Les pays africains comptent bien faire de la COP26 une tribune pour contraindre les pays développés à tenir leurs promesses financières au profit des pays en développement pour limiter le réchauffement climatique.
Que peuvent attendre les pays africains de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) ouverte dimanche dernier à Glasgow en Ecosse ? Alors que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont franchi en 2020 un nouveau record, l’attention sera avant tout tournée vers les engagements des grands pays émetteurs.
En effet, le sommet de L’ONU sur le climat est considéré par beaucoup comme celui de la dernière chance. Le gouvernement britannique espère y persuader quelque 200 pays de faire davantage pour réduire leurs émissions de CO2 avec l’espoir de contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C par rapport à l’époque préindustrielle.
Une vingtaine de chefs d’État africains s’est déplacée à Glasgow pour la 26ème conférence des Etats sur le climat (COP26). Ils s’exprimeront, comme tous les autres dirigeants présents, lundi 1er et mardi 2 novembre au cours du sommet de haut niveau en prélude aux négociations. Et ils devraient exprimer les principales revendications de la délégation africaine : en particulier que se concrétise l’aide promise depuis dix ans à l’Afrique pour qu’elle s’adapte au changement climatique.
Les présidents Félix Tshisekedi (RDC), Mohamed Bazoum (Niger), Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Andry Rajoelina (Madagascar), Muhammadu Buhari (Nigeria), Abdel Fattah al-Sissi (Égypte), Nana Akufo-Addo (Ghana), George Weah (Liberia), Uhuru Kenyatta (Kenya)… En tout, une vingtaine de chefs d’État et une trentaine de ministres ont fait le déplacement de Glasgow. Ils auront trois minutes chacun pour porter la voix de l’Afrique. Et pour exprimer d’abord son impatience.
« Ça fait plus de dix ans que nous attendons les 100 milliards de dollars promis » par an pour aider les pays en développement à faire face à l’urgence écologique, déclare à l’AFP Tanguy Gahouma-Bekalé, négociateur africain à ce grand rendez-vous mondial sur le climat.
À la conférence climat de Copenhague en 2009, les pays riches s’étaient engagés à porter d’ici à 2020 à ce montant leur aide annuelle aux pays en développement pour les aider face à l’urgence écologique. L’objectif est manqué et est désormais jugé atteignable en 2023, a affirmé cette semaine le président de la COP, Alok Sharma.
«Le groupe Afrique veut qu’on revienne sur les rails et qu’on trouve une solution pour combler cet écart cette année, pas dans deux ans», martèle son négociateur, estimant que le continent «fait déjà face au changement climatique, mais sans en être responsable».
Pour Tanguy Gahouma-Bekalé, «l’Afrique n’est pas confrontée aux mêmes problèmes » que le reste du monde. «Nous devons aussi assurer la lutte contre la pauvreté, des emplois pour les jeunes et de l’énergie pour tous », détaille-t-il, soulignant que la moitié de la population du continent n’a pas d’électricité.
Cette aide est donc «très importante pour que nous puissions concevoir un développement économique compatible avec les changements climatiques», affirme le négociateur africain d’origine gabonaise. Car il prévient : «L’Afrique ne va pas accepter de limiter son développement économique pour accompagner la lutte contre le changement climatique».
Mais au-delà de demander des comptes, les pays africains espèrent aussi et surtout que l’aide financière, dont les 100 milliards de dollars promis initialement soient réévalués et devienne 10 fois plus élevée.
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