« Il y’a encore des actes de racisme qui sont vécus par beaucoup d’étudiants en Tunisie »
Au terme de son mandat à la tête de l’Association des Étudiants et Stagiaires Gabonais en Tunisie (AESGT), Junior Bouassa Ngounga, étudiant en Master 2 de Recherche en Droit et Politique de l’Union Africaine, a déposé son bilan d’activité le week-end écoulé, à la faveur d’une Assemblée générale ordinaire marquant la fin de son mandat. Dans un entretien qu’il nous a accordé lundi, il fait le point sur les axes qui ont constitué sa présidence, décrit la vie des étudiants dans ce pays, où des actes de racisme sont encore vécus par beaucoup d’étudiants en Tunisie.
AGP : Vous êtes arrivé au terme de votre mandat à la tête de l’AESGT. Que peut-on retenir des grands axes qui l’auront marqué?
« Les grands axes de mon mandat à la tête de L’AESGT sont multiples et se sont inscrits dans le slogan du «retour aux sources», afin de redonner à l’étudiant gabonais la place qui lui ai dûe. Pour ce faire, nous avons travaillé à réorganiser le fonctionnement interne de notre association, à renforcer le dialogue et le travail avec les sections régionales, élargir les canaux de communication de l’AESGT à travers la création d’une chaîne YouTube, d’un site web, d’un groupe WhatsApp d’assemblée Générale. Ensuite, nous avons organisé un repas communautaire afin de se réunir et de partager des moments chaleureux. Par ailleurs, les projections des films du réalisateur gabonais Melchy Obiang diffusées sur trois jours à Tunis et un jour à Sfax, ainsi que la célébration de la journée d’indépendance du Gabon le 17 août dernier à Hammamet, sont autant d’éléments qui ont également marqué ce mandat. A ceux-là s’ajoutent la défense de nombreuses affaires judiciaires d’étudiants gabonais arrêtés de façon non commode ».
Quels ont été des difficultés rencontrées, notamment lors du traitement des cas d’arrestations d’étudiants ?
« Les difficultés rencontrées étaient multiples. S’agissant de l’affaire Tonda par exemple, qui a fait un grand bruit tant en Tunisie que dans le monde entier, beaucoup nous ont appelé tant sur le continent africain qu’en Europe, aux États-Unis (…) pour tenter de trouver des solutions. Je remercie par la même occasion toutes ces personnes qui se sont impliquées dans cette affaire, notamment l’Agence Gabonaise de Presse pour le relais des informations vraies. Il y a aussi eu d’autres ressortissants gabonais qui ont été arrêtés pour les mêmes raisons (défaut du titre de séjour) que nous avons aidé à libérer grâce aux efforts conjoints avec le corps diplomatique gabonais en Tunisie. En somme, je peux dire que les conditions d’obtention du titre de séjour sont encore très complexes et le délai pour refaire ladite carte est très éclair. Le financement des activités de notre structure associative, l’implication massive des communautaires et l’interactivité avec certains partenaires sont d’autres points difficiles que nous avons vécus ».
Des étudiants sont de plus en plus malmenés en Tunisie. Une situation qui occasionne la régression du taux d’étudiants dans ce pays. Votre réaction.
« Je pense concrètement que la régression du taux d’étudiants en Tunisie est provoquée par beaucoup de facteurs non négligeables. Premièrement, la question liée au titre de séjour qui est très délicate et qui compromet la régularité de beaucoup, et cela les rend vulnérables aux yeux de la loi. C’est vrai qu’il y’a certains étudiants qui sont laxistes quant au renouvellement de la carte de séjour, mais il n’en demeure pas moins que beaucoup subissent plusieurs conditions qui ne dépendent pas forcément d’eux. Je peux citer pour le cas du Gabon, les étudiants boursiers qui, parfois, ont des réponses favorables d’accord de bourse après le délai fixé pour renouveler le titre de séjour, ce qui leur fait rentrer dans les pénalités. Deuxièmement, la question du racisme joue fortement, car jusqu’à présent, il y’a encore des actes de racisme qui sont vécus par beaucoup d’étudiants et qui influencent leur psychologie et leur bien-être. Pourtant l’Etat tunisien a promulgué une loi contre les actes racistes mais son application est encore à l’antipode de la réalité. Par ailleurs, la question de la cherté du coût de la scolarité et des loyers est aussi à prendre en compte. Oui, nous les étudiants étrangers en Tunisie payons plus cher que les étudiants tunisiens. Par exemple au privé, en Licence, nous payons l’année à 3500€ (environ 2millions 300 cent mille FCFA) et le Tunisien 2500€ (environ 1 million 640 mille FCFA) dans certaines universités privées. Dans les universités publiques par exemple, l’étudiant étranger paie en Licence 1700€ (1 million 115 milles FCFA) l’année et l’étudiant tunisien paie à peine 45€ (environ 29600 FCFA). De quelle intégration parle-t-on en Afrique s’il n’est pas possible de la réaliser entre Etats d’un même continent ? »
Qui pour vous succéder à la tête de AESGT ?
« Le dépôt de notre bilan s’est fait le 18 décembre 2021. Nous avons eu un quitus de bonne gestion et par ailleurs, nous avons élu la Commission Électorale Indépendante qui se chargera de l’organisation des élections du futur Bureau Exécutif le moment venu ».
Votre mot de la fin
« Si j’ai un message à donner aux autorités tunisiennes, c’est de revoir la condition de l’étudiant étranger sur leur territoire. Ils auront tout à gagner. D’inviter les responsables d’Associations qui sont en contact direct avec ces étudiants afin de trouver des solutions optimales aux problèmes qui minent la sphère estudiantine étrangère.
Un message aussi aux autorités gabonaises. Je leur dirai de renforcer l’attention sur leur citoyens qui se trouvent à l’étranger, car nous sommes des valeurs ajoutées dans le processus de développement du pays. Notre présence à l’étranger nous permet d’acquérir des expériences nouvelles qui nous aideront à diversifier les domaines de développement chez nous. Enfin, je demande aussi qu’il y’ait un véritable relais et une communication active entre les nouveaux et anciens étudiants afin de faciliter leur intégration en sol tunisien ».
Commentaires