Après l’annonce du décès, le jeudi 03 juin dernier à Libreville à l’âge de 67 ans, de Jean Yves Messan, un des célèbres musiciens-producteurs gabonais, notre rédaction s’est rapprochée de quelques artistes et hommes de culture gabonais pour recueillir les réactions de ceux qui le savaient malade dans le milieu artistique.
En voici quelques-unes :
Maurille Placide Essanga Delwami (Animateur-Producteur Radio-Gabon)
«Jean Yves Messan est, et restera le parrain de plusieurs artistes qui font aujourd’hui la Une des magazines spécialisés. Nombre d’entre eux lui doivent non seulement le coup de pouce initial, mais également la relance ou la poursuite de leur carrière musicale couronnée de succès. Ceci, parce que selon ce (dont ce je sais de lui) que je sais de lui : Un jour, alors qu’il achevait une tournée démarrée en France, tournée qui l’avait conduite jusqu’au Cameroun, à côté, il s’est dit, «Je fais un tour au pays». Le constat amer qu’il fit de l’état de la musique gabonaise, avec tout ce que ça compte comme talents, dans les années 1980, est à tel point qu’il ne put se permettre par amour pour la musique, et son pays, de repartir en France où pourtant, les plus grands noms de la musique mondiale l’y attendaient pour une carrière des plus flamboyantes. C’est ainsi qu’il a sacrifié sa propre carrière pour la réussite de la jeunesse gabonaise».
Marcel Djabioh (Propriétaire du Studio MD)
«Jean Yves Messan est un homme qui malgré l’immensité de son talent avait choisi d’évoluer dans l’ombre au service de son art et de ceux s’y sont engagés. Avant de rencontrer Jean Yves Messan, j’ai eu d’abord à le connaitre à travers ses œuvres musicales, parmi lesquelles le tube à succès «Eyouga Zalougou» sorti vers la fin des années 1970. A cette époque il vivait en France où il comptait parmi les meilleurs bassistes africains. Puis lorsqu’il participe à la réalisation du disque ayant sanctionné le concours de musique intitulé «Qui sera la révélation de l’année 1981 ?», organisé par la Radio Télévision Gabonaise.
Notre rencontre physique a lieu l’année suivante, quand il décide de revenir s’installer au Gabon où il ouvre une discothèque non loin du carrefour de l’Avenue de Cointet (…) nous avons fait mieux que collaborer, en entretenant des bons rapports d’échanges réciproques d’expériences, de matériel et de personnels. Sur ce dernier volet de nos échanges, deux des jeunes techniciens de son écurie ont été formés par mes soins et un arrangeur de la place (Joël Ze), qui lui prêtait mains fortes en tant que de besoins étaient les éléments du staff du Home studio MD».
Diane Amédée Dhemez (Artiste-Chanteur)
«Jean Yves Messan ! Peut-on évoquer ce nom sans l’associer à la musique gabonaise ? Je dis non ! Peut-on parler de cet homme sans y voir à l’arrière le studio Mandarine ? Ce n’est pas possible. Je ne suis pas de celles-là qui trouvent soudainement des qualités à une personne lorsqu’elle nous a quittés pour toujours. Je ne m’inscris pas dans la logique d’attrister mon âme lorsqu’une icone nous a précédées dans l’au-delà en ayant pris soin de graver son nom au panthéon des immortels de la culture, et singulièrement de la musique gabonaise. Un homme qui avait du plaisir à partager qu’à recevoir. Je n’ai que ces mots pour toi le ‘’vieux’’. Merci pour ton humilité, profonde gratitude et reconnaissance éternelle pour ta simplicité et la confiance placée aux artistes».
Propos recueillis par Jean Ossié Otounga
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