LIBREVILLE, 31 juillet 2025 (AGP) – En marge de la restitution des résultats des recherches menées dans le cadre de l’école d’été Transbio, organisée à la station de l’Ipassa dans le parc national de l’Ivindo par l’Université de Bourgogne Franche-Comté, en partenariat avec le CENAREST et l’Université Omar Bongo, avec le soutien de l’initiative One Forest Vision, Johannes Marchand, chargé d’études et herpétologue, s’est confié à notre rédaction pour lever les préjugés sur les serpents du Gabon, souvent diabolisés à tort. Lecture
AGP : Veuillez vous présenter et préciser votre spécialité.
Johannes Marchand : “Je m’appelle Johannes Marchand. Je suis chargé d’études et expert en herpétologie, la discipline qui étudie les reptiles et les amphibiens.”
Quel a été votre apport durant l’école d’été Transbio à Ipassa ?
“J’ai animé une conférence sur les serpents du Gabon. À l’échelle mondiale, ces animaux sont généralement mal perçus, souvent tués par réflexe. Or, au Gabon — situé sur la ceinture tropicale — la question des serpents relève aussi de la santé publique. Il me semblait important de sensibiliser le public à leur présence, de les “dédiaboliser” et d’informer sur les bons gestes à adopter en cas de morsure, notamment par des espèces venimeuses.”
Combien d’espèces de serpents compte-t-on au Gabon ?
“On recense 73 espèces de serpents au Gabon. Mais peu savent que seules 24 sont potentiellement dangereuses. Parmi elles : la vipère du Gabon, le mamba vert, le cobra forestier, le cobra cracheur et la vipère à cornes. On peut également citer de petites vipères moins connues, d’environ 60 cm, comme la vipère arboricole. Cette dernière, très reconnaissable par ses teintes vert-bleu, parfois rouge et noire, peut provoquer des complications rénales en cas de morsure.”
Quel est leur rôle dans l’écosystème ?
Les serpents jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes. Ils contribuent à la régulation des populations de rongeurs — nuisibles pour les cultures et parfois à l’origine d’incendies domestiques. Ils sont aussi un maillon de la chaîne alimentaire pour d’autres espèces. Leur présence est donc fondamentale dans les réseaux trophiques.”
Comment réagir face à un serpent ?
“Face à un serpent, mieux vaut garder ses distances, surtout si l’on ne peut l’identifier. Tenter de le tuer, notamment s’il est venimeux, augmente les risques de morsure. Il faut comprendre qu’un serpent n’attaque pas par nature : il se défend, en réponse à une menace ou au stress. La prudence et le calme sont les meilleurs réflexes.”
Dans quelles régions retrouve-t-on les serpents au Gabon ?
“Avec le couvert forestier dense du Gabon, les serpents sont présents sur l’ensemble du territoire. Leur répartition dépend des biotopes : certaines espèces privilégient les milieux humides, comme le cobra aquatique ; d’autres préfèrent les zones ouvertes, telle la vipère heurtante ; d’autres encore, les forêts denses, comme le mamba vert ou la vipère du Gabon.”
Propos recueillis par CM

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