Société & Culture

Gabon/Réseaux sociaux : quand des anciens détenus se muent en influenceurs auprès de la jeunesse

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LIBREVILLE, 11 décembre 2025 (AGP) – Depuis plusieurs mois, un phénomène prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux au Gabon où d’anciens détenus y racontent, parfois en détail, leur expérience en milieu carcéral. Entre volonté de sensibilisation et quête de visibilité, cette nouvelle tendance divise et interroge sur son influence réelle auprès des jeunes, principaux utilisateurs des plateformes numériques.

Sur TikTok ou Facebook plusieurs ex-prisonniers enchaînent les vidéos dans lesquelles ils relatent leur arrivée en cellule, les conditions de détention ou encore la manière dont ils ont survécu à la violence et à la promiscuité. Certains adoptent un ton grave, d’autres choisissent un style plus spectaculaire, parfois proche du divertissement.

Pour une partie du public, ces témoignages constituent une source d’information inédite sur la réalité des prisons gabonaises. « Cela permet d’ouvrir les yeux sur un milieu souvent ignoré. Les jeunes prennent conscience que la délinquance a des conséquences réelles », analyse un sociologue basé à Libreville. Les vidéos les plus pédagogiques adoptent ainsi un ton préventif, visant à décourager les comportements à risque. Certains anciens détenus y décrivent une expérience traumatisante, présentée comme un avertissement pour la jeunesse.

Mais cette tendance ne fait pas que des enthousiastes. En l’absence d’un cadre clair de régulation des réseaux sociaux, plusieurs voix s’inquiètent du message envoyé aux adolescents. « Certains contenus donnent l’impression de glorifier le passage en prison comme une épreuve initiatique. Cela peut banaliser la délinquance et créer des modèles négatifs », s’alarme une éducatrice à Port-Gentil.

En quête d’audience, certaines vidéos misent sur le choc, l’humour ou la provocation, transformant des expériences carcérales douloureuses en spectacle numérique. Une dérive jugée préoccupante par les parents et les associations de protection de la jeunesse.

Au Gabon, où les jeunes représentent la majorité des utilisateurs de smartphones, l’impact de ces contenus est considérable. Beaucoup y voient un moyen de s’identifier à des parcours de vie atypiques, voire rebelles. Certains ex-détenus deviennent de véritables influenceurs, accumulant abonnés, likes et collaborations, renforçant ainsi leur aura auprès d’un public impressionnable.

Ce phénomène soulève une question essentielle. Faut-il encadrer ces témoignages ou laisser libre cours à l’expression personnelle?

Pour les spécialistes, l’enjeu n’est pas la censure, mais l’accompagnement. « Il faut apprendre aux jeunes à analyser ces contenus, à distinguer le témoignage authentique de la mise en scène », préconise un expert en éducation.

JMK/JM/WM/AGP

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