à plus d’un au moment de cette reprise de l’initiative historique dans la marche en avant de notre cinéma. Un véritable moment empreint de transcendance à tous les niveaux semble-t-il ».

Pour la marche en avant du cinéma gabonais, toutes les autorités compétentes devraient saisir la présente fenêtre internationale, offerte par Canal+, pour redonner vie au potentiel actif des talents gabonais dans tous les domaines artistiques en général. Au lieu de nous offrir une production cinématographique cyclique.

Jean OSSIE OTOUNGA

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