Dans cette interview accordée à Gabon matin, M. Dieudonné Ella Oyono, canadien d’origine gabonaise vivant au Québec depuis 20 ans et premier Africain d’origine à occuper le poste de président d’un grand parti au Canada «Parti québécois», nous présente, ici, les mission d’un organisme qu’il a créé pour mobiliser la diaspora africaine du Canada, afin qu’elle participe au développement économique du continent.
Gabon Matin : Quelles sont les missions d’«Afrique Canada Opportunities», l’organisme que vous avez créé pour pousser la diaspora africaine du Canada à investir sur le continent ?
Dieudonné Ella Oyono : «La principale mission d’’’Afrique Canada Opportunité’’ (ACO) est de mobiliser la diaspora africaine du Canada afin qu’elle participe au développement économique du continent. Pour ce faire, différents moyens sont mis à contribution notamment des interventions sur le terrain en Afrique, particulièrement en collaboration avec les administrations locales dont les maires, des conférences ou ateliers de formation en matière de renforcement des capacités, un fonds diaspora africaine pour appuyer des projets mis de l’avant par des entrepreneurs. Au Canada, nous accompagnons les membres de la diaspora au niveau de l’intégration sur le marché du travail ainsi que dans le développement des affaires en mettant à leur disposition nos différents réseaux. Dans nos discussions avec les villes africaines, nous nous intéressons à plusieurs enjeux touchant la qualité de vie des populations».
Comment cela se matérialise-t-il en Afrique sachant que vous résidez au Canada?
«Jusqu’en 2020, le gros du travail se faisait au Québec afin de bien asseoir l’organisation. Mais les efforts vers l’Afrique ont réellement commencé en 2017 à la suite du congrès de l’Association internationale des maires francophones (AIMF) qui s’est tenu à Montréal en juin 2017. Lors de cet événement, ACO a noué des liens avec plusieurs maires dont particulièrement ceux de la délégation sénégalaise qui ont démontré de l’intérêt pour un partenariat. Des discussions ont par la suite commencé et auraient dû aboutir à des signatures d’entente en 2020 mais la pandémie a changé les plans. Au quotidien, nous sommes disponibles à mettre en relation toute ville africaine avec des experts de la diaspora pour des mandats d’accompagnement. Ce que nous visons à terme c’est une plateforme de mise en relation entre les villes africaines qui ont des marchés et nos experts à la recherche de mandats. Nous croyons que c’est une façon efficace de lutter contre la fuite des cerveaux, un nouveau modèle de coopération nord-sud. Les domaines suivants : collecte et transformation des ordures, urbanisme et planification du territoire, verdissement et aménagement des espaces publics, lutte contre les inégalités sociales, démocratie participative, renforcement des capacités des agents de l’État ou même des dirigeants du secteur privé occupent une place de choix dans nos discussions avec les parties intéressées».
Avez-vous des modèles de réussite en Afrique que votre organisme a accompagnés. Si oui, citez-nous en quelques-uns.
«Les interventions directes en Afrique sont récentes. En plus d’une conférence à l’université Omar Bongo sur la fuite des cerveaux, nous avons reçu en stage à Montréal deux étudiants burkinabé en 2019. Nous poursuivons des discussions en Afrique de l’ouest pour décrocher un premier mandat d’accompagnement d’une municipalité. Au Gabon, des discussions sont également en cours pour une mission économique d’ici la fin de l’année avec des partenaires européens et canadiens. Compte tenu des délais causés entre autres par la pandémie, nous avons créé ‘’Femmes en action pour le développement durable’’ (FADD AFRIQUE), un organisme dédié pour accompagner les femmes entrepreneures en Afrique dont le lancement de l’antenne du Gabon (FADD GABON) s’est fait en avril 2021».
Quel bilan à mi-parcours dressez-vous plus d’un mois après le lancement de FADD Gabon ?
«Suite à l’appel à projets que nous avons lancé, dix (10) femmes gabonaises ont soumis des projets et les récipiendaires des bourses seront annoncées le 14 juin prochain. FADD GABON est un point de départ car notre ambition est d’être dans une dizaine de pays africains à l’horizon 2030, ce qui nous permettra de mettre en réseau des milliers de femmes qui seront financées, accompagnées et pourront s’entraider. Le projet pilote que nous faisons au Gabon est donc un test très important pour améliorer le concept afin de pouvoir l’exporter ailleurs en Afrique. Nous avons déjà des contacts au Bénin, au Sénégal ainsi qu’au Burkina-Faso».
Propos recueillis par Valérie Ezeme Mbo
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