Le ministère tchadien de l’intérieur a annoncé dans un communiqué jeudi soir l’arrestation de nombreux responsables politiques ainsi que des activistes qui étaient prêts à perturber la présidentielle de ce dimanche.
Dans un communiqué diffusé jeudi soir et qui fait suite à des alertes de l’opposition indiquant l’arrestation de plusieurs leaders de la contestation, le ministère de la Sécurité publique annonce le démantèlement d’un réseau terroriste. Cinq personnes ont été arrêtées dont quatre dirigeants de partis politiques, et un dirigeant de la société civile. Tous appartiennent à une coalition qui avait appelé la veille au boycott du scrutin de dimanche, et à manifester ces vendredi et samedi.
Selon un responsable de cette coalition, ces dirigeants étaient réunis lorsqu’ils ont été interrompus par l’arrivée de 10 véhicules de la police. Les agents les ont tour à tour interpellés, pour les uns au siège du Parti socialiste, et les autres au bureau du parti Justice et Développement. Toujours selon ce responsable, ces personnes sont toujours en détention rapporte RFI.
Parmi eux, Dinamou Daram, le chef de la formation politique qui a investi l’ancien ministre Yaya Dillo dont le rejet de la candidature a provoqué des tensions, puis un assaut militaire contre sa résidence. Un assaut qui a fait des morts, dont la mère du leader politique actuellement introuvable.
Selon le communiqué du ministère de la Sécurité publique, les personnes arrêtées hier jeudi s’apprêtaient à attaquer la Céni, des bureaux de vote et envisagent même d'assassiner, de manière ciblée, des leaders de l’opposition et faire porter le chapeau au gouvernement.
Mais, selon un acteur politique d’opposition, le gouvernement cherche à justifier l’arbitraire. Ce même leader rappelle que des envoyés des Nations-unies ont été empêchés d'accéder ce jeudi après-midi au siège des Transformateurs où ils avaient rendez-vous avec le leader du parti d'opposition Succès Masra, écarté de l'élection présidentielle en raison de son âge (38 ans). Ce dernier avait convié ses militants pour des consignes visant à empêcher la tenue du scrutin de dimanche prochain. La police s'est alors déployée autour du siège du parti d'opposition.
La classe politique tchadienne a réagi à ces arrestations. Pour le président de l’Alliance socialiste, qui devait participer à cette réunion, ces accusations sont inconcevables. Réaction, également, de l’opposant historique Saleh Kebzabo, qui se dit sceptique. C’est curieux, dit-il, qu’à la veille d’élections, ces leaders politiques soient arrêtés. D’autant plus, ajoute-t-il, que les chefs d’accusation sont très graves. Pas de réaction, en revanche, du gouvernement.
Valérie Ezeme Mbo (Source : RFI)
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