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Expulsion de l’ambassadeur de France au Mali : vers une rupture des relations entre les deux Etats

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L’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, s’est vu accorder 72 heures pour quitter le pays après les propos du ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, qui mettent en cause la « légitimité » des militaires au pouvoir. Un pas de plus vers la rupture des relations entre les deux pays.

Au regard des vives tensions observées ces dernières semaines entre la France et le Mali, le point de rupture semble approché à grand pas. L’expulsion annoncée hier de l’ambassadeur de France au Mali n’est pas le fruit d’un simple coup de colère des militaires au pouvoir après des propos peu diplomatiques de Jean-Yves Le Drian, mais le signe qu’un point de non-retour a peut-être été atteint.

Le communiqué malien qualifie d’ »hostiles et outrageux » les propos du ministre français des Affaires étrangères qui n’avait pas hésité à qualifier d’ »illégitime » le pouvoir militaire malien.

On est au-delà de la guerre des mots quand c’est la « légitimité » de l’autre qui est remise en cause. La France a déjà pris acte de l’impossibilité de poursuivre comme avant les opérations de son armée dans la zone sahélienne, neuf ans après des interventions contre les jihadistes. Toutefois, Paris a réitéré son engagement en faveur de la stabilisation et du développement du Sahel, mais sans mentionner nommément le Mali.

Il faut toutefois relever que le Mali déclare vouloir maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires, y compris la France, mais cette volonté est difficilement conciliable au regard de la manière forte qui a été choisie et qui a surpris bien des observateurs. Non sans oublier son rapprochement avec la Russie par le biais de la société paramilitaire Wagner, créée par un proche de Vladimir Poutine, qui compte à ce jour près de 1000 hommes déjà  présents au Mali.

Paris s’est vivement opposé à l’éventualité pour Bamako de nouer de nouveaux partenariats notamment avec cette société paramilitaire russe. Jusque-là, les autorités maliennes de la transition insistent sur un point : aucun contrat n’a été signé avec ce groupe privé. Malgré ses démentis, le ton n’a cessé de monter.

Une autre raison a envenimé les relations entre la France et le Mali. Il s’agit de la durée de la transition. Fin octobre, les autorités maliennes ont annoncé le report des élections prévues le 27 février pour des raisons de sécurité, et depuis, des désaccords profonds ont été enregistrés entre les deux parties. Faute de consensus, la Cédéao a imposé des sanctions diplomatiques et économiques sévères au Mali. Invoquant le principe de souveraineté nationale, les autorités maliennes reprochent à la France d’instrumentaliser les organisations sous-régionales.

Si les échanges sont difficiles depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, le ton est véritablement monté à compter du second coup de force des militaires, en mai 2021. Le 10 juin, Emmanuel Macron annonce une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel. Le mois suivant, il précise notamment la fermeture des bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou.

La ministre française des Armées Florence Parly déclarait il y a une semaine que la junte multipliait « les provocations ».

En réponse, le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait jugé ces propos comme « empreints de mépris« ,  sur les antennes de RFI vendredi. Prévenant que son pays n’excluait « rien » dans ses relations avec la France.

Valerie EZEME MBO

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