RDC : Plus de 90% de perte d’or extrait dans le trafic illégal

Libreville, 23 mars 2023 (AGP) – Précisément évalué à plus d’un milliard de dollars par an, les déficits, qui résultent du trafic illégal des minerais dans l’Est de la République Démocratique du Congo, constituent un manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Un taux de 90% d’or produit en RDC qui circulerait en fraude par les pays voisins, au premier rang desquels le Rwanda et l’Ouganda, selon le Trésor américain.

Une carence que le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi, a jaugée, dans une interview au Financial Times, à un milliard de dollars par an. Et pour lui, le Rwanda voisin serait le grand adjudicataire de ce trafic. «C’est difficile de savoir quelle quantité traverse par les voies illégales, explique Jacques Mukena, spécialiste gouvernance et économie à l’Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. Ce sont juste des estimations sur la base des exportations du Rwanda et de l’Ouganda. En fait, en RDC, il n’y a pas de raffinerie d’or, mais il y a une raffinerie d’or au Rwanda et en Ouganda. C’est sur la base de l’exportation de ces raffineries qu’on peut savoir plus ou moins la quantité que ces deux pays exportent. Cela ne correspond pas à leur production locale. Ça donne des indicateurs. » C’est un réel manque à gagner pour la RDC, atteste-t-il.

Pour contourner ces exportations illégales d’or, le gouvernement congolais a passé un partenariat avec les Emirats Arabes Unis. Et, enfin créé Primera Gold DRC, une coentreprise dont l’objectif est d’intercepter formellement le métal précieux extrait dans le Sud-Kivu. Pour le ministre, «Primera Gold achète de l’or directement des mineurs artisanaux basés en RDC et l’exporte dans les Émirats. Pour rendre donc plus formel et aussi ne plus passer, ne plus dépendre, du Rwanda et de l’Ouganda, souligne Jacques Mukena. Et Primera Gold justement va formaliser ça. »

Une synergie qui avait permis l’exportation de plus de 450 kg d’or artisanal depuis son lancement en janvier contre 34 kg officiellement l’année passée.

Une implication totalement rejetée par le président rwandais Paul KAGAME dans sa dernière conférence, au début du mois de mars. «Ce ne sont que des histoires inutiles pour détourner les gens du vrai problème», avait-il affirmé, disculpant notamment que son pays disposait de ses propres ressources en or et en coltan.

Tandis qu’en Ouganda, Alain Goetz, la tête de la raffinerie d’or, sur la liste des sanctions de l’Union européenne à la fin de l’année. Ce dernier avait été incriminé de tirer profit du conflit armé dans l’est de la RDC, pour s’accaparer des mines d’or du pays.

LNL/FSS (source RFI)