Ancien cadre de Total Marketing Gabon, Gervais Ango est un gabonais résidant à Dakar au Sénégal depuis 2015. Il est le fondateur et gérant de la Société de Production et Commerce du Sénégal (SPCS), spécialisée dans l’Agriculture et l’élevage de poulet de chair. Vivant aujourd’hui exclusivement des revenus provenant de son exploitation, il évoque dans cette interview accordée à notre rédaction, les défis qui l’attendent.
Gabon Matin : vous êtes le fondateur et gérant de la SPCS. Comment avez-vous débuté cette activité ?
Gervais Ango : Il s’agit d’une passion qui m’habite depuis mon enfance, suscitée par le caractère paisible des activités agro-pastorales de mes arrières grands-parents. Avec le temps, le désir d’entreprendre dans l’agriculture et l’élevage a persisté pour finalement l’emporter malgré le confort que procure un emploi stable bien rémunéré. Après mon départ volontaire de Total Marketing Gabon, en 2015, j’ai fondé la Société de Production et Commerce du Sénégal (SPCS) basée à Dakar, dont le principal site de production se situe à l’entrée de la région voisine de Thiès (Ouest du pays). Cette dernière est spécialisée dans l’agriculture et l’élevage, la production et la transformation de tous produits, l’achat, la vente, l’import-export, etc. Nous avons débuté par la production du poulet de chair du fait de son cycle court, d’une demande abondante et croissante au cœur même des deux régions (Dakar et Thiès) qui concentrent plus de la moitié de la population du pays. Actuellement, nous disposons d’une capacité de production de 20.000 à 25.000 poulets par lot conduits en 45 jours maximum.
Pourquoi avoir choisi de mettre sur pied une telle exploitation au Sénégal plutôt qu’au Gabon, votre pays d’origine ? Et comment procédez- vous pour écouler vos produits sur le marché, étant donné la concurrence ?
Le choix du Sénégal par rapport au Gabon, a été motivé à l’époque par l’existence d’avantages plutôt concurrentiels ou compétitifs que comparatifs. Suite à la grippe aviaire de 2005, le Sénégal a pris la décision d’interdire les importations de poulets de chair et de matériel agricole usager (…) En très peu de temps, les opérateurs privés sénégalais se sont distingués par leur capacité à occuper les divers maillons de cette chaine de valeur libérée. Pour ce qui est de la commercialisation de nos poulets, nous avons au départ noué un contrat de partenariat de ferme intégré avec la sénégalaise de distribution de matériel avicole(SEDIMA), qui dispose de l’abattoir capable d’absorber toute notre production. Notre unité apportait à ce partenaire une capacité de production supplémentaire non négligeable pour approvisionner son abattoir d’une cadence de traitement extensible à 6000 poulets par heure. Progressivement, nous avons commencé à tisser nos propres liens commerciaux grâce à nos démarches et contacts avec certains clients intermédiaires non producteurs et consommateurs institutionnels.
En débutant votre activité d’élevage, quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées ?
Les principales difficultés ont été de deux ordres. D’abord en ce qui concerne la réalisation des investissements, nous avons subi un délai de mise à disposition du crédit particulièrement long de trois (3) ans, après la notification de l’accord de financement. Puis, le démarrage de l’exploitation à proprement dit n’a pas été facile. Le groupe SEDIMA, pourtant leader dans la sous-région, avec qui nous avions un contrat de partenariat de ferme intégrée s’est avéré sournoisement hostile dans ses pratiques commerciales.
Avez-vous l’ambition d’étendre vos activités au Gabon ?
Nous avons acquis un savoir-faire reproductible au Gabon. L’apprentissage par la pratique est ici la première et sans doute la meilleure leçon que nous tirons de cette expérience dans la mesure où le Gabon ne dispose pas d’exemples à suivre en matière de structuration d’un écosystème productif de poulets de chair de cette échelle. Nous pensons prendre une part active en tant qu’acteur dans la filière nationale à construire (…) nos analyses des forces, faiblesses, menaces et opportunités, faites au Sénégal nous permettront de penser et d’augurer une filière à grande échelle, économiquement plus intelligente.
Propos recueillis par DT/AGP-Libreville
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