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Interview : « LaTransition offre au Gabon l’opportunité de faire de véritables réformes », dixit François Ndong Obiang

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LIBREVILLE, 09 octobre 2024 (AGP) – Le Premier vice-président de l’Assemblée nationale de la Transition, François  Ndong Obiang, par ailleurs président du parti politique « Réappropriation du Gabon pour son Indépendance et sa Reconstruction » (RÉAGIR) a, dans une interview exclusive accordée à la Rédaction AGP/Gabon Matin, donné son point de vue sur l’évolution de la Transition, le projet de la nouvelle constitution, son parti politique et ses ambitions futures. Lecture.

AGP : Monsieur Ndong Obiang, le Gabon connait depuis le 30 août 2023, une Transition politique. Quelle est son évolution depuis son avènement ?

François Ndong Obiang : « La Transition politique au Gabon représente un moment charnière, offrant, pour la première fois depuis de nombreuses années, l’occasion d’initier de véritables réformes. Nous avons constaté l’émergence d’un climat propice à l’écoute et à l’échange, qui, je l’espère, contribuera à l’édification d’un Gabon à la fois inclusif et prospère. Néanmoins, il est impératif de maintenir une vigilance constante face aux actions engagées pour s’assurer que ces transformations soient tangibles et en adéquation avec l’émancipation du peuple gabonais, ainsi qu’avec l’épanouissement d’un développement inclusif pour notre pays et l’ensemble de sa population sanslaisser personne au bord du chemin malgré nos divergences ».

Quelles sont, selon vous, les principales avancées réalisées durant cette période ?

« Parmi les avancées significatives, je soulignerais l’organisation d’un dialogue national, qui a permis de rassembler des acteurs provenant de divers horizons. Aujourd’hui, il est encourageant de constater que des filles et des fils du pays peuvent se retrouver autour d’une table pour débattre de l’avenir du Gabon, alors que la fracture engendrée par le régime déchu nous avait plongés dans une profonde division. Cette initiative a favorisé une compréhension accrue des enjeux auxquels nous faisons face ensemble. De surcroît, pludieurs initiatives visant à promouvoir la transparence et à renforcer la bonne gouvernance commencent à émerger, bien qu’il reste crucial d’engager des efforts soutenus pour assurer la durabilité de ces avancées. Par ailleurs, en plus du respect de l’agenda politique établi au début de la Transition et des efforts de réappropriation économique à travers certaines acquisitions, il est manifeste qu’en l’espace d’une année, le Président Oligui Nguema s’est affirmé comme un véritable bâtisseur : aujourd’hui, tout le Gabon est en plein chantier. C’est un développement d’une grande importance. C’est un enjeu majeur, compte tenu du fossé abyssal qui pèse sur notre pays en matière d’infrastructures. J’aspire avec ferveur à ce que cet élan de construction soit couronné de succès. Telles sont les principales avancées de la Transition aujourd’hui ».

Quels sont les défis majeurs que vous identifiez et comment le parti REAGIR entend-il y faire face ?

« Les défis auxquels nous sommes confrontés sont multiples et incluent, entre autres, la nécessité d’établir une paix durable, d’encourager la cohésion sociale, de promouvoir l’état de droit, et d’assurer la stabilité, tout en veillant à ce que chaque voix des Gabonais soit entendue. REAGIR s’engage fermement à jouer un rôle actif dans cette transition aux côtés des autorités. Présents dans les deux chambres du Parlement ainsi que dans les délégations spéciales, nous nous efforçons d’aligner nos propositions sur les aspirations légitimes du peuple et sur les défis cruciaux quise présentent à nous. Il est essentiel que les réformes envisagées ne se limitent pas à des mesures ponctuelles, mais s’inscrivent plutôt dans une approche durable et inclusive. Cependant, il convient de reconnaître qu’il est actuellement difficile voire impossible d’atteindre un consensussur certaines questions, même au sein d’un seul parti, et a fortiori à l’échelle d’une Nation. La nouvelle constitution est au cœur des débats ».

