Politique

Indépendance du Gabon: les grandes dates du processus

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Le 17 août 1960, à minuit, sur les ondes de Radio-Gabon, le président Léon Gabriel Mba Minko avait proclamé l’indépendance du Gabon attendue par tout un peuple resté soumis après plus d’un siècle. Cette accession à la souveraineté internationale avait préalablement été marquée par plusieurs étapes, avant d’y aboutir.

«En invoquant Dieu et à la face des hommes, par la délégation des pouvoirs que je tiens du peuple gabonais et en vertu du droit de ce peuple à disposer de lui-même, je proclame solennellement l’indépendance de la République Gabonaise», avait proclamé, le père de l’indépendance.  

Pourtant l’histoire de ce 17 août commence au lendemain même de la signature du traité entre le dénommé «roi Denis», chef de terre du clan Assiga dont le nom véritable est Antchuwe Kowe Rapontchombo, et le commandant de vaisseau français Bouët-Willaumez, le 9 février 1839. Le « Roi » cède alors à la France des terres pour que celle-ci, via le ministère de la Marine, installe un comptoir. Mais très rapidement, des voix s’élèvent pour dénoncer l’accord signé. C’est dans cette dénonciation et le mécontentement qui s’en suit qu’il nous faut trouver les premiers bégaiements de la longue résistance du peuple Gabonais face à l’occupation étrangère. Un mouvement va donc émerger et s’étendre sur l’ensemble des clans et des régions. 

En 1945, l’avènement de la IVème République consacre la création de l’Union Française qui donne le droit aux colonisés de créer des associations, de s’exprimer et de voter leurs propres représentants. C’est ainsi qu’en 1945 naît le premier Parti politique gabonais dénommé Parti démocrate africain (PDA) qui est l’œuvre d’Emile Issembe qui copte Paul Gondjout à Port-Gentil où ce dernier est surnommé « la main noire » pour ses actions commanditées contre les intérêts français. 

Les gabonais vont alors aux urnes pour élire Aubame à l’Assemblée Nationale en 1946, puis portent, par suffrage indirect, Mathurin Anghiley au Sénat en 1947 tandis que Paul René Sousatte est envoyé à l’Assemblée de l’Union française. Les Gabonais s’accommodent aux joutes électorales. L’Union démocratique et sociale gabonaise (UDSG) de Jean-Hilaire Aubame prend une grande ascension. Léon Mba y milite un temps avant de créer son Comité mixte gabonais (CMG)et de s’unir ensuite à Paul Gondjout pour faire naître le Bloc Démocratique Gabonais (BDG) qui, au fil des ans, va devenir le premier parti du pays par le fait de pratiques pas très démocratiques mais assumées par Gondjout. 

En 1957, le Gabon se dote sa première représentation nationale. C’est l’Assemblée Territoriale qui est majoritairement BDG et qui va voter le premier gouvernement. 

En 1958, un référendum est organisé. Le PUNGA récemment créé par Sousatte et Boucavel, deux anciens lieutenants d’Aubame, dit non à la Communauté française qui met entre parenthèses l’idée de l’indépendance immédiate. Comme le Parti de l’unité nationale gabonaise (PUNGA), le Mouvement gabonais d’action populaire (MGAP), créé par des étudiants anticolonialistes et basé en Europe dit «Non». Pour l’histoire, ce « Non » largement voté dans la Nyanga et l’Ogooué-Ivindo va être considéré comme un véritable affront de Sousatte et Boucavel et des jeunes étudiants qui vont se voir être introduits dans la fameuse liste des «antifrançais». 

Les deux premiers seront matraqués ouvertement. Sousatte est privé de ses droits civiques et mourra dans l’anonymat en 1969, et Boucavel doit fuir le Gabon avant de revenir sous la médiation d’Houphouet Boigny. De même, que plusieurs étudiants vont se voir couper la bourse. Eloi Chambrier, Emile Kassa et Paul Malekou, plus tard en feront les frais.

Malgré le « Non » de quelques 15.000 Gabonais, le « Oui » prôné par le couple UDSG-BDG l’emporte par 92,6%. Le Gabon n’a pas l’indépendance dans l’immédiat comme cela est arrivé en Guinée. 

Le 28 novembre 1958, le Gabon est une République. L’Assemblée Territoriale se mue en Assemblée Législative et légifère dès lors dans tous les domaines situés hors des compétences de la Communauté.

L’année 1960 marque le tournant. La France « octroie » l’indépendance à ses colonies. D’abord du côté de l’AOF. Puis du côté de l’AEF. Même si les soupçons d’une main mise française sur les dirigeants, l’armée et les richesses du pays sont perceptibles, tout le monde se réjouit du pas que va franchir ce pays qui s’est constitué au fil des décennies depuis 1839. 

Le 20 mai 1960, l’Assemblée législative donne mandat au gouvernement dirigé par Léon MBA de négocier l’indépendance. 

Début juillet, toujours dans la même année,  les délégués choisis pour participer aux négociations se rendent peu à peu à Paris. Les discussions entamées s’affinent à partir du 14 juillet. 

Le 15 juillet, tout est prêt. Il faut signer. Ce que chaque partie fait sans se faire prier. Michel Debré pour la France et Léon Mba pour le Gabon. Il ne reste que le cérémonial. 

Le 22 juillet, la délégation est de retour au pays.

Le 16 août 1960, André Malraux, Ministre d’Etat français, arrive à Libreville.  Et  rapidement les événements s’enchaînent. A l’ancien Palais du gouverneur, André Malraux et Léon Mba signent les procès-verbaux fixant les termes de transfert de compétences. 

Malraux déclare : «Que le Gabon le sache bien ! La France demeure à ses côtés. Elle le sait d’ailleurs qu’elle peut compter sur lui comme elle y comptait hier». 
A 23 h, les acteurs se retrouvent au siège de l’Assemblée. Là c’est Paul Gondjout qui ouvre le bal des discours : « En décidant de mettre un terme à la colonisation, (…) la France a une fois de plus prouvé à la face du monde qu’elle demeurait fidèle à sa devise ». 

A Minuit, la concorde résonne et le drapeau gabonais monte. 
Léon Mba prend enfin la parole et déclare « solennellement l’Indépendance de la République Gabonaise ».  Il est à peu près 00h15.

Stéphane NGUEMA 
 

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