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L’avenir diplomatique entre la France et le Mali: «Des futurs partenariats franco-maliens reposeront avant tout sur l’égalitarisme» (Madina Tall)

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Le président français Emmanuel Macron, a rejeté vendredi, la demande du gouvernement malien de retirer « sans délai » les forces françaises engagées dans les opérations Barkhane et Takuba du Mali, déclarant qu’il ne transigerait pas sur la sécurité de ses troupes. Face à cette énième démonstration de la tension diplomatique qui existe depuis plusieurs mois entre les deux pays, quel avenir diplomatique peut-on envisager? Madina Tall, Analyste Politique et Géostratège ivoirienne, chercheuse sur les questions de terrorisme au Sahel et dans le Golfe de Guinée répond aux questions de la rédaction.

Gabon matin : Comment analysez- vous la position malienne qui demande à la France de retirer ses troupes sans délai sur le territoire malien ? celle de la France qui rejette cette injonction ? Cette fronde malienne inspirera- t- elle d’autres anciennes colonies françaises ?

Madina Tall : La position du Mali peut paraître rigide, démesurée ou irresponsable pour certains alignés à la realpolitik classique postindépendance. Mais, à mon avis, ce scénario à l’initiative de la junte malienne apparaît comme le dernier mercato pour sauver le peuple malien et faire renaître le Mali d’une descente aux enfers prédite tant les autorités militaires affichent un déterminisme féroce et enregistrent des victoires depuis un moment face au terrorisme et jouissent jusque-là encore d’une forme de légitimité populaire. Quant à la France, sa position était prévisible eu égard aux nombreuses obstructions du Mali justifiées par une inefficacité des actions militaires françaises sur le terrain et un bilan globalement insatisfaisant. Cependant, la récente crise diplomatique entre les deux états et les élections présidentielles françaises en approche ont précipité le départ de la France et certaines forces européennes. Mais, cette posture de la France même si elle répond à un souhait malien est le résultat de son arrogance diplomatique et condescendante à l’égard d’un autre état souverain (le Mali) et sa forfaiture dans la coopération militaire avec le Mali. Par ailleurs, la fronde malienne pourrait évidemment inspirer d’autres ex-colonies si et seulement si le Mali confirme son succès et devient un exemple régional avec son nouveau modèle. Et là, le mimétisme pourrait s’imposer à quelques spécificités près bien sûr.

Quelle suite à donner devant cet imbroglio ?

Cet imbroglio joue actuellement son temps d’escalade mais certainement dans un futur proche ou lointain aura sa désescalade. Entre temps, réorganisation stratégique et militaire des forces en présence (FAMA, MINUSMA, G5 SAHEL…) sont une obligation afin de combler le vide après le départ de la France pour résister et combattre avec responsabilité et engagement le terrorisme.

Quel est l’avenir des relations de coopération entre la France et le Mali ?

En tout état de cause, la forme et le fond des futurs partenariats franco- maliens reposeront avant tout sur l’égalitarisme entre les états avec toutes les dimensions juridiques, politiques, économiques ou encore militaires qui s’y greffent.

Des Assimi Goita militairement parlant ou encore des Ousmane Sonko politiquement parlant, on en trouve partout en Afrique avec le même slogan : l’Afrique autrement.

Propos recueillis pas VEM

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