Maladies chroniques : Pour une alliance entre éducation thérapeutique et prise en charge des patients

C’est ce qui ressort de l’entretien que le Dr Isabelle Ekoume, formée dans le domaine, a accordé samedi dernier à la presse à Libreville. Elle a indiqué que l’éducation thérapeutique, action mise en place pour aider le patient à bien vivre avec la maladie, doit aller de pair avec la prise en charge de ce dernier.

Dans son intervention, elle a tenu définir le concept « éducation thérapeutique » pour une meilleure compréhension. Il en ressort qu’il désigne « toutes les actions que l’on va mettre en place pour aider le patient et sa famille à bien vivre avec sa maladie ». Des actions qui, a-t-elle poursuivi, permettront au patient de bien connaître la maladie, de reconnaître les symptômes, de connaître les complications éventuelles et comment les éviter.

Ces actions reposent notamment sur la mise en place d’un kit éducatif par pathologie dont l’objectif est notamment : la compréhension de la maladie et l’acquisition de compétences pour l’autogestion des symptômes, en vue d’aboutir à l’amélioration de la santé et éviter les complications pouvant améliorer la qualité de vie.

Ce kit, sous forme de trousse en format A4 devra comporter une carte sanitaire éducative contenant des informations administratives et des informations médicales pouvant être utiles. Il contient également un QRCode dans lequel se trouvent des informations d’ordre général sur les pathologies chroniques et un dossier de suivi pour chacune d’entre elles.

Outre la carte, le kit devra également contenir une planche au format A4, un questionnaire de connaissance sur la pathologie et un dossier de suivi à compléter avec des professionnels de santé référents.

A cela, s’ajoutent l’accompagnement personnalisé et la sensibilisation lors de la dispensation, les séances d’éducation thérapeutique individuelle sur rendez-vous par le personnel de santé par téléphone ou en présentiel ainsi que la projection des vidéos d’éducation thérapeutique.

Poursuivant son intervention, le Dr Isabelle Ekoume a relevé l’importance d’allier l’éducation thérapeutique à la prise en charge des patients. Elle a dit que l’un ne peut pas aller sans l’autre si l’on permet au patient bien vivre avec sa maladie.

« Si je découvre aujourd’hui qu’un malade souffre par exemple de l’hypertension, je vais prescrire un médicament. Mais je ne peux pas ne pas commencer par l’éduquer. Car, il faut 50% de prescription de médicaments et d’ordonnances et 50% d’éducation thérapeutique. D’où l’importance d’intégrer l’éducation thérapeutique à la prise en charge du malade atteint de maladie chronique« , a-t-elle dit.

Avant de rappeler que l’on parle d’éducation thérapeutique pour les maladies chroniques parce que dans le monde entier en général et au Gabon en particulier, ces pathologies sévissent énormément, et sont d’ailleurs la première cause de mortalité chez les adultes.

Aussi a-t-elle ajouté que les mêmes organisations internationales comme l’OCDE, l’OMS et les sociétés savantes recommandent d’intégrer l’éducation thérapeutique à la prise en charge du patient de façon systématique parce qu’il a été prouvé que l’éducation thérapeutique intégrée à la prise en charge permet au patient de mieux vivre, d’avoir moins de complications, de ne pas être hospitalisé, et d’avoir moins recours aux soins.

S’agissant de l’intégration de l’éducation dans le système de santé gabonais, elle dira que celle-ci ne nécessite pas forcément la mise en place des programmes à l’image du VIH/SIDA ou du paludisme.

« Il n’est pas forcément nécessaire de mettre en place des programmes pour ces maladies, par ce qu’il faut que les gens qui prennent en charge ces maladies intègrent l’éducation thérapeutique dans la prise en charge. Que ce soit dans une infirmerie, dans un centre hospitalier universitaire, ou dans un cabinet médical, quel que soit l’endroit où on prend charge un patient, ou bien où l’on est en contact avec des personnes atteintes d’une maladie chronique, il faut intégrer, l’éducation thérapeutique à la prise en charge« , a-t-il indiqué.

« On n’a pas forcément besoin de programme. Par contre on a besoin que chaque structure médicale intègre l’éducation thérapeutique, la prévention, dans la prise en charge des patients. Mais le pré-requis est que cela ne doit pas se faire n’importe comment. Le mieux est que pour l’appliquer, l’on bénéficie d’une formation qui permette de la dispenser de façon correcte« , a conclu la praticienne.

Rappelons que le Dr Isabelle Ekoume a suivi une formation en éducation thérapeutique en France. Elle est spécialiste en oneumologie, en allergologie, et en trouble du sommeil. Elle a ouvert un cabinet à Libreville, au quartier « Neuf étages », après la structure médicale dénommée Cabinet de groupe.

Stéphane NGUEMA