LIBREVILLE, 11 septembre (AGP)-Dans un entretien accordé à la rédaction de l’Agence gabonaise de presse (AGP) ce week-end, Jonathan Ndoutoume Ngome, spécialiste gabonais des questions géopolitiques et géostratégiques, analyse la situation du Commonwealth et des pays africains, membres de cette organisation, après la mort de la Reine Elisabeth II qui en était la patronne. Il revient par ailleurs sur les rapports qu’entretenait la Reine avec le continent africain.
AGP : Au lendemain de la mort de la reine d’Angleterre, Élisabeth II monarque de 15 nations et cheffe du Commonwealth, qu’est ce qui pourrait changer pour les pays africains membres de cette organisation, dont le Gabon ?
Dr Jonathan Ndoutoume Ngome : la mort de la reine Elizabeth II est un tournant politique historique de ce début du 21ème siècle, non seulement en Grande Bretagne, mais également dans les relations internationales, notamment au niveau des organisations dont l’Angleterre est membre. C’est le cas du Commonwealth. Ce qui pourrait changer au sein de cette organisation dépendra de la vision géopolitique internationale de Charles III, le nouveau roi et de la nouvelle Première ministre, chef du gouvernement britannique, Lyz Truss qui détermineront la politique extérieure de la Grande Bretagne. Pour ce qui est des pays africains membres du Commonwealth, comme le Gabon, avec la montée au trône du Principe Charles, devenu Charles III, on devrait assister à plus d’engagement sur le plan de la protection de l’environnement et au respect des plans climats. On connaît la sensibilité écologique du nouveau roi Charles III. Pour ce qui est des relations purement politiques et économiques, la Grande Bretagne qui est sortie de l’Union Européenne pourrait renforcer ses relations avec ses anciennes colonies et d’autres pays membres du Commonwealth.
Que peut-on retenir des relations entre la reine Elisabeth II et l’Afrique ?
Les relations entre la reine Elizabeth II et l’Afrique n’ont jamais dépassé le seuil de l’espérance pour les anciennes colonies britanniques de notre continent. Ce sont des relations qui sont restées mi-figue, mi-raisin. En un mot, la reine aura accordé très peu d’importance à l’Afrique selon une certaine opinion, à en juger par la rareté des visites dans le continent noir. Sa tiédeur vis-à-vis de la politique d’apartheid en Afrique du Sud a beaucoup terni son image et ses relations avec Robert Mugabe ont été par moment très tendues. On espère qu’avec Charles III et Lyz Truss, les relations entre la Grande Bretagne et les pays africains seront refondées.
Quels sont selon vous les défis de son successeur au trône ?
Les défis de Charles III au trône sont nombreux. Sur le plan interne, il devra chercher à améliorer l’image de la couronne britannique et celle de la famille des Windsor, pour taire les velléités d’une certaine opinion anglaise qui ne veut plus de la royauté. Dans le même sens, le nouveau roi devrait, avec le nouveau chef du Gouvernement britannique, déployer des efforts dans le sens de maintenir l’unité du royaume britannique pour éviter son éclatement. Sur le plan international, la sortie de l’Union Européenne et la guerre russo-ukrainienne devraient obliger la Grande Bretagne, au regard de sa localisation insulaire, au renforcement de ses relations avec chacun des pays européens et à plus d’engagement avec les pays membres du Commonwealth.
Propos recueillis par VEM
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