LIBREVILLE, 18 mai 2025 (AGP) – En ce mois de mai endeuillé, le temps semble s’être figé, enveloppé dans un voile de tristesse. Trois étoiles se sont éteintes, emportant avec elles des fragments de lumière qui avaient illuminé des horizons bien au-delà du Cameroun. Koyo Kouoh, Kundé Emmanuel, Werenoi : trois noms désormais gravés dans la mémoire collective, trois destins éclatants brutalement interrompus. Le Cameroun pleure, le monde s’incline.
Koyo Kouoh, architecte visionnaire de récits artistiques décolonisés, laisse derrière elle une œuvre immense. À travers les biennales et les musées qu’elle a façonnés, elle a redéfini les contours de l’art contemporain africain. Telle un phénix, elle a ouvert la voie à de nouveaux imaginaires, offrant à l’Afrique un miroir de fierté et de beauté.
Kundé Emmanuel, Lion indomptable parmi les lions, s’en est allé comme il a vécu : en guerrier. Ses exploits sur les terrains du monde ont incarné la puissance et la dignité d’une nation. Il fut bien plus qu’un footballeur : un symbole vivant d’unité et de fierté camerounaise.
Werenoi, poète des temps modernes, s’est éteint trop tôt. Par ses mots en feu, il a su capter les tourments et les espoirs d’une génération. Sa voix, tantôt rugissante, tantôt murmurante, transperçait les cœurs et peignait les rues, les douleurs, les rêves.
Trois vies, trois arts, une même tragédie : celle de l’adieu.
Mais leur départ n’efface pas leur héritage. Koyo, Kundé, Werenoi : trois figures tutélaires unies par le sang camerounais et par le courage d’avoir franchi les frontières visibles et invisibles. L’une a porté haut la voix de l’Afrique sur les scènes artistiques internationales, l’autre a galvanisé des foules sous le poids du maillot national, le dernier a transfiguré la douleur en hymnes universels.
Leur mort simultanée nous rappelle la fragilité des géants et l’urgence d’écouter les silences, de regarder au-delà des masques — maladies invisibles, cœurs fatigués, combats intimes. Et pourtant, comme les étoiles dont la lumière continue de briller bien après leur disparition, leurs œuvres demeurent. Elles sont graines d’espoir pour celles et ceux qui suivront leurs pas.
«Les étoiles meurent, pas leur lumière », murmure à l’infini la voix de Werenoi. Leurs âmes, désormais libres, dansent entre les mondes, veillant sur un Cameroun à jamais marqué par leur passage.
CBO/FSS/EN/AGP












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