Libreville, 1er mars 2023 (AGP)- Abdoulaye Bathily, envoyé spécial de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a récemment lancé devant le Conseil de sécurité, une nouvelle proposition pour sortir de l’impasse en Libye et organiser des élections générales « inclusives et transparentes », cette année. Une nouvelle négativement accueillie par la classe politique lybienne.
Le délégué des Nations unies a estimé que les institutions libyennes dont les mandats sont expirés doivent retrouver une « légitimité ». Il prévoit donc, établir un panel de pilotage de haut niveau pour faciliter l’adoption d’un cadre légal, une feuille de route et un calendrier pour la tenue du scrutin cette année. Une démarche qui fait suite à son évaluation mensuelle sur la situation dans ce pays.
Le comité en charge de ce panel doit également faire avancer un consensus autour de la sécurité des élections et l’adoption d’un « code de conduite des candidats », précise l’envoyé spécial, appelant les membres du Conseil de sécurité de l’ONU à soutenir sa démarche.
Cette initiative n’a pas été bien perçue par de nombreux responsables libyens dont certains redoutent la fin de leur mission. En outre, l’un des plus grands problèmes qui sévit cette nation est la corruption d’une classe politique qui s’accroche au pouvoir, un fait révélé dans plusieurs rapports de l’ONU.
Khaled El-Michri, président du Conseil suprême de l’Etat, une institution au rôle consultatif, qualifie la proposition de l’ONU de « dangereuse » et « constitue une atteinte à la souveraineté nationale » selon lui.
Le parlement quant à lui accuse la mission de l’ONU de partialité, en déclarant : « seul le Parlement possède le droit de légiférer ». Le Parlement a d’ailleurs publié unilatéralement dans le Journal officiel un treizième amendement au cadre juridique pour la tenue des scrutins. Le Conseil suprême de l’Etat avait ajourné à trois reprises sa réunion pour discuter de cet amendement.
Lundi dernier, devant le Conseil de l’ONU, Abdoulaye Bathily a notifié ces divergences entre les deux institutions (le Parlement et le Conseil suprême de l’Etat), reprochant au texte publié au Journal officiel de ne pas préciser de date pour l’organisation des élections. Le mécanisme proposé par l’envoyé spécial de l’ONU permet de contourner le blocage persistant entre les deux institutions. Son initiative est en quelque sorte une troisième voie pour sortir de l’impasse.
L’idée de nommer un nouveau Premier ministre pour organiser les élections à la place de l’actuel premier Ministre, Abdelhamid Dbeibah, divise. Le camp de l’Est refuse des élections organisées sous son égide. D’un autre point de vue, ce dernier est en train de lancer son parti politique afin de se présenter comme candidat à la présidentielle.
En rappel, Washington a organisé jeudi dernier une réunion du groupe de contact pour la Libye, en présence de l’émissaire onusien. Des représentants de l’Égypte, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Qatar, des Émirats et de la Turquie étaient présents. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken avait alors estimé qu’il est important d’organiser le scrutin le plus tôt possible. En 2023, avait indiqué un communiqué du département.
Au regard de ce décor, l’Égypte s’est montrée réticente à cette initiative. Son représentant à l’ONU a estimé que toute proposition doit passer par le Parlement et le Conseil suprême de l’État libyen. Quant à la Russie, elle a mis en garde contre toute précipitation à organiser les élections.
AGM/VEM (Source : RFI)
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