Le président du Conseil municipal de Libreville, Eugène Mba a officiellement remis sa démission au conseil au cours de la session extraordinaire qui a eu lieu ce jeudi 17 juin, en présence du gouverneur de la province de l’Estuaire, Marie Françoise Dikoumba.
Après moult spéculations sur son fauteuil de commandement, le maire de la commune de Libreville, Eugène Mba a finalement quitté la tête du Conseil municipal de la ville, ce jeudi 17 juin. Une démission publique qui s’est faite en présence du gouverneur de la province de l’Estuaire, Marie Françoise Dikoumba, et de 147 conseillers municipaux.
Rendant officielles les raisons de cette décision jusqu’ici inédite, celui qui a été plébiscité par le même conseil, le 29 décembre dernier, a dit placer sa démarche pour des raisons personnelles. Mais également en considération des aléas de la vie politique, des événements qui ont récemment placé l’hôtel de ville de Libreville sous les rampes des projecteurs.
«Cette décision est motivée par le légitime souci de préserver la sérénité au sein de notre institution et de maintenir la cohésion et la bonne entente au sein de ma famille politique, le Parti démocratique gabonais, pour lequel je reste un militant discipliné et fidèle», a-t-il déclaré.
En phase avec les dispositions de l’article 95 de la Loi organique, relative à la décentralisation, celui qui a présidé aux destinées de l’hôtel de ville de Libreville pendant seulement cinq mois va toutefois continuer à assumer sa charge sur une période maximale de 30 jours, délai au terme duquel se tiendra l’élection du nouvel édile de Libreville. Un arrêté du gouvernorat constatera cette démission, et précisera le champ de compétence de l’intérim du maire sortant.
Reconnaissant aux nombreuses marques de confiances qui lui ont été portées par l’ensemble des conseillers au cours de cette brève période, le successeur de Léandre Nzué n’a pas manqué de remercier ces derniers. Tout en insistant sur sa détermination, son dévouement dans le cadre de sa fonction de conseiller municipal du 2ème arrondissement de Libreville.
À l’origine de la convocation de cette session extraordinaire du conseil, avec pour seul ordre du jour, la notification de la démission du maire de Libreville, Marie Françoise Dikoumba a présenté au conseil, les raisons et le cadre juridique à l’origine de cette invitation.
«En date du 26 mai 2021, le maire de la commune de Libreville m’a notifié sa décision de démissionner de la présidence du Conseil municipal de la dite commune, dont j’ai accusée réception en application des dispositions de l’article 95 de la Loi organique N°001/2014 du 15 juin 2015, relative à la décentralisation. Sauf que l’ayant parcouru, il m’a été donné de relever qu’aucune initiative n’a été prise par le maire de la commune de Libreville, en vue de convoquer le Conseil municipal en session extraordinaire à une date donnée, à une heure précise et un lieu indiqué. Nécessaire pour l’information des conseillers municipaux. Face à cette situation, j’ai saisi le ministre d’Etat à l’Intérieur, non seulement pour lui faire tenir la lettre de démission du maire de la commune de Libreville, mais aussi pour solliciter ses hautes instructions sur la suite à donner à celle-ci», a expliqué le gouverneur de la province de l’Estuaire.
D’où, a-t-elle renchéri, la convocation d’une session extraordinaire du Conseil municipal de Libreville par lettre, le 31 mai dernier. Ce qui a d’ailleurs motivé l’arrêté N00025/MI/PS/Cab du 1er juin 2021.
Bien que sobre, ladite cérémonie s’est cependant achevée par le mécontentement de certains conseillers municipaux de l’opposition présents. Souhaitant en effet voir de par eux-mêmes certains courriers ayant été déposés auprès du gouvernorat, dont la lettre de démission d’Eugène Mba, et la lettre du ministre de l’Intérieur, ces derniers ont condamné ce qu’ils ont appelé «une usurpation du pouvoir».
«C’est la première fois, que dans l’histoire du Conseil municipal de la commune de Libreville, on assiste à une telle mascarade. C’est la première fois qu’on convoque des conseillers municipaux, pour venir écouter la lecture de lettres qui leur sont présentées à distance. Aucun de nous n’est en possession des différentes lettres qui nous ont été présentées par le gouverneur. Et toutes les procédures pour convoquer cette session ont été violées, sans doute savaient-ils pourquoi», a confié le président du groupe RPM-Union National au sein du conseil, Faustin Bilie Bi Essone.
Désiré MENZOUGHE
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