Du 5 au 7 juin dernier, le ministre de l’Energie, Alain Claude Bilié-By-Nzé, a organisé une tournée dite d’inspection dans la province du Woleu-Ntem (Nord). Les populations du département du Haut-Ntem, où les installations énergétiques se posent avec acuité, se disent oubliées de la tournée du membre du gouvernement.
Dépit, déception, amertume, le séjour officiel du membre du gouvernement laisse, assurément un sentiment mitigé auprès des populations du département du Haut-Ntem.
Aussi bien auprès de ceux qui vivent à Oyem, la capitale provinciale, que chez ceux qui sont à Minvoul, ce sentiment est largement partagé.
«Nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi le ministre Bilié-By-Nzé ne s’est pas rendu à Minvoul où nous n’avons ni l’eau ni l’électricité. Je peux le dire, pourtant il a dit qu’il a été missionné par le Premier ministre, est-ce à dire que cette dernière ignore dans quelle situation se trouve Minvoul», s’insurge Gérard M., un communicateur originaire de la contrée, exerçant dans un média privé à Oyem.
Avec des mots différents, ce point de vue est partagé par Guy J.A., censeur dans un établissement scolaire secondaire rencontré à St-Benoît, un quartier de Minvoul, après près d’une semaine de la visite, fortement médiatisée, du membre du gouvernement.
De fait, le département du Haut-Ntem est confronté à un déficit chronique d’eau courante, de courant électrique, au cœur même de la capitale départemental.
Dans cette ville, l’immense majorité des quartiers sont dépourvus d’éclairage public que l’on retrouve dans le seul périmètre qui regroupe les services administratifs (préfecture, gendarmerie, trésor public, hôpital, mairie, hôpital).
Idem pour l’eau courante que les populations sont contraintes d’acheter chez les particuliers qui habitent dans le secteur mentionné ci-dessus.
C’est dans ce contexte que des bidons remplis d’eau sont transportés, sur les motos-taxis à longueur de journée. A Minvoul, point de fontaines d’eau publiques, quand bien même les cours d’eau sont abondants et la pluviométrie élevée.
«Les installations de la SEEG, mises en service dans les années 1970, sont depuis devenues vétustes. Les circuits d’adduction d’eau sont soit bouchés, soit rongés par la rouille», confie au bureau local de l’Agence gabonaise de presse, une source proche de la direction régionale de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), ajoutant, en outre, que celles-ci n’ont pas été prévus pour desservir la population actuelle de la ville, estimée à plus de 5000 habitants, selon les chiffres officiels.
Il en est de même des capacités de production des installations de fourniture d’électricité.
La situation décrite pour Minvoul est identique à celle vécue par les habitants d’Ebomane, à dix kilomètres de la ville et du district de Bolossoville.
En effet, si l’on peut noter quelques fontaines d’eau dans certains villages sur l’axe Minvoul/Bikodom à Bitam, il n’en est rien de l’axe Minvoul/Oyem, long de 100 kilomètres. Tout au long de ce tronçon où l’on retrouve de grands villages (Mebole, Centre-ville, Akok-Essamegnung, Essone-Bekwui, etc.) avec une forte densité humaine, le programme d’hydraulique villageoise dont parle le gouvernement, est inexistant.
«Nous pensions que M. Bilié-By-Nzé viendrait jusqu’ici, tel qu’il l’a fait pour les villages de chez lui, nous sommes très déçus Je ne dirais pas que c’est à cause de la route, celle-ci est désormais carrossable en toute saison depuis le ministre Francis Nkéa l’entretient», déclare cet Adjudant-chef major retraité de la police, rencontré à Akok-Essamegnung, son village, qui a requis l’anonymat.
A n’en point douter, la visite du ministre de l’Energie a laissé un goût amer aux habitants de Minvoul.
Ernest Mvie Mendame
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