Le verdict est tombé mercredi 6 avril 2022. L’ancien président burkinabè Blaise Compaoré écope de la prison à vie pour l’assassinat de Thomas Sankara et douze de ses compagnons lors du coup d’Etat de 1987. Sa veuve, Mariame Sankara, s’est réjouie de ce que la justice a finalement été rendue. De nombreuses autres voix ont, tout en saluant le verdict, appelé à l’ouverture d’un autre procès consacré cette fois aux complicités internationales qui ont contribué à la mort du révolutionnaire.
Blaise Compaoré vient d’être condamné par contumace à la prison à vie par le tribunal militaire de Ouagadougou. L’ancien président du Burkina Faso, qui vit en exil à Abidjan en côte d’Ivoire depuis 2014, est reconnu coupable d’avoir participé à l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987.
L’information s’est répandue comme une traînée de poudre et a inondé les réseaux sociaux, tout en provoquant diverses réactions. Plusieurs voix se sont laissées entendre pour saluer cette décision historique. Parmi elles, celle de la veuve de l’icône panafricaine Mariam Sankara, qui s’est réjouie de voir la justice être finalement rendue, 34 ans après le meurtre de son époux.
« Le juge a donné son verdict selon la loi et tout le monde apprécie », a déclaré Mariam Sankara aux médias. Non sans rappeler l’importance de l’aboutissement de ce procès. « Notre but, c’était que les violences politiques qu’il y a au Burkina finissent. Ce verdict va donner à réfléchir à beaucoup de personnes » a-t-elle poursuivi.
« Cette décision, qui intervient après un quart de siècle de procédures multiples est la bienvenue pour nous. Elle est en même temps une leçon, et les Africains devraient s’en inspirer et faire en sorte que de telles tragédies ne se reproduisent plus dans nos pays », a ajouté Bénéwindé Sankara, avocat des parties civiles.
Comme autre réaction, celle de l’activiste et femme politique suisso-camerounaise, Nathalie Yamb. Si elle a salué cette décision du tribunal militaire, celle qui se fait appeler « la Dame de Sotchi » a en outre préconisé la tenue d’un procès consacré cette fois-ci aux complicités internationales. Réagissant dans un court message sur sa page Facebook, Nathalie Yamb affirmait par ailleurs que la condamnation à la prison à perpétuité de Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando est la victoire d’un combat et non de la guerre.
« Le verdict du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 camarades tués le 15 octobre 1987 est tombé : reconnus coupables d’attentat à la sûreté de l’Etat, de complicité d’assassinat et d’assassinat, Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando ont été condamnés à la prison à vie. Enfin, la justice ! Il reste maintenant à faire le procès des complicités internationales » a-t-elle déclaré.
En effet, le tribunal a également prononcé des peines de prison à vie à l’encontre de Hyacinthe Kafando, un officier soupçonné d’avoir dirigé le commando, et du général Gilbert Diendere, un commandant de l’armée au moment de l’assassinat, qui a coïncidé avec le coup d’État qui a porté Compaoré au pouvoir. Leurs avocats ont quinze jours pour faire appel de cette décision. Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés.
Ouvert en octobre dernier, ce procès historique avait été perturbé par le coup d’Etat militaire du 24 janvier qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré.
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