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Décès de l’ex président malien : IBK, ou le parcours d’un leader politique

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L’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, décédé ce dimanche 16 janvier à son domicile de Bamako à l’âge de 76 ans, a été élu à la tête du pays en 2013, avant d’être renversé le 18 août 2020 par un putsch perpétré par des militaires. De son ascension à la tête du Mali jusqu’à sa chute, retour sur le parcours d’un leader politique dont la présidence a été marquée par la tourmente que connaissait son pays.

Souvent nommé par ses initiales IBK, l’ancien chef d’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta, évincé en 2020 par l’armée après sept années mouvementées au pouvoir, est décédé dimanche à l’âge de 76 ans. Le 1er septembre 2020, l’ex dirigeant malien s’envole aux Émirats arabes unis pour y suivre des soins, à la suite, selon ses médecins, d’un court accident vasculaire cérébral (AVC) pour lequel il a été hospitalisé dans une clinique de Bamako.

Né en 1945 à Koutiala, située dans la région de Sikasso, dans le sud-est du Mali, près de la frontière avec le Burkina, Ibrahim Boubacar Keïta était issu d’une famille nombreuse qu’il présentait comme descendante de la dynastie Keïta.Il a débuté sa scolarité dans cette région natale avant de s’envoler pour Paris en 1958 lorsqu’il remporta le concours général organisé par les Français dans chacune de leurs colonies. Les établissements les plus prestigieux de Paris lui ont alors ouvert leurs portes. Janson-de-Sailly pour le lycée, puis retour au lycée Askia-Mohamed-de-Bamako, comme l’a souhaité sa mère. Après son baccalauréat, il s’inscrit à la faculté des lettres de l’université de Dakar, puis à la Sorbonne, à Paris, où il effectue une maîtrise d’histoire.

Également diplômé en relations internationales, il est, après ses études, chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Durant ses études à Paris, il a été responsable de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France (AESMF), qui était une des sections de la Fédération des étudiants africains de France (FEANF). Il y rencontra notamment Alpha Condé, l’ancien président de la Guinée, lui aussi déchu, Mahamadou Issoufou et Laurent Gbagbo, qui ont également présidé aux destinées de leurs pays, le Niger et la Côte d’Ivoire.

L’engagement militant d’IBK contre le régime militaire alors en place à Bamako lui vaudra par ailleurs une suspension de sa bourse d’études octroyée par l’État malien. Mais rien n’arrêta la motivation du jeune étudiant qui aimait se décrire comme socialiste.Sa rencontre avec l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré remonte à l’année 1992. C’est alors qu’IBK découvrit la politique, et devient par la même occasion le protégé de l’ex-dirigeant Oumar Konaré, qui en a fait tour à tour, son conseiller diplomatique, son porte-parole, son ministre des Affaires étrangères et enfin son Premier ministre entre 1994 et 2000 sans discontinuer.

« Alpha Oumar Konaré a été l’instigateur de la carrière d’IBK. Il fut son compagnon de but, il lui a donné la chance de toucher l’État au plus haut sommet en tant que secrétaire politique. Il lui a presque mis le pied à l’étrier et IBK ne s’est jamais remis de sa séparation avec ce dernier« , explique Tiambel Guimbayara, journaliste et directeur de publication de La Voix du Mali.

En 2001, IBK bascule dans l’opposition et fonde son propre parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), après avoir rompu avec son parti d’origine, l’Adéma (Alliance pour la démocratie au Mali). Avec la fondation de son parti débute également la course à la présidence de son pays. Prétendant malheureux à l’élection présidentielle de 2002, Ibrahim Boubacar Keïta tient sa revanche en accédant au palais de Koulouba, le siège de la présidence malienne à Bamako, en 2013. Puis, En septembre 2018, il est réélu à la tête du Mali. Il prêtera serment à Bamako pour un second mandat à la tête d’un pays toujours en proie aux attaques djihadistes. »Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national« , avait-il alors déclaré.

Le président Keïta a été investi alors que le nord du pays était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.Il était très critiqué pour l’incapacité de l’État à ramener la paix dans un pays dont la majeure partie est privée de services publics ou d’école et où la classe politique est considérée comme largement corrompue.

Son départ marque l’aboutissement d’une crise déclenchée en juin 2020, marquée par des semaines de manifestations populaires initiées par une coalition de chefs religieux, d’hommes politiques et de membres de la société civile. Malgré un accord de paix signé en mai-juin 2015, les violences ont persisté et se sont propagées vers le centre et le sud du pays, ainsi que jusqu’aux pays voisins (Burkina et Niger), entrainant en août 2020, le renversement d’IBK, par un putsch après plusieurs mois de manifestations contre la corruption et l’impuissance de l’État face à l’insécurité.

La junte conduite par le colonel Assimi Goïta, désormais au pouvoir, a annoncé son intention de diriger le pays pendant plusieurs années, alors qu’elle s’était engagée auparavant à organiser le 27 février 2022, des élections présidentielle et législative afin de permettre le retour des civils au pouvoir.

DT

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