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Guerre Russie-Ukraine : les origines du conflit

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Le président russe, Vladimir Poutine, a décidé d’attaquer militairement l’Ukraine le 24 février dernier, suite à des décennies de tensions entre Kiev et Moscou. Retour sur les origines du conflit entre ces deux pays.

Ancienne république soviétique devenue indépendante en août 1991, l’Ukraine est une zone-tampon entre la Russie et l’Europe. Le pays de 44 millions d’habitants est divisé entre une majorité pro-occidentale, à l’ouest, et des séparatistes pro-russes qui refusent de couper le cordon avec Moscou. Environ 17 % de la population est d’origine russe et la partie orientale du pays est majoritairement russophone.

L’élection du président réformateur pro-occidental Viktor Iouchtchenko (2005-2010) marque le début du rapprochement de Kiev avec l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), alliance militaire créée en 1949 pour faire face à la « menace soviétique« . Une nouvelle proximité impensable et insupportable pour le chef du Kremlin, qui craint une menace pour la sécurité de son pays.

Elu en 2010, Viktor Ianoukovitch, le nouveau chef de l’Etat ukrainien favorable à Moscou, met un terme trois ans plus tard à l’accord d’association avec l’UE au profit de la coopération avec la Russie. Une décision qui provoque des manifestations massives sur la place de l’Indépendance (Maidan) à Kiev, où sont réunis entre 200 000 et 500 000 manifestants pro-européens qui réclament la fin du pouvoir autoritaire de Ianoukovitch. La révolution, violemment réprimée par les forces de l’ordre causant plus de 80 morts et près de 2 000 blessés, conduit à la chute de Ianoukovitch, le 22 février 2014.

Vladimir Poutine profite du conflit pour annexer la Crimée, une péninsule stratégiquement importante sur la mer Noire. La population locale approuve ce rattachement à la Russie à une écrasante majorité (plus de 96 %) à l’issue d’un référendum condamné par la communauté internationale. Les premiers combats éclatent lorsqu’une partie des provinces de Donetsk et de Lougansk, dans le Donbass ukrainien, s’autoproclament « républiques populaires » après des référendums jugés eux aussi illégaux. Aucun Etat ne les reconnaissait jusqu’à lundi soir.

Pour la plupart des Ukrainiens, la menace d’une intervention russe plus large en Ukraine n’est donc que le dernier épisode d’une guerre inachevée de huit ans. Malgré la signature des accords de Minsk entre l’Ukraine et la Russie, sous le patronage de la France et de l’Allemagne, censés mener à une sortie du conflit, les combats ininterrompus dans le Donbass ont fait plus de 14 000 morts depuis 2014.

La situation s’est envenimée en novembre, lorsque Washington a demandé à Moscou des explications sur des mouvements de troupes « inhabituels » à la frontière ukrainienne. En avril, la Russie avait déjà mobilisé des soldats près de l’Ukraine et en Crimée annexée, avant de retirer une grande partie de ses troupes.

La Russie accuse de son côté les Occidentaux de livrer des armes à Kiev et de mener des exercices militaires « provocants » dans la région. Vladimir Poutine, souhaitant redéfinir l’architecture sécuritaire sur le continent européen, qu’il juge défavorable à la Russie, a exigé de la part de Washington des « garanties » écrites, dont l’assurance que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’Otan – des demandes inacceptables pour les Occidentaux.

L’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique représente depuis la fin de la guerre froide l’un des objectifs stratégiques du pays pour contrer l’influence de Moscou. En avril 2008, lors du sommet de Bucarest, tous les membres de l’Otan ont fait valoir à Kiev une perspective d’adhésion, sans annoncer de calendrier. La crise de 2014 a marqué une accélération de la coopération entre l’Alliance atlantique et Kiev, sans toutefois apporter de réponses aux aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine. En juin 2020, le pays est néanmoins devenu l’un des six pays partenaires « nouvelles opportunités » de l’Otan, augmentant un peu plus la collaboration entre Kiev et les membres de l’Otan. Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réaffirmé son souhait que son pays rentre dans l’organisation, réclamant un calendrier d’adhésion « clair et réalisable« .

La crise ukrainienne illustre le bras de fer auquel se livrent Washington et Moscou depuis la fin de la guerre froide. Les Etats-Unis ont très vite pris au sérieux la menace russe, le président Joe Biden allant même jusqu’à évoquer un risque de « guerre mondiale » en cas de confrontation entre soldats américains et russes si des opérations de sauvetage devaient avoir lieu en Ukraine. Tout en dénonçant une « invasion imminente » depuis des semaines, l’administration américaine a multiplié les rendez-vous diplomatiques avec les Russes.

Dans un discours télévisé prononcé avant l’aube du 24 février, le président Poutine a déclaré que la Russie ne pouvait pas se sentir « en sécurité, se développer et exister » en raison de ce qu’il prétendait être une menace constante de l’Ukraine moderne. Immédiatement, des aéroports et des quartiers généraux militaires ont été attaqués, puis des chars et des troupes ont afflué de Russie, de la Crimée annexée par la Russie et de son allié le Belarus. Maintenant, des avions de guerre ont bombardé les grandes villes.

La Russie refuse d’utiliser les termes de guerre ou même d’invasion; nombre des justifications de son dirigeant étaient jugées fausses ou irrationnelles. Il a prétendu que son objectif était de protéger les personnes soumises à des brimades et à un génocide et visait la « démilitarisation et la dé-nazification » de l’Ukraine. Il n’y a pas eu de génocide en Ukraine : c’est une démocratie dynamique, dirigée par un président qui est juif.

Aussi Moscou s’est défendu de vouloir « reconstituer un empire« , assurant que le Kremlin restait « ouvert » à la diplomatie. Du côté des occidentaux, de lourdes sanctions ont déjà été adoptées contre la Russie.

DT (source BBC et Libération)

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