LIBREVILLE, 20 septembre 2022 (AGP)- Le juge de la Cour criminelle spéciale de Libreville a prononcé la mise en liberté provisoire du président du parti d’Opposition Les démocrates (LD), ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba-Ndama, interpellé samedi dernier à Kabala (sud-est) à la frontière Gabon-Congo avec trois valises pleines de francs CFA.
« Le juge a fait application des dispositions communes de la Constitution et du Code de procédure pénal, qui font de la liberté le principe. En réalité, la mise en détention préventive n’intervient que lorsque certaines conditions légales prévues par le Code de procédure pénales sont remplies. En l’occurrence, rien ne justifiait qu’il soit placé en détention préventive eu égard simplement au statut social de mon client, qui est président d’un parti politique reconnu, qui a exercé de hautes fonctions. Rien ne justifiait qu’il soit détenu car il faut lui reconnaître la présomption d’innocence », a déclaré à l’Agence gabonaise de presse, Me Anges Kevin Nzigou, l’avocat du prévenu, au sortir de l’audience de la Cour criminelle spéciale de Libreville.
L’âge du président de Les Démocrates (LD), 76 ans, a certainement aussi plaidé en sa faveur, à en croire son avocat, qui invoque aussi la nécessité de préparer sa défense sur une question très sensible. Guy Nzouba-Ndama est poursuivi pour « association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux et entente avec une puissance étrangère ».
« Nous abordons une question sensible, donc il est très bien que le juge ait décidé de sa liberté, dans la mesure où nous pouvons aborder ce dossier dans la sérénité. Monsieur Nzouba étant libre, il pourra valablement organiser sa défense et nous pourrons apporter la réplique qu’il faudra à l’éclosion de la vérité dans cette affaire », s’est satisfait l’avocat.
L’Opposant avait traversé la frontière samedi dans la matinée pour se rendre au Congo via Kabala, à l’est de Franceville, non loin de Léconi. Il avait fait le sens inverse dans la soirée, avec trois valises suspectes attirant l’attention des gendarmes. Son arrestation, avec des centaines de millions de francs CFA, et sa détention provisoire avaient enflammé la toile sur la légalité de circuler avec autant d’argent non déclaré.
Mardi, en journée, membres de son parti ont réagi en dénonçant un procès politique, et menaçant l’usage de la force, en cas d’incarcération de leur président. « Les Démocrates, qui se réservent le droit de réagir vigoureusement à travers diverses actions contre toute éventuelle condamnation, réclament la mise en liberté immédiate et sans condition du président Guy Nzouba-Ndama », a déclaré le président honoraire du parti, le Dr Séraphin Akuré-Davin.
Guy Nzouba Ndama a aussi reçu le soutien de plusieurs leaders de l’opposition qui craignent un procès politique. Ancien apparatchik du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), l’ancien président de l’Assemblée nationale avait quitté la majorité en 2016 pour créer son parti dans l’opposition en 2017. Ancien soutien de Jean Ping en 2016, Guy Nzouba-Ndama est un potentiel candidat à la prochaine élection présidentielle, prévue en août 2023.
LPM/VEM/FE-AGP
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