DECLARATION CONTRE LE MASSACRE DES POPULATIONS DU 20 OCTOBRE 2022 EN REPUBLIQUE DU TCHAD
Nous, Responsables du Comité régional et Points focaux de la Coalition des organisations de la société civile pour la paix et la prévention des conflits en Afrique centrale (COPAC), des 11 Etats membres de la CEEAC, notamment :- la République Démocratique du Congo ; la Guinée Equatoriale ; le Congo ; le Gabon, le Cameroun ; le Burundi ; le Rwanda ; l’Angola ; le Tchad, la Centrafrique ; Sao-Tomé et Principes,
En raison de la situation politique et sécuritaire en République Tchadienne suite au massacre le jeudi 20 octobre 2022 par les forces de défense et de sécurité de plus de 50 manifestants et 500 blessés selon les sources gouvernementales, présentons à l’ensemble du peuple tchadien nos condoléances les plus attristées et déclarons :
Considérant la situation qui prévaut en République Tchadienne depuis le 19 avril 2021 à la suite de la prise de pouvoir par le Général Mahamat Déby Itno proclamé Chef de l’Etat et Chef des Armés et qui avait promis organiser des élections libres, transparentes et démocratiques dans les dix-huit (18) prochains mois;
Considérant la résolution des Assises Nationales reconduisant la transition sur une période de deux (2) ans et fortement contestée par les Organisations de la Société Civile qui ont appelés les autorités au respect de la démocratie et de l’Etat de droit, à ne pas confisquer le pouvoir ni à faire de passage en force ;
S’appuyant sur le Protocole d’accord de coopération signé en 2008 dans le domaine de la paix et de la sécurité entre l’Union Africaine et les Communautés économiques régionales, notamment la CEEAC, à travers lequel les parties reconnaissent les Organisations de la Société civile (OSC) comme actrices dans le domaine de la paix et de la sécurité ;
Considérant que la Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Paix et la Prévention des Conflits en Afrique Centrale, agit dans le cadre de la collaboration avec le Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique Centrale (MARAC) ;
La COPAC condamne ferment le massacre des civils lors des manifestations pacifiques du jeudi 20 octobre 2022 réclamant le respect de la légalité constitutionnelle, le respect de droits de l’homme, de l’état de droit, de la démocratie et le respect des engagements pris devant le peuple et la communauté internationale en avril 2021.
Elle recommande une transition démocratique par le respect de la Constitution du pays ;
Elle exhorte les parties prenantes dans la gestion de la crise en République Tchadienne (la CEEAC-Union Africaine-Nations Unies, le Gouvernement, les partis de l’opposition et les groupes armés) à ce qui suit :
1° A la Communauté Internationale (CEEAC, Union Africaine et Nations Unies) :
– Faire valoir les valeurs démocratiques et condamner tout régime qui se ne serait pas issu des urnes ;
– Exercer une pression sur le Comité de transition en place pour arrêter de violer la constitution et organiser un dialogue politique inclusif afin de garantir une transition pacifique ;
– Faire respecter la charte de l’Union africaine et la CEEAC relative à l’accès au pouvoir par la voie d’élections libres, démocratiques et transparentes ;
– Déployer la Force Multinationale d’Afrique centrale (FOMAC) pour prévenir, dissuader et stopper tout autre massacre des populations civiles.
2° Au Gouvernement tchadien :
– Favoriser les conditions légales, égalitaires et transparentes dans le respect de la Constitution du pays ;
– Se garder de toute action qui envenimerait davantage la situation et conduirait à de nouveaux affrontements armés et/ou coup de force ;
3° A l’Opposition :
– Apaiser les tensions politiques et promouvoir le dialogue ;
– Favoriser le débat démocratique et constructif pour une sortie de crise.
4° Aux groupes armés :
– Déposer immédiatement les armes en vue d’un cessez- le feu sur l’ensemble du territoire;
– Rechercher par le dialogue constructif une solution durable à la sortie de crise ;
5° A la Société Civile tchadienne et d’Afrique Centrale :
– Rester vigilent, apporter l’appui nécessaire à nos frères et sœurs tchadiens à l’effet de prévenir tout conflit et œuvrer à la consolidation de la paix ;
– Dénoncer tous les cas de violences et violations des droits humains ;
– Collecter toutes les informations tendant à alerter sur tout agissement de nature à perturber la paix dans le pays.
Fait à Libreville, le 22 octobre 2022
Président du Comité de pilotage, Robert MABALA KASONGO KULUKI
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