Quelles sont les principales modifications proposées et pourquoi sont-elles nécessaires selon vous ?

« Les modifications suggérées ont pour objectif d’élargir le cadre des droits fondamentaux accordés aux citoyens gabonais, de protéger l’identité nationale et de renforcer nos institutions. En outre, l’évolution vers un régime politique présidentialiste nécessitera des aménagements significatifs et un effort d’adaptation de la part de tous. Il est impératif que notre Constitution devienne un véritable garant de la justice sociale et de l’équité. Des ajustements peuvent être considérés en s’appuyantsur les amendementsformulés par les deux Chambres du Parlement réunies ennassemblée constituante, ainsi que sur les propositions émergentes provenant de divers horizons ces derniers temps. Il est important de garder à l’esprit que toute œuvre humaine est susceptible d’amélioration ».

Comment envisagez-vous l’impact de ces réformes constitutionnelles sur la gouvernance et la démocratie au Gabon ?

« Ces réformes doivent jouer un rôle crucial dans l’édification d’un État de droit solide, où le citoyen occupe une place prépondérante. Une Constitution renforcée serait en mesure d’établir des mécanismes de contrôle efficaces, contribuant ainsi à réduire la corruption et l’arbitraire, tout en rétablissant la confiance des Gabonais envers leurs institutions. Il est à noter qu’au cours de l’histoire politique de notre pays, de nombreux premiers ministres ont souvent exprimé le sentiment de n’avoir « jamais gouverné », ce qui a engendré une ambiguïté quant au rôle de l’Exécutif. Dans la nouvelle configuration, le Président de la République, élu au suffrage universel et bénéficiant d’une légitimité populaire, assumera une responsabilité totale, sans le recours à un Chef du Gouvernement comme fusible ou couverture. Je tiens à affirmer qu’un tel positionnement est en adéquation avec la réalité de l’exercice du pouvoir au Gabon ».

Quels sont les points de désaccords entre les différentes parties prenantes concernant la constitution ?

« Les divergences majeures concernent principalement l’étendue des pouvoirs du Président, la question de la nationalité gabonaise, et le thème de la décentralisation. D’une part, certains militent en faveur d’un renforcement des prérogatives présidentielles, tandis que, d’aucuns appellent à une répartition plus équilibrée des pouvoirs et à une séparation plus claire entre les différentes institution, d’autre part. Il est crucial d’initier un débat constructif afin d’aboutir à un consensus qui incarne la volonté du peuple et qui permette de bâtir un modèle politique non pas tiré des manuels de sciences politiques, mais qui reflète les aspirations légitimes de nos concitoyens ainsi que les valeurs du peuple gabonais. En effet, la force des institutions réside dans la capacité des gouvernants à se dépasser pour agir dans le cadre du respect de la Constitution et des autres textes en vigueur, sans laisser place à l’arbitraire. Il est vrai que la solidité desinstitutions repose sur la capacité des gouvernants à exceller tout en respectant la Constitution et les autres lois en vigueur, sans céder à l’arbitraire ni à l’autoritarisme. En somme, ce sont les hommes qui façonnent les États, et non pas uniquement les textes ».

Un référendum est prévu concernant la nouvelle Constitution. Comment le parti REAGIR se prépare-t-il à cet.événement ?

« Le parti REAGIR est dirigé depuis plusieurs mois par une équipe, avec à sa tête un président intérimaire. J’ai pleine confiance en cette gou- vernance interne, qui saura jouer un rôle crucial lors de ces élections essentielles pour l’avenir de notre pays. Toutefois, il serait judicieux d’envisager au préalable une campagne d’information visant à sensibiliser les citoyens aux enjeux du référendum. Nous sommes convaincus que ce référendum représente une.véritable opportunité pour le peuple de s’exprimer sur son avenir. Notre mission consistera à éclairer et à expliquer à notre peuple l’importance de disposer d’une Constitution, cette loi fondamentale qui marque notre retour vers une normalité politique et institutionnelle. Ainsi, il est essentiel de comprendre qu’en fonction du choix des Gabonais et des Gabonaises, il n’y aura qu’un seul vainqueur ou un seul perdant : le Gabon lui-même ! Il est donc crucial de réaliser que cette question ne relève pas uniquement des partis politiques ou de quelques individus jouissant du confort de leursintérêts personnels. Il s’agit d’une préoccupation collective, car ce pays appartient à chacun d’entre nous ».

Quelles sont vos attentes concernantle résultat de ce référendum, et comment pensez-vous qu’il pourrait influencer la Transition en cours ?

« Je suis persuadé que le peuple gabonais votera en faveur des réformes proposées, non pas parce que le texte soumis sera parfait, mais pour de multiples raisons. Un résultat positif renforcerait sans aucun doute le mandat des acteurs de la transition et démontrerait que les Gabonais aspirent à un changement pour explorer de nouvelles perspectives. Cela enverrait également un message fort à nos partenaires internationaux, affirmant notre volonté de construire une démocratie résiliente ».

En tant que leader politique, quelles sont vos ambitions personnelles pour l’avenir du Gabon ?

« Mon ambition est de participer activement à la construction d’un pays où chaque citoyen se sente heureux, écouté et impliqué dans le processus politique. Je désire être un
facilitateur de dialogue et d’innovation, veillant à ce que les décisions politiques prennent en compte la voix de tous les Gabonais, quelles que soient leurs origines. Il est essentiel que nous bâtissions notre pays en mobilisant toutes nos ressources positives et compétentes, afin de transcender nos comportements identitaires et de nous projeter vers l’avenir. Si vous deviez vous projeter dans les prochaines élections, quel rôle souhaitez-vous jouer ? Je ne m’engage pas dans la quête du pouvoir personnel, mais pour l’idée d’un Gabon meilleur. Comme en 2023 avec mes collègues d’Alternance 2023, je fais partie d’une dynamique résolue à explorer les voies de l’alternance pour reconstruire notre pays. C’est au sein de cette dynamique, dont REAGIR fait partie, que les décisions se prendront en temps voulu ».

Cependant, si les Gabonais sont satisfaits de la situation actuelle, pourquoi envisager une autre voie ?

En tant qu’homme de principes et de convictions, et fort de mon éducation, je ne trahis pas mes coéquipiers, qui s’engagent sincèrement en faveur du progrès et du bien-être de notre pays. Je reviendrai en détail sur ces questions lors de ma prochaine sortie politique, prévue le 12 octobre dans le 2ème arrondissement de Libreville, à la demande des habitants de mon arrondissement et d’autres localités du pays ».

Quel message aimeriez-vous adresser à vos partisans et à la population gabonaise en cette période de Transition ?

« Je tiens à rappeler à mes concitoyens que leur engagement est crucial durant cette période de transition. Chaque voix compte, et il est impératif que nous unissions nos efforts pour construire le Gabon que nous désirons. Restons mobilisés et déterminés à faire entendre nos voix et à défendre nos droits, tout en étant
pleinement conscients des enjeux. Comme l’a si bien dit Gregory Ngwa Mintsa, personne ne construira le Gabon à notre place. Il est temps de mettre de côté les querelles inutiles et l’activisme stérile pour nous engager dans un travail constructif. Ensemble, chacun selon son génie, ses talents et son domaine d’action, œuvrons à réaliser le Gabon de nos rêves. Il est essentiel que chaque femme, chaque jeune et chaque homme se positionne en accord avec son identité véritable pour favoriser la restauration de l’harmonie cosmique, soutenus par nos ancêtres et les mannes de notre pays, rassemblés autour d’une noble cause. En résumé, osons dépasser nos querelles politiciennes et identitaires, et unissons nos efforts pour retrousser nos manches en vue de la
reconstruction et de la renaissance de notre pays, le Gabon ».

Propos recueillis par SN/FSS/EN

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