Woleu-Ntem

Oyem : Les patients du Centre hospitalier régional entre désespoir et résilience

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Loin, très loin de la fierté et de l'engouement suscités lors de son ouverture dans les années 2000, le Centre hospitalier régional d'Oyem (CHRO), la capitale provinciale du Woleu-Ntem (Nord), est, au fil des ans, de plus en plus décrié par une population, qui, en désespoir de cause, continue de s'y rendre.

Il est un peu moins de quatorze heures ce jeudi, nous trouvons au service des urgences où nous avons conduit précipitamment notre compagnon pris d'un malaise soudain, à bord du véhicule dans lequel nous avons tous pris place pour une destination commune. 

Nous faisons descendre prudemment l'infortuné du véhicule jusqu'à la porte des urgences, nous toquons à plusieurs reprises, en vain. En dépit de notre insistance, au regard de l'état de notre ami, la porte reste close. A quelques mètres de nous, des gens, sans doute parents et amis de malades, suivent, l'air incrédule, notre manège.

Exaspérés, nous forçons l'entrée : A l'intérieur, deux hommes en blouse blanche, on ne sait trop s'il s'agit d'infirmiers ou de garçons de salle, remplissent ce qui apparaît comme une fiche de relève, sur un comptoir.

Ils nous fixent un instant, puis l'un d'eux demande si nous sommes passés par la caisse. Pas de souci, notre ami, agent public, est un assuré de la Cnamgs (Caisse nationale d'assurance maladie et de garantie sociale). Sans une autre question, il nous indique la salle des infirmiers, elle est .vide!

Peu après, un infirmier fait son entrée, à peine tentons-nous de lui expliquer la situation, qu'il sort déjà de la salle. «Il a quel problème ?», nous lance-t-il, tournant les talons.

Un autre infirmier fait son entrée, nous croyons, à tort, qu'il va s'occuper de nous. «J'ai fini mon temps de travail et vous voulez me retenir ici ?, pas question», nous balance-t-il lui aussi.

L'état de notre ami interroge, voilà plus de trente minutes que nous attendons dans une salle d'accueil vide, du service des urgences. Nous échangeons un regard interrogatif, puis laissant là « notre malade », nous nous lançons à l'aveuglette, à la recherche d'un médecin que nous croisons, fort heureusement, au service de neurologie.

C'est un jeune gabonais, attentif qui nous écoute et nous demande de le conduire auprès du malade. A la vue du médecin, les infirmières accourent, peut-être en raison de son charme, qui sait.

Après quelques questions au malade, le médecin demande une prise de tension immédiate. Au finish, la tension artérielle de notre ami se révèle être à l'origine de son malaise. Elle est de vingt-deux. Le médecin prescrit une ordonnance et après nous avoir rassuré, instruit les infirmières de placer, sans tarder, notre ami sous perfusion et s'en va.

Notre compagnon est placé sur un lit en attendant sa perfusion qu'il recevra finalement trois heures plus tard.

«Vous avez eu beaucoup de chance, j'ai perdu moi-même ma sœur aînée ici il  y a un an, dans une circonstance analogue, faute d'argent, pourtant elle était assurée», nous raconte, la gorge nouée par le chagrin, Orphe N. gabonais la trentaine.

Ainsi va le Centre hospitalier régional d'Oyem dont nous découvrons bien des aspects de sa face cachée à la faveur de la maladie de notre ami malade, qui soit dit en passant, ira se faire placer une seconde perfusion médicamenteuse dans une unité de soins privée. 

Selon des informations concordantes, le personnel paramédical serait en grande partie responsable de la dégradation de la qualité de la prise en charge des patients au Centre hospitalier régional d'Oyem.

Nos sources affirment que les infirmiers exigeraient, sans vergogne, des numéraires aux malades en contrepartie de soins médicaux. Mieux, et cela est désormais de notoriété, les médicaments remis à titre gracieux à l'hôpital, soit par les pouvoirs publics, soit par les hommes politiques et autres associations, sont vendus aux malades qui viennent au CHRO. Outre cet aspect, l'autre problématique auquel est confronté cet établissement hospitalier serait celui de l'obsolescence de son plateau médical et la carence de certains plateaux. Il se pose en outre ici le problème de l'incinération des déchets médicaux. Celui dont dispose l'hôpital fonctionnant de manière intermittente, beaucoup s'interrogent sur la destination que prennent ces déchets, très nocifs pour l'environnement.

Il se susurre ainsi que deux jeunes femmes gabonaises, L.E.A. secrétaire cantonale à Lalala (Mitzic) et N.S originaire d'Obout, un village d'Oyem, en grossesses toutes deux auraient perdues la vie en janvier dernier, faute d'oxygène à la maternité.

Autant d'événements malheureux qui engendrent une perte de confiance dans cette structure hospitalière que beaucoup préfèrent aujourd'hui éviter, dans la mesure du possible, tel que nous le confie cette mère de famille, ayant requis l'anonymat.

«Dieu merci, aujourd'hui, il y a Oyem suffisamment de structures de santé privées et certaines travaillent avec la CNAMGS, dès que j'ai un problème de santé, ou mon époux, c'est là-bas que nous nous rendons, pas à l'hôpital canadien, trop de problèmes là-bas», nous confie-t-elle.

Et sa sœur de renchérir. «Moi, je pense que si l'hôpital canadien est devenu ainsi, c'est à cause des hommes politiques, chacun veut placer son parent directeur, au lieu de nommer un homme compétent et les infirmières qui y travaillent font tout pour y être affectées, sous prétexte qu'elles sont originaires du Woleu-Ntem, c'est bien beau de vouloir travailler chez soit, mais il faut montrer l'exemple. Moi qui vous parle, je suis d'ici, mais je travaille dans une province, je suis venue passer mes congés ici chez moi».

Dans tous les cas et dans l'intérêt des populations du Woleu-Ntem, particulièrement et des populations gabonaises en général, il appartient au gouvernement de mettre de l'ordre dans cette institution afin de redorer son image. Une image qui contraste fortement avec celles des Centres hospitaliers des autres provinces.

Ernest Mvie Mendame
 

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