L’ambassadeur de France à Bamako, Joël Meyer, a été sommé hier lundi de quitter le Mali dans un délai de 72 heures. Suite à cette annonce, de nombreuses réactions se succèdent. Si au Mali et en Afrique, on salue cette décision, en France, le Quai d’Orsay a pris note en rappelant son diplomate, tandis que la classe politique française de l’opposition critique Emmanuel Macron et le gouvernement malien.
Les réactions se succèdent au Mali, en Afrique et en France depuis que le Mali a ordonné à l’ambassadeur Français de quitter le pays. Selon DW.com, les maliens de Mopti, dans le Centre du pays, expliquent les tensions entre le Mali et la France par l’inefficacité de la lutte antiterroriste. Ces populations rencontrées par nos confrères se montrent largement favorables à cette décision des autorités de la transition.
« Je pense que c’est dû à l’échec même des forces françaises. Parce que les militaires français sont là depuis de nombreuses années et il y a zéro résultat, si je peux m’exprimer ainsi. Toute chose qui a poussé les autorités de la transition à solliciter l’appui d’un autre Etat pour défendre son territoire et recouvrer son intégrité territoriale. C’est ce qui nous a conduit à cette tension parce que l’Etat français dit partout que l’Etat malien a engagé des mercenaires, alors qu’on est en train de traiter avec un Etat et non avec un groupe » a indiqué Madiassa.
Mahi, un autre citoyen de Mopti, soutient aussi que « depuis 2013, les forces françaises sont là, mais il n’y a pas de changement. Tous les jours, poursuit-il, « il y a des attaques, tous les jours, on attaque nos forces armées, tous les jours on entend qu’il y a eu des morts. Mais aujourd’hui avec l’arrivée de nos partenaires, les Russes, on ne peut pas dire que ce sont des mercenaires, mais nos formateurs sont venus, et on a pu récupérer si je ne m’abuse, la majorité de notre territoire ».
Par ailleurs, la militante panafricaniste, Nathalie Yamb, a salué cette décision malienne et a exprimé sa reconnaissance au président malien de la transition. « Le gouvernement malien réplique aux propos outranciers de Jean-Yves le Drian : l’ambassadeur de France au Mali déclaré persona non grata. Il a 72 heures pour quitter le pays. Bravo et merci d’avoir posé cet acte nécessaire. Nous sommes fiers de vous », a écrit la militante suisso-camerounaise sur twitter.
Côté français, les réactions continuent de pleuvoir. Plus tôt dans la journée, le Quai d’Orsay a indiqué « prendre note de la demande du gouvernement malien et a décidé de rappeler son ambassadeur« . Les parties de l’opposition ont vivement critiqué le président français ainsi que le gouvernement malien.
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national a vivement réagi sur Twitter. « Alors que nos soldats se sacrifient depuis 10 ans pour sauver le Sahel des islamistes, les militaires maliens incapables de protéger leur propre pays osent chasser notre ambassadeur« , a écrit la candidate à la présidence de la République. Elle a également promis « de faire respecter la France et notre armée », une fois élue, sans préciser de quelle manière elle allait le faire.
Eric Zemmour, un autre candidat de l’extrême droite à la présidentielle, a invité sur son compte Twitter « la France à repenser toute sa politique africaine« .
Par ailleurs, Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président de Debout la France (Extrême droite) a aussi vivement réagi sur Twitter. « La France ne peut pas être le paillasson du Mali : 53 militaires français ont donné leur vie au Sahel et le gouvernement malien ose expulser notre ambassadeur !« , a-t-il indiqué, avant de proposer trois mesures : « la suppression de tout visa pour de nouvelles entrées de Maliens sur le sol français ». Ensuite, il a exigé « l’expulsion manu militari des Maliens clandestins résidant en France« , et enfin il souhaite « la révision de notre dispositif militaire au Mali« .
A gauche, le président de la France Insoumise, également candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a demandé au gouvernement français de « revenir au réel« . « Avant que les sacrifices et nos morts au Mali n’aient été rendus vains, avant que la déchirure soit complète, il est temps pour la France de revenir au réel et de vider l’abcès avec le pouvoir malien actuel (…). L’Assemblée nationale doit être saisie pour décider d’un plan d’actions« .
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