LIBREVILLE, 6 novembre 2025 (AGP) – L’Union des agences de presse des États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a organisé, mercredi 5 novembre, un atelier virtuel sur le thème : « Éthique de l’utilisation des technologies de l’intelligence artificielle et impact de leurs hallucinations sur le contenu médiatique», en partenariat avec le Centre international de recherche et d’éthique de l’IA (ICAIRE), a constaté l’Agence gabonaise de presse.
L’événement a réuni plus de 350 journalistes et professionnels des médias issus des agences de presse des pays membres de l’OCI et d’autres institutions médiatiques. Il visait à examiner les enjeux éthiques liés à l’usage croissant de l’intelligence artificielle (IA) et à analyser les effets de ses hallucinations sur la production de l’information.
Le directeur général de l’UNA, M. Mohammed Al-Yami, a mis en garde contre les défis croissants liés à l’intégration de l’IA dans le travail journalistique. Il a insisté sur la nécessité d’aborder ces questions avec rigueur et responsabilité, dans le respect des valeurs professionnelles et des principes déontologiques du métier.
M. Al-Yami a rappelé que, bien que les applications d’IA paraissent automatisées, elles demeurent profondément humaines dans leur conception, qu’il s’agisse de la programmation, de la structuration des données ou du développement des algorithmes. Selon lui, ces processus comportent inévitablement des biais et stéréotypes susceptibles d’altérer la neutralité des contenus générés.
Il a également relevé que la variation des réponses produites par certaines applications d’IA selon les contextes politiques ou culturels illustre la nécessité d’une vigilance accrue face aux biais et à leurs conséquences sur la crédibilité de l’information.
Le directeur général de l’UNA a par ailleurs souligné l’importance de la protection des données et du respect des lois nationales en vigueur dans le secteur médiatique. Il a appelé à distinguer clairement le contenu produit entièrement par des humains, celui élaboré avec une assistance partielle de l’IA, et celui généré intégralement par des systèmes automatisés.
Abordant la question des droits de propriété intellectuelle, M. Al-Yami a averti que certaines applications d’IA enregistrent automatiquement les textes soumis, pouvant les réutiliser d’une manière susceptible de violer ces droits. Il a qualifié cette situation de l’un des défis majeurs auxquels fait face le secteur, mettant en garde contre le risque de diffusion d’informations erronées compromettant la précision et la fiabilité journalistiques.
Pour sa part, le directeur du Centre international de recherche et d’éthique de l’IA (ICAIRE), Dr Abdulrahman Habib, a présenté une analyse approfondie des enjeux éthiques, des défis et des opportunités liés à l’usage de l’intelligence artificielle dans les médias.
Tout en reconnaissant les avantages offerts par l’IA, il a mis en garde contre la dépendance excessive aux algorithmes, génératrice de biais persistants, notamment dans le traitement de sujets sensibles. Parmi les défis majeurs, il a cité la manipulation d’images et de vidéos par deepfake ainsi que la dépendance intellectuelle croissante vis-à-vis de ces outils, au détriment des compétences humaines.
Dr Habib a qualifié le phénomène des hallucinations de l’IA de « complexe », expliquant qu’il conduit parfois les développeurs à tenter de corriger les erreurs de ces systèmes par l’IA elle-même, sans garantie de solution durable. Il a évoqué plusieurs cas d’hallucinations médiatiques, tels que la production d’articles inventés, la diffusion de fausses informations ou la republication de contenus protégés.
Enfin, il a exhorté les journalistes à maîtriser les risques juridiques et éthiques associés à ces technologies et à adopter une approche responsable de leur utilisation, rappelant que la majorité des systèmes d’IA reposent sur des ensembles de données intrinsèquement biaisés.
CBO/FSS/AGP












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