Annoncée par le ministre gabonais des Sports Franck Nguéma, la reforme devant aboutir à une meilleure organisation et un déroulement du National-Foot et assurer sa pérennité ne manque cependant pas de susciter diverses inquiétudes et interrogations en ce qui concerne les principaux acteurs, notamment les clubs qui, pour la plupart, sont au bout du rouleau.
Alors que tous avaient applaudi des deux mains, la migration du statut amateur du championnat national de football gabonais à celui de professionnel, la donne a, semble-t-il, changé près de 10 ans après au moment de faire les premiers bilans. Les espoirs de voir enfin les footballeurs locaux vivre pleinement de leur activité ont laissé place au doute et au désespoir de vivre un avenir à la conjugaison incertaine.
Suspendu depuis le mois de mars, le National-Foot, comme bien d’autres compétitions locales, n’a plus donné signe de vie, en raison de la situation sanitaire actuelle du pays, largement dominée par l’intrusion de la Covid-19. Et au moment où de nombreuses voix s’élèvent pour demander une reprise des activités sportives sous conditions et respect des mesures préventives pour parer à une éventuelle propagation de cette pandémie, le ministère des Sports, par la voix de son premier responsable, bien que très silencieux sur la question, continue néanmoins quant à lui à dérouler tout doucement son agenda. Avec en ligne de fond, la réforme du National-Foot et non celle du sport plus globalement comme cela a été très répandu dans certains médias.
Un projet non pas futuriste comme l’a été le passage brusque au professionnalisme, mais réaliste compte tenu du statut juridique du National-Foot, devenu au fil des années une véritable épine au pied des décideurs gabonais en raison des coûts assez élevés, nécessaire à son organisation pour des résultats quasi nuls, sinon inexistants non seulement en termes de qualité, spectacles, affluence dans les tribunes ou entrées financières. Là où ailleurs, des compétitions de cette nature sont des véritables niches à sous, au Gabon, le National-Foot a fini par convaincre même les plus sceptiques de ce qu’il était devenu un simple tournoi du «quartier» où il fallait tout simplement avoir de bons rapports avec la Ligue nationale de football (Linaf) pour pouvoir s’y inscrire et attendre tout bonnement la subvention de l’Etat.
Sauf que la crise économique étant. En plus de la Covid-19, la providence de l’Etat tend progressivement à s’éloigner et prendre ses distances avec ses «éternels attentistes». Il fallait bien tôt ou tard sonner le glas et mettre fin à ce mécanisme qui a tend créer de problèmes que de solutions, à en croire le niveau d’endettement des clubs vis-à-vis des agences de voyages, hôtels, joueurs et autres partenaires.
C’est donc dans ce sens-là, que cette réforme sera la bienvenue d’autant qu’elle permettra d’assainir un environnement où les passe-droits et autres arrangements d’arrières boutiques de dirigeants véreux ont pris le dessus sur l’essence même du National-Foot, autrement dit: le jeu.
Désormais, l’on ne se préoccupe plus sur la nécessité au niveau des clubs d’avoir au préalable un siège social, des installations sportives à savoir un terrain d’entrainement, un stade officiel pour les matchs, un centre de formation etc…Ce qui compte aujourd’hui, c’est avoir un effectif de 23 joueurs parfois même «aventuriers» et très souvent mal payés que l’on va diriger au gré des promesses.
Et, au moment d’évoquer cette réforme tant attendue du National-Foot, l’on ne peut manquer de s’interroger sur la nature même de ses futurs participants si bien que le respect du cahier de charges pour pouvoir y participer devra être en principe l’une des conditions primordiales. Sauf qu’un petit tour d’horizon suffit à se rendre compte que les clubs de première et deuxième division sont pour la plupart asséchés financièrement, voire même ruinés du fait de la suspension prolongée du National-Foot et de la dette de l’Etat gabonais vis-à-vis de ces derniers qui tarde toujours à être épongée. Un tableau assez sombre pour espérer voir l’horizon s’éclaircir.
Fusher Edzang
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