Libreville, 08 juillet 2024 (AGP)- Annoncé le 21 juin dernier, le rachat définitif d’Assala Energy par l’Etat gabonais, via la société Gabon Oil Company (GOC), a constitué l’un des points forts de l’émission « Les Grands Dossiers », consacrée au département Pétrole, diffusée sur la chaine nationale Gabon télévision, dimanche 07 juillet. Occasion pour Marcelin Simba Ngabi, Administrateur directeur général de la GOC, de donner des détails sur le processus de ce rachat. Quelques extraits de son intervention.
Choix du partenaire
«Avant de m’étendre, je voudrais d’abord commencer par marteler qu’Assala n’a pas été nationalisée, mais rachetée par l’Etat. La différence est importante. Parce que nationaliser, c’est prendre de force, sans payer. Ensuite, il y a la question du rachat qui est lancinante en effet.
Lorsque le gouvernement gabonais a autorisé la GOC à préempter sur Assala Energy, c’était une préemption sous conditions. La première était de ne pas compter sur le budget de l’État pour le rachat de cette entreprise pétrolière. Il fallait préempter en cherchant un investisseur. Une autre condition était que cet investisseur ne soit pas dans le capital d’Assala, parce que l’État gabonais voulait être à 100 % dans le capital, pour en faire une société entièrement souveraine.
Ensuite, on voulait être opérateur. Encore une question de souveraineté. Parce qu’on considérait que les Gabonais, après un peu plus de 67 ans d’exploitation pétrolière, avaient les capacités, la maîtrise et la compétence pour continuer à gérer, comme ils le font aujourd’hui au sein des multinationales qui exercent dans notre pays.
Donc nous sommes allés sur le marché international pour rechercher des investisseurs(…) nous avons rencontré près de 34 entités (banques, sociétés, etc.) qui étaient prêtes à nous accompagner. Mais nous avions nos conditions. Je rappelle, parce que c’est très important, que les autorités gabonaises nous avaient demandé de choisir le partenaire le plus tard possible, afin de permettre à tous les investisseurs de postuler. On a rencontré des partenaires de tous pays, de tous les continents. Nous avons choisi l’entreprise suisse Gunvor, qui remplissait toutes les conditions nécessaires pour nous.»
Montant et montage financier
«Ce deal, classique en soit, est basé sur deux contrats : un contrat de commercialisation et un contrat de financement. S’agissant du financement, on a racheté Assala exactement à 1,055 milliard de dollars. Ce qui fait environ 633 milliards de FCFA. Ce n’est pas 800 milliards comme on a pu l’entendre ici et là. Cette somme, nous allons la rembourser 5 ans, même si le contrat que nous avons signé nous donne la possibilité de rembourser par anticipation. A compter du mois de septembre 2024, nous allons rembourser la somme de 20 millions de dollars par mois. Ce qui fera 240 millions de dollars par an. Soit environ 144 milliards de francs CFA l’année.
C’est plutôt sur la partie commercialisation que nous avons innovée. Nous avons décidé de vendre au prix du marché. Il n’y aura donc pas de décote dans le cadre de cette commercialisation. Ce sera plutôt au prix du marché. C’est comme si on faisait un appel d’offres à chaque fois à l’international, pour vendre à la meilleure offre. Je peux comprendre que l’Etat ne fasse pas ce genre de rachat souvent, que c’est nouveau pour les gens, mais il n’y a rien de caché derrière le deal entre Carlyle et l’Etat Gabonais, pour le rachat d’Assala ».
Avantages réels
«Après l’acquisition d’Assala qui produit 25 % du pétrole gabonais, beaucoup de choses pourront changer. De manière simple, Assala, c’est en gros 50.000 barils par jour. Ça veut dire qu’en rachetant Assala, l’Etat gabonais gagne 50.000 barils de plus. Ce qui équivaut à de l’argent.
Pour essayer d’évaluer le montant de ces gains, je vais vous donner un exemple concret. En 2023, le bénéfice net de la société Assala était de 287 millions de dollars. Soit 166 milliards FCFA. Ça veut dire, si ce rachat avait été fait en janvier 2023, l’État gabonais aurait engrangé en bénéfice net de 166 milliards FCFA. Sans oublier qu’une société pétrolière paie beaucoup d’autres taxes et impôts au cours d’une année. Cela veut dire qu’en réalité, ce sont plus de 166 milliards que l’État gabonais aura engrangé.
Il y a d’autres avantages, comme la signature du Gabon qui se voit confortée à l’international. N’oublions pas que nous sommes allés sur le marché à l’international pour aller discuter avec des partenaires qui nous ont fait confiance. Cela veut dire que quelque part, le Gabon inspire la confiance, en dépit du régime de Transition dans lequel nous sommes.
Ensuite, il y a l’avantage qu’en vendant le pétrole à notre propre compte, Le Gabon fait revenir des devises, et augmente ses réserves de change. Cet argent qui va revenir dans la sous-région va permettre d’asseoir notre monnaie, le FCFA.
Un autre point positif, est que, nous aurons désormais un terminal pétrolier. Ce qui nous manquait pour maîtriser entièrement notre chaîne pétrolière. Le Gabon avait des installations, des pipes, sauf qu’on ne pouvait pas exporter, puisqu’on n’avait pas de terminal. Aujourd’hui, on peut faire l’ensemble. Nous en avons la maîtrise. Nous avons cette souveraineté. Le Gabon peut donc désormais, exploiter, transporter, expédier, ou raffiner son pétrole. Nous sommes devenus souverains sur cette partie, et ça n’a pas de prix ».
FBEM/FA/DT
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