Depuis la fin du congrès qui a porté Paulette Missambo à la tête de l’Union nationale (UN) en novembre 2021, ce parti d’opposition apparaît aujourd’hui fragilisé à Oyem, la capitale provinciale du Woleu-Ntem (Nord).
Les années de grâce de l’Union nationale à Oyem sont-elles désormais derrière ce parti d’opposition qui avait pignon sur rue depuis sa création en 2009 ? Bien malin celui qui pourrait répondre à cette interrogation.
Cependant, au regard des signes des temps, certains observateurs se risquent à répondre par l’affirmative.
Frappée d’une interdiction gouvernementale de ses activités en 2011, il aura fallu quatre années plus tard, en 2015 pour que l’Union nationale recouvre la plénitude de sa personnalité juridique. A la grande joie de ses nombreux militants, d’autant que la disparition de ce parti qui nourrissait l’ambition de contester, au sens de la démocratie, l’hégémonie politique au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), avait laissé un vide sur l’échiquier politique gabonais.
Sous la houlette de son ancien président, Zacharie Myboto, l’Un sera au nombre des partis politiques qui soutiendront Jean Ping à l’élection présidentielle de 2016, avant de reprendre sa liberté une fois l’élection terminée.
Puis interviendra le congrès électif du mois de novembre 2021 qui portera Paulette Missambo à la tête de ce parti. Un congrès qui, de l’avis de responsables de ce parti, «(…) nous a laissé un goût amer». Aujourd’hui, certains s’accordent à admettre que le ver était déjà dans le fruit bien avant ces assises.
Ce sera finalement à Oyem que sera lâchée la bombe des «Deux grandes tendances» à l’UN, par Paul Marie Gondjout, trois mois à peine après l’élection de Mme Missambo à la présidence de l’UN.
Il sera recadré quelques semaines plus tard par le secrétaire exécutif adjoint de son parti, Sosthène Nguéma-Nguéma qui affirmera qu’« il n’y a pas de tendances à l’Union nationale (…)», lors d’une mission politique à Oyem également.
Sans succès, car M. Gondjout profitera d’un séjour dans la province du Moyen-Ogooué (Centre) pour réaffirmer l’existence de «deux grandes tendances».
Les faits, et c’est une lapalissade, semblent manifestement lui donner raison à Oyem, car le département du Woleu vit ces deux derniers mois de cette réalité.
En effet de nombreux témoignages et conversations glanés ça et là, il apparaît clairement une ligne de fracture entre, d’une part ceux qu’on peut appeler la vieille garde de l’Union nationale, en réalité des transfuges du Rassemblement national des bûcherons (RNB), puis du Rassemblement pour le Gabon (RPG) qui ont régné en maître sur le plan politique, dans la commune pendant quinze longue années et d’autre part les jeunes loups, sous la conduite de Jean Christophe Owono Nguema, le premier responsable provincial de l’Un.
«Vous savez, en politique les adversaires qui sont les plus à craindre ne sont pas toujours ceux d’en face, mais ceux qui appartiennent au même bord politique que vous. J’en sais quelque chose pour avoir été moi-même victime de ces machinations par le passé», nous confie, sous anonymat, ce cadre politique proche de l’un des courants en question.
Sans présager de l’issue de cette guerre larvée, du moins pour l’instant, dont l’enjeu reste les investitures des candidats aux prochaines élections législatives et locales de l’année prochaine.
Présentement toutefois, c’est bien l’éventualité d’une fragilisation à Oyem, de ce parti politique qui alimente les conversations. A moins qu’à l’approche des futurs scrutins et le rapport des forces aidant, les deux parties trouvent un modus-vivendi.
Ernest Mvie Mendame/AGP
